Les nouvelles vies de l’usine Cardinal

| sam, 09. juin. 2012
Alors que l’usine Cardinal est définitivement passée en mains publiques, Pro Fribourg publie le témoignage des ouvriers.

PAR DOMINIQUE MEYLAN



Le dernier numéro de la revue Pro Fribourg s’intitule Je suis à Cardinal.... Etrange si l’on considère que l’usine a fermé définitivement ses portes il y a un an et que son démantèlement s’est achevé fin mai, suivi mercredi de la remise symbolique des clés à la ville de Fribourg et au canton. Mais, c’est bien le présent et la vie qui débordent des témoignages d’anciens travailleurs de Cardinal.
«L’objectif était de donner la parole à ceux qui ne la reçoivent jamais», explique Monique Durussel, rédactrice et responsable de la publication. Pro Fribourg a largement collaboré pour ce numéro. Elle s’est appuyée sur le projet de la comédienne Isabelle-Loyse Gremaud, qui a lancé l’idée de recueillir une trentaine de témoignages d’ouvriers pour en faire une pièce de théâtre. La revue est illustrée de photographies de Christophe Maradan. L’association Histoires d’ici, qui a pour vocation de mettre en valeur le patrimoine narratif fribourgeois, fait également partie intégrante du projet.


La fin d’une époque
Cette publication témoigne d’abord de l’importance de l’usine Cardinal pour Fribourg et pour ses ouvriers. Ce qui peut sembler évident, étonne chaque personne qui s’y frotte. «C’est impressionnant, témoigne Monique Durussel. C’est leur vie qui s’est arrêtée avec Cardinal.» Pour François Ménétrey, président d’Histoires d’ici, il s’agit tout bonnement d’un mythe. «Le Saint-Esprit de la bière plane sur cette histoire.»
Seule une partie de la trentaine de témoignages recueillis est publiée dans la revue. Alors même qu’elle travaille depuis des mois sur ces textes, Isabelle-Loyse Gremaud se dit toujours touchée. «Il y a cet employé des services techniques qui parle avec tellement d’amour. C’était ses pompes, ses compresseurs. Les gens étaient vraiment fiers de faire ce travail. Ils avaient l’impression que sans eux, la bière n’aurait pas fini dans une bouteille.»
Le spectacle inspiré de ces témoignages commence mardi et sera joué chaque soir jus-qu’au 30 juin, à l’exception des dimanches et des lundis. On pourra y admirer quatre grands tirages des photographies de Christophe Maradan. La Bibliothèque cantonale et universitaire consacrera également une exposition à ces témoignages visuels, à l’automne 2013.


Des bâtons dans les roues
C’est de sa propre initiative que le photographe a commencé à immortaliser le site. A sa première visite, il trouve les lieux intéressants et beaux. «Il y a une ambiance particulière», raconte Christophe Maradan. Les images témoignent de la fascination de l’artiste pour ces locaux en train de se vider. Le photographe n’a pu accéder à l’usine qu’en de rares occasions. Comme avec Isabelle-Loyse Gremaud, Feldschlösschen s’est montrée avare en permissions, préférant effacer discrètement les traces de sa présence.
Au-delà des témoignages, ce numéro de Pro Fribourg est une mine d’informations sur l’histoire de l’usine. De l’installation de Cardinal à la gare à sa fermeture en passant par le patrimoine immobilier abandonné en plein cœur de Fribourg, plusieurs articles détaillent ces différents aspects.
Jean-Luc Rime, président de Pro Fribourg, a profité de la présentation de la revue hier, pour militer pour la préservation du site. «Nous aimerions que Cardinal ressemble toujours à une vieille usine. Pour garder cela en mémoire, il faut conserver la patine, l’usure des lieux.» L’incertitude demeure toutefois sur le traitement qui attend les bâtiments. Pro Fribourg appelle à la conservation de la cheminée, de la maison du gardien ou encore de la tour de Cardinal, autant d’emblèmes visuels de la présence de la brasserie à Fribourg.

 

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Ville et canton propriétaires


C’est en toute discrétion que Thomas Metzger, CEO de Feldschlösschen, a remis les clés de la brasserie Cardinal à des représentants du Conseil d’Etat et au syndic de la ville de Fribourg, mercredi. Le démantèlement des installations techniques s’est déroulé plus vite que prévu et s’est achevé fin mai. Avec un mois d’avance, les droits de propriété ont été transférés à la ville et au canton le 1er juin.
«Nous sommes heureux de constater que le site de Cardinal connaîtra une nouvelle affectation orientée vers l’avenir», estime Thomas Metzger, cité dans un communiqué du canton. Le projet de parc technologique et d’innovation zéro carbone blueFACTORY peut maintenant aller de l’avant. L’Etat et la ville vont lancer une étude sur l’impact urbanistique et les impératifs en matière de mobilité. Un calendrier ambitieux pour l’utilisation du site sera établi ces prochains mois, annonce le Conseil d’Etat.


Tradition de la bière maintenue
Quant aux collaborateurs de Cardinal, 35 d’entre eux ont conservé leur emploi chez Feldschlösschen. Onze ont même pu être replacés à Givisiez.
«Fribourg sera encore un site important à l’avenir pour l’entreprise Feldschlösschen», affirme le communiqué. Quelque 70 collaborateurs de la société continuent à travailler dans la région. Le centre logistique de Givisiez occupe 50 personnes au total. Feldschlösschen y a installé un nouveau raccordement ferroviaire en décembre dernier, afin de se développer. A Villars-sur-Glâne, 22 employés sont actifs dans la vente et l’administration.
Ils étaient encore 75 à travailler dans la brasserie Cardinal au moment de l’annonce de la fermeture. Un plan social avantageux avait été négocié, permettant notamment un grand nombre de retraites anticipées. L’Etat et la ville avaient racheté les bâtiments pour 21,5 millions de francs. Le contrat de vente avait été signé le 18 avril 2011, après six mois de négociations. DM
 

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