PAR LARA GROSS

Après la liaison rapide entre Bulle et Romont, voici la liaison Bulle-Châtel-Saint-Denis-Palézieux. Baptisée «RER Sud», elle prévoit, à long terme, une cadence à la demi-heure entre ces trois localités. Ce changement est possible grâce, notamment, au déplacement de la gare de Châtel-Saint-Denis, actuellement en cul-de-sac. Une première étape sera déjà mise en place pour le nouvel horaire, en décembre 2012. Le projet, présenté hier, est en consultation jusqu’au 9 mars auprès des communes, des préfectures et des écoles concernées. Les transports scolaires ne sont en effet pas oubliés.
En maintenant l’infrastructure et le matériel roulant actuels, les TPF pourront, dès le 9 décembre prochain, mettre en place un train accéléré entre Bulle, Châtel-Saint-Denis et Palézieux. Les connexions avec la ligne lente vers Montbovon, Gruyères et Broc-fabrique seront aussi adaptées, améliorant ainsi la desserte touristique. «Diverses variantes ont été étudiées pour répondre à la demande du Conseil d’Etat à moyen terme, a rappelé Martin Tinguely, chef du Service de la mobilité. Mais le nouvel horaire 2013 nous impose une réflexion et une mise en place anticipée.»

Correspondances assurées
Sans cette mise en place anticipée, les temps de parcours auraient été nettement péjorés. Un trajet de Châtel-St-Denis vers Fribourg aurait pris jusqu’à 1 h 46, via Palézieux. «Nous devions réagir pour éviter que les dégradations ne soient trop importantes, a indiqué Vincent Ducrot, directeur des TPF. Cette première étape du RER Sud s’adapte au nouvel horaire 2013. Dans un avenir plus lointain, il permettra de faire circuler des trains directs, sans arrêts, entre ces trois localités.» Une projection des horaires a été transmise aux autorités. «Nous innovons en permettant aux acteurs concernés de se positionner sur ce projet», souligne Vincent Ducrot, qui rappelle que les usagers, eux, ne sont pas consultés, mais sont invités à se prononcer sur les horaires sur le site www.projet-horaire.ch, du 29 mai au 15 juin.

Déplacées ou supprimées
Pour améliorer les temps de parcours et assurer les correspondances, certaines haltes seront supprimées. Seront abandonnées: Planchy, les Colombettes, les Ponts, Le Crêt, Prayoud, Au Moulin, Tatroz et Granges. «Les arrêts sur la ligne Bulle-Palézieux sont éloignés en moyenne de 1,5 km, a rapporté Martin Tinguely. En comparaison, on parle de 3,6 km sur la ligne Fribourg-Yverdon.»
De plus, les TPF ont observé qu’en 2010, les arrêts de Bulle, Châtel et Palézieux ont totalisé 70% de la demande des usagers. «Sur les 1500 voyageurs quotidiens, on dénombre quatre montées/descentes par jour aux Colombettes, six pour Granges», note Vincent Ducrot.
Les gares devront subir des changements importants pour répondre à la Loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand). Les gares de Bossonnens, mais aussi de La Verrerie et de Vaulruz devront tout simplement être déplacées. «Nous profitons de la fin de vie du réseau pour l’adapter, note Vincent Ducrot. Ces investissements devaient se faire de toute façon.» La facture sera de 80 à 100 millions de francs pour les infrastructures et de 40 mio pour le matériel. «Mais ceci dans un délai courant jusqu’à 2023», rappelle le directeur des TPF. Car si la première étape se calque sur le nouvel horaire, la suite des mises à jour peut attendre le délai fixé par la LHand, soit 2023. «Le déplacement de la gare de Châtel, à l’horizon 2015-2020, sera une étape importante», ajoute Martin Tinguely.

«Nous ne lâcherons pas»
Le préfet de la Gruyère, Patrice Borcard, et le lieutenant de préfet de la Veveyse, André Eberhard, ont salué «la petite révolution qui se met en place pour la mobilité dans le Sud fribourgeois». En Glâne, si le RER Sud séduit, c’est surtout parce qu’il montre que le maintien de plusieurs arrêts est possible. «Si c’est faisable en Veveyse, alors c’est faisable ailleurs dans le canton, estime le préfet glânois, Willy Schorderet. La région Glâne-Veveyse et l’Association régionale la Gruyère préparent une lettre commune allant dans ce sens. Nous souhaitons un train omnibus s’arrêtant à Vuisternens et Sâles. Nous ne lâcherons pas la pression.» Vincent Ducrot rappelle, pour sa part, que «la problématique est différente et que la réintroduction de trains régionaux est une décision politique.»