Le phénomène Marta débarque à Châtel

| jeu, 12. jui. 2012
Châtel-Saint-Denis accueille samedi quatre équipes nationales féminines. Parmi elles: le Brésil et son numéro dix Marta. Les spectateurs auront l’occasion de voir à l’œuvre l’une des meilleures joueuses du monde.

PAR VALENTIN CASTELLA

Il y a eu Pelé dans les années soixante, puis le Pelé blanc avec Zico vingt ans plus tard. Depuis 2005, le Brésil peut compter sur la «Pelé en jupon», une joueuse qui semble évoluer sur une autre planète. Il s’agit de Marta Vieira da Silva, plus communément appelée Marta. Celle qui a été nommée cinq fois meilleure joueuse FIFA entre 2006 et 2010 fera une halte samedi à Châtel-Saint-Denis. Actuellement en stage de préparation pour les jeux Olympiques de Londres à Crans-Montana, la formation sud-américaine rencontrera la Colombie à 19 h.
Sans aucun doute, le spectacle sera au rendez-vous. Car Marta est un phénomène. Agée de 26 ans, la native de Dois Riachos a inscrit la bagatelle de 80 buts en 72 sélections. De quoi faire pâlir de jalousie ses idoles que sont Ronaldinho et Rivaldo.


La Suède pour commencer
Son succès, la Brésilienne l’a construit loin de son pays. Après avoir effectué ses débuts dans le club de Vasco de Gama, c’est en Suède que sa renommée est devenue mondiale. Avec le club d’Umea, elle a remporté la Ligue des champions en 2004. Une centaine de buts et cinq ans plus tard, elle a rejoint les Etats-Unis. L’attrait d’un nouveau défi et un salaire annuel de 500000 dollars (un record) l’ont convaincue de tenter Los Angeles. Elle a ensuite rejoint le FC Gold Pride en 2010, avant d’évoluer à New York en 2011. Aujourd’hui, la Brésilienne joue en Suède dans le club du Tyresö FF.
Partout où le numéro 10 est passé, elle a connu le succès: «Marta? C’est la classe, explique la Vaudoise Noémie Beney (27 ans), ancienne joueuse professionnelle en Allemagne. Dans le maniement de la balle, elle figure un cran au-dessus. Elle possède la technique et la vitesse d’exécution des garçons.»
Membre du cadre A de l’équipe nationale, la gardienne bulloise Gaëlle Thalmann complète: «Sa rapidité et sa puissance font d’elle une joueuse hors du commun.» Décisive sur le terrain, elle est également très importante dans les vestiaires, comme le confirme l’entraîneur brésilien Jorge Barcellos: «On peut remercier Dieu de pouvoir compter sur une telle joueuse, sourit-il. Nous connaissons son importance et nous faisons tout pour qu’elle se sente à l’aise dans l’équipe.»
Meilleure marqueuse de tous les championnats auxquels elle a participé, l’attaquante n’a pourtant pas encore connu la consécration en équipe nationale. Elle a bien remporté les jeux Panaméricains en 2007. Mais elle reste sur un échec en finale de la Coupe du monde 2007 et sur deux revers en finale des jeux Olympiques, à Athènes (2004) et Pékin (2008).
En cas de succès à Londres, Marta aura l’occasion d’asseoir davantage sa popularité. Elle-même le dit en déclarant sur le site du CIO à propos du football féminin: «Le niveau ne cesse de s’améliorer. De plus en plus de personnes s’en rendent compte à chaque Coupe du monde ou durant les Jeux. Sinon, nous ne faisons pas le poids en termes de retransmissions télévisées.»
Par sa rapidité, sa puissance et sa technique, Marta impressionne. Un clic sur internet suffit à comprendre l’ampleur de son talent. Une classe qui lui a permis de mettre en exergue le football féminin: «C’est réjouissant de pouvoir compter sur des filles qui sont devenues des stars. Le football féminin fait parler de lui et les jeunes peuvent s’identifier à de telles joueuses», reprend Gaëlle Thalmann, qui va évoluer, la saison prochaine, en première division italienne sous les couleurs de l’Asd Torres.


Plus Ronaldo que Messi
Ambassadrice de bonne volonté du Programme des Nations Unies pour le développement, elle lutte également contre la pauvreté qu’elle a connue lors de son enfance dans les quartiers de Dois Riachos. Mais la Brésilienne n’est pas aussi irréprochable que cela. «Elle est une star et elle le sait très bien, sourit Noémie Beney, qui a défendu les couleurs de l’équipe nationale à 47 reprises. Plus jeune, elle a eu quelques problèmes de comportement. Maintenant, elle semble avoir mûri. Mais elle rechigne toujours à accomplir son travail défensif. Ce n’est pas le meilleur exemple à suivre au niveau collectif.»
Une attitude qui dérange aussi Gaëlle Thalmann: «C’est une superbe joueuse. Mais elle est parfois agressive et auteure de gestes revanchards. Si je devais la comparer à un footballeur, je dirais qu’elle ressemble davantage à Ronaldo qu’à Messi.»
On l’a compris, les spectateurs présents samedi à Châtel-Saint-Denis auront l’occasion de voir à l’œuvre une star, dans tous les sens du terme. Un phénomène qui n’a qu’une seule envie: se voir paré d’or à Londres.

 

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«On espère 1500 spectateurs samedi»
Le club de Châtel-Saint-Denis souhaite promouvoir le foot féminin avec les deux rencontres internationales organisées samedi.

PAR KARINE ALLEMANN


Accueillir les stars du foot est presque une habitude, maintenant, pour le FC Châtel-Saint-Denis. Après la médiatique équipe de France lors de l’Euro 2008, puis la confidentialité du Paraguay avant la Coupe du monde 2010, le stade du Lussy verra s’affronter quatre équipes nationales féminines en pleine préparation des jeux Olympiques: le Brésil, qui compte dans ses rangs la meilleure joueuse du monde Marta (lire ci-contre), la Colombie, le Canada et la Nouvelle-Zélande.
Comment le club châtelois a-t-il été contacté? «Par les responsables de la société Matchworld, basée à Pully, qui organisent des camps d’entraînement et des matches amicaux en Suisse, explique le président Raymond Bezençon. C’est déjà avec eux que nous avions eu contact pour la France et le Paraguay. En avril dernier, ils nous ont proposé d’accueillir des rencontres de la Matchworld women Cup, qu’ils ont créée en 2011.»
Ce tournoi international réunissant les quatre équipes mentionnées plus haut se déroule en effet samedi au Lussy et mardi prochain à Savièse. «A chaque fois, les Vaudois mettent sur pied le tournoi avec des équipes qui s’entraînent en Suisse avant une grande compétition, reprend Raymond Bezençon. Après la Coupe du monde féminine, l’année dernière, cette fois il s’agit de préparer les Jeux.»
Le Brésil, la Colombie, le Canada et la Nouvelle-Zélande sont actuellement en stage entre Anzère et Crans-Montana. Les organisateurs châtelois n’auront donc qu’à accueillir les deux rencontres. «Nous espérons que cela servira de promotion au foot féminin, en plein essor. Et puis, cela coïncide avec le dixième anniversaire de la création de notre équipe féminine.»
Pour l’événement, le club a dû réunir un budget d’environ 20000 francs. «Il est quasiment couvert grâce aux ballons de match et aux panneaux publicitaires. Des sociétés nous ont aussi acheté des billets VIP pour leurs clients et d’autres ont fourni des contre-prestations. Le stade a accueilli 3000 personnes pour l’équipe de France. On a donc de la marge pour samedi. S’il fait beau, nous espérons environ 1500 personnes. Le prix des billets très bas (10 francs) et la gratuité pour les enfants de moins de 16 ans devraient attirer bon nombre d’intéressés.»
Le club compte-il sur des retombées financières? «Le bénéfice des buvettes sera partagé avec les organisateurs. Mais, dans le pire des scénarios concernant la météo, l’opération sera de toute façon blanche, pas déficitaire.»
Au niveau des infrastructures, seule une petite tribune de 300 places assises a été montée, ainsi que quelques barrières pour canaliser l’entrée des joueuses sur le terrain. «Nous avons aussi dû prévoir de quoi installer quatre caméras en hauteur et quatre autres autour du terrain, précise le Châtelois. Plusieurs chaînes comme ESPN, FOX ou Eurosport auraient acheté les droits de retransmission. Cela ferait, selon un article paru dans Le Matin, 280 millions de téléspectateurs potentiels.» La pelouse du Lussy a logiquement fait peau neuve ces jours pour accueillir ces dames.
Hier soir, le Brésil a souhaité disputer un match amical en toute confidentialité. Le club châtelois en a profité pour entraîner ses juniors F à entrer sur le terrain avec les joueuses et les juniors D à porter le drapeau des équipes pour les hymnes nationaux. Samedi, 70 bénévoles seront sur place.


Le Brésil et son cuisinier
Au fait, les équipes ont-elles des demandes particulières? «Non. Elles arriveront en car, se changeront dans les vestiaires de la nouvelle halle triple à côté du stade et repartiront après les matches. Seule l’équipe du Brésil a demandé à manger sur place, dans la salle de gym. Son cuisinier officiel est donc en contact avec un traiteur de Châtel pour le menu.»
Si l’expérience est belle samedi, et tout porte à croire qu’elle le sera, Raymond Bezençon verrait bien le stade du Lussy et le FC Châtel poursuive leur rôle d’hôte pour invités de marque. «Dans les discussions avec Matchworld, j’ai dit que j’espérais que la collaboration se poursuivra que nous pourrons accueillir de tels matches tous les deux ans. Et ainsi pérenniser le tournoi chez nous. Mais cela ne dépendra pas que de nous.»
Et puis, si voir un tel niveau de foot pratiqué par des femmes pouvait susciter quelques vocations auprès des jeunes filles de la région, le président n’en serait que plus heureux.

Programme
Stade du Lussy, à Châtel-Saint-Denis
Nouvelle-Zélande - Canada, sa 16 h
Colombie - Brésil, sa 19 h

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