Des solutions drastiques pour gérer les nuits châteloises

| mar, 18. sep. 2012
Le tapage nocturne et les incivilités se sont réduits cet été à Châtel-Saint-Denis. La Grand-rue reste une zone particulièrement surveillée. Riverains, gérants, autorités et police se coordonnent. Etat des lieux.

PAR VICTORIEN KISSLING


«C’est un travail de tous les instants.» L’expression, Michel Chevalley ne l’usurpe pas. Le préfet de la Veveyse a bel et bien «pris le taureau par les cornes» – de l’avis d’un riverain – pour résoudre le problème de la Grand-Rue, à Châtel-Saint-Denis.
Tapage nocturne jusqu’à 4 h, déprédations, incivilités, salissures, l’artère centrale de la ville se transformait fréquemment en no man’s land après le passage des fêtards dans les quatre bars de la rue. En 2011, un collectif de riverains s’est d’ailleurs créé pour dire stop. «Et cette année, on note une amélioration», relève David Blanc, porte-parole du collectif et président du Groupement des commerçants, industriels et artisans de Châtel-St-Denis.
«Une très légère amélioration, car ce n’est pas encore le nirvana, nuance cependant le préfet. Les nuisances sonores et les déprédations ont certes diminué, mais les samedis et dimanches matins gardent encore des traces et il y a toujours des attroupements importants la nuit, même s’ils ne posent pas forcément problème.»
S’empressant d’ajouter qu’il est normal que les jeunes s’amusent – «après tout, on est au XXIe siècle» – Michel Chevalley insiste sur la notion de respect. «Heureusement, les tenanciers des établissements publics ont désormais compris qu’il était dans leur intérêt que tout se passe bien.» Il relève ainsi la bonne coopération des patrons des bars concernés.


Vidéosurveillance
Le respect, c’est aussi ce que les riverains souhaiteraient voir rédiger noir sur blanc dans une charte, à la manière de Bulle. «Il faudrait profiter de cette accalmie pour poser des bases concrètes et assurer que la situation s’améliore à long terme», lance David Blanc évoquant une «charte de bon voisinage».
«Les scénarios à la bulloise sont très bien, mais ne conviennent pas forcément pour Châtel, car les partenaires sont moins nombreux», note le préfet. Mais la commune évoque tout de même des solutions drastiques.
«Nous allons installer, l’année prochaine normalement, des caméras de surveillance aux endroits sensibles de la ville», indique Thierry Bavaud, conseiller communal de Châtel-St-Denis en charge de la police.
Pour l’instant, les autorités misent sur d’autres mesures, plus simples: interdiction de sortir avec des boissons dans la rue, rappel constant des bases légales par des affichettes, limitation du nombre de soirées spéciales, baisse du volume sonore au fur et à mesure de la soirée, fermeture des portes et des fenêtres ou encore présence d’agents de sécurité proactifs.
A cela s’ajoute une présence policière, en patrouille mobile ou pédestre par la police de proximité. «Nous effectuons des contrôles aléatoires ou en fonction d’une analyse de la situation, pour garantir une couverture du terrain selon les besoins. Nous passons plusieurs fois par jour et par soir, semaine et week-end. Châtel, agglomération en fort développement, regroupe des lieux qui nécessitent une attention particulière», assure Donatella Del Vecchio, porte-parole de la police cantonale.


Appel à la dénonciation
Le préfet – tout comme la police qui rappelle l’importance de composer sans hésiter le numéro d’urgence 117 – encourage aussi la population à dénoncer les trouble-fêtes. «Donner ensuite des peines exemplaires permet de serrer les boulons», constate Michel Chevalley. Cette année, deux interdictions de périmètre ont d’ailleurs été prononcées par la préfecture.
De son côté, la police, sans entrer dans les détails statistiques, ne note aucune infraction majeure. «Chaque patrouille peut procéder à des interpellations et des identifications. Cela peut déboucher sur des dénonciations», assure Donatella Del Vecchio, qui cite notamment dommages à la propriété, lésions corporelles légères, injures et infractions au patrimoine.
Quant à la commune, le seul événement qu’elle note concerne la saleté. «Nous avons dû envoyer la facture du nettoyage à un bar un week-end où la rue a été particulièrement maculée de détritus et autres souillures», relate Thierry Bavaud. Si tous les acteurs concernés s’accordent donc à dire que l’été s’est relativement bien déroulé, la Grande-Rue châteloise n’en demeure pas moins une zone sous surveillance.

 

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Les tenanciers coopèrent
Quatre bars s’espacent le long de la Grand-Rue, à Châtel-Saint-Denis. Le plus proche du centre, le Cheval Blanc, a changé de propriétaire au mois d’août. «Et c’est une bonne chose, car c’était l’un des pires», relève David Blanc, porte-parole des riverains. «Le nouveau patron fait un travail sérieux et discipliné», confirme le préfet Michel Chevalley. Concrètement, le bar affiche par exemple un rappel des règles – légales ou tacites – pour entretenir un bon voisinage.
Idem pour le Diesel Bar, établi presque en face. «Nos clients ont compris l’intérêt de se tenir à carreau pour éviter les ennuis. Après, si on doit fermer par leur faute, ils n’auront plus d’endroit où aller», remarque le patron Gilles Scherly.


Agents de sécurité
Une clientèle compréhensive, c’est également ce que constate le Seven, bar situé en haut de la rue. «Les gens savent que s’ils dérapent, on devra fermer plus tôt. Or, le fait de pouvoir ouvrir jusqu’à 3 h fait justement partie de nos arguments», relève André Coelho, le patron du Seven, en indiquant que de nombreux clients viennent de la Riviera vaudoise où les établissements ferment plus tôt.
Quant aux nuisances sonores, il en est bien conscient. «C’est clair qu’il y a un problème de bruit dans les rues depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics en 2010. Dès l’installation de notre nouvelle terrasse le mois prochain, qui sera située derrière le bar, on obligera les clients à s’y rendre pour fumer. Ça déchargera la Grand-Rue, même si d’autres riverains seront forcément gênés», concède André Coelho.
Le Seven est aussi le seul bar à avoir engagé un agent de sécurité. «Il vient de 23 h à 3 h les vendredis et samedis soirs et se poste à l’entrée, non seulement pour vérifier l’âge minimum des jeunes, mais aussi pour discuter avec les clients qui se trouvent dehors, quitte à faire un peu de discipline», note André Coelho.
Cet engagement, salué par le préfet, n’est toutefois pas suffisant aux yeux du patron du Seven. «Nous sommes en discussion avec la commune pour qu’elle engage deux agents de sécurité pour faire des patrouilles de garde dans toute la rue. Nous pourrions nous partager les frais et tout le monde y gagnerait», estime André Coelho, qui attend une réponse de la commune.
Le dernier bar, le Quick, est pour sa part fermé à la suite d’une décision de justice. La patronne n’a pas obtenu le renouvellement de sa patente. «Cette fermeture, le changement au Cheval Blanc et la coopération du Seven et du Diesel justifient pour beaucoup l’accalmie dans la Grand-Rue», conclut le préfet. VK

 

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D’autres lieux névralgiques
Si la Grand-Rue de Châtel-Saint-Denis incarne les diverses nuisances par sa concentration de lieux de fête, les autorités pointent du doigt d’autres endroits névralgiques, notamment la place de la Gare ou la cour de l’école. Mais c’est la place de jeux de Fruence qui semble le plus donner du fil à retordre. A l’écart du centre, l’endroit attire les jeunes qui y trouvent davantage de tranquillité pour s’adonner à des activités illicites. «C’est d’ailleurs l’un des espaces où l’on envisagerait en priorité l’installation de caméras de surveillance», confie le syndic de Châtel-Saint-Denis François Genoud. VK
 

 

 

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