Ladurée fait le job, mais sans convaincre tout le monde

| jeu, 27. sep. 2012
Ladurée tient-elle ses promesses? Oui, mais… L’entreprise travaille avec des producteurs de la région, mais d’autres, eux, ne cachent pas leur déception. Les salaires sont jugés bas par Unia qui réclame une CCT.

PAR CHARLY VEUTHEY


L’arrivée de Ladurée en Gruyère a suscité l’enthousiasme. Le fabricant de macarons de réputation mondiale a fait naître beaucoup d’attentes: des mandats pour les entreprises locales, des postes de travail et des débouchés pour la production agricole.
La fabrication des fameux biscuits a démarré au début de l’année et tout semble se passer comme l’avait annoncé l’entreprise. Pourtant, en Gruyère, les bruits circulent: l’entreprise ne respecterait pas les promesses qu’elle a faites en termes d’emploi et de recours aux fournisseurs régionaux.
Des habitants de Bas-Intyamon comptent le nombre de voitures sur le parking. Certains soupçonnent l’entreprise d’avoir recours à des travailleurs non gruériens. D’autres sont persuadés que Ladurée se fournit à l’étranger. Qu’en est-il?


Producteurs suisses
Du côté du principal intéressé, les réponses sont limpides. Au téléphone, David Holder, le président de Ladurée, est catégorique: «A l’exception des amandes, comme je l’ai toujours dit, je ne travaille qu’avec des fournisseurs suisses. Je tiens toujours la parole que je donne.» Il avait en effet annoncé dès l’achat du terrain (La Gruyère du 28 octobre 2010) qu’il s’installait, également pour la qualité des matières premières – œufs, beurre et crème. Quelques mois plus tard (notre édition du 29 septembre 2011), il mettait pourtant un bémol: «Nous avons aussi dû trouver des partenaires hors du canton, parce qu’il fallait qu’ils nous garantissent des quantités importantes. A l’exception des amandes, de Californie et de Valence, les autres produits sont suisses: sucre, œufs, beurre et lait.»
David Holder ne souhaite pas mentionner le nom de ses fournisseurs. Mais on peut affirmer que, pour les produits laitiers, c’est bien une entreprise fribourgeoise qui livre Ladurée. Elle nous a confirmé sa satisfaction de travailler avec le groupe français.
David Holder rappelle également que l’objectif de production est de 400 tonnes par année. On parle donc de quantité très importante pour les composants principaux. Des représentants d’associations actives dans les secteurs des œufs et du sucre confirment que seules des entreprises qui transforment ces matières à l’échelle industrielle sont en mesure de fournir Ladurée. Or, à leurs yeux, il n’y en a pas dans le canton.


Collaborateurs gruériens
Dans le domaine du personnel, David Holder a toujours affirmé qu’il engagerait d’abord 50 collaborateurs avant d’augmenter progressivement ses effectifs. «Je suis dans la cible, confirme-t-il aujourd’hui. Nous avons engagé une soixantaine de collaborateurs.» Il avait également promis de travailler avec des locaux. «Tous les collaborateurs habitent en Gruyère», certifie la Fédération patronale et économique (FPE) qui a assisté l’entreprise dans l’engagement de la première volée de collaborateurs. Trois cadres français sont chargés de les piloter.  
Des bruits couraient aussi sur le bas niveau des salaires. Eux, en revanche, se confirment. Le syndicat Unia, saisi par une partie des salariés, vient d’entreprendre des négociations avec l’entreprise.


Dix ans d’exonération
Il y a bien sûr une question de fond qui sous-tend toutes ces interrogations. D’aucuns craignent que Ladurée profite à bon marché de son exonération fiscale de dix ans. Mais que peut-on attendre en compensation d’une telle exonération? Une des conditions a déjà été respectée: Ladurée a déplacé le siège social de ses trois sociétés (Ladurée International SA, Ladurée Beauté SA et Macaroon SA) dans la commune de Bas-Intyamon, où elle payera ses impôts dans dix ans (La Gruyère du 22 décembre 2011). La timbale? Le syndic, Roland Kaeser, veut laisser du temps au temps: «Pour l’instant, l’entreprise tient ses promesses. Tout semble fonctionner, mais pour la timbale, on attendra pour voir.»
Directeur de la FPE, Christian Castella en dit un peu plus: «Lorsqu’on exonère une entreprise, on attend bien sûr qu’elle reste ensuite chez nous. Je ne vois pas de raison que Ladurée se comporte différemment. Elle a investi plus de dix millions. Dans la logique économique, un tel investissement doit s’amortir sur vingt-cinq ans. Mais bien sûr, il y a aussi la logique du marché…»
Le marché, pour l’instant, accueille les macarons Ladurée à bras ouverts. Le site d’Enney, chargé de fournir le marché mondial, va bientôt pouvoir produire pour de nouvelles boutiques. David Holder vient de rentrer de Sao Paulo où il a inauguré une nouvelle échoppe. «Ces dernières semaines, nous en avons ouvert à Sydney, Tokyo et Casablanca. Quinze magasins de plus sont prévus jusqu’à la fin de l’année.»
Du côté de la production, sur le site d’Enney, il annonce le démarrage de la production de chocolat en novembre et une deuxième ligne de production dans l’avenir.
Bilan global
Pour faire le bilan de l’impact régional de l’entreprise, conclut Christian Castella, il faut prendre en compte l’ensemble des facteurs. «David Holder avait promis de ne pas dénaturer le site: son bâtiment est une réussite. Il avait garanti vouloir faire appel à des entreprises régionales pour la construction, il l’a fait. Il a créé des emplois pour la population de la région et il se fournit dans la région. En plus, en s’installant à Enney, il a boosté la vente des terrains dans cette zone industrielle et artisanale», conclut Christian Castella.

 

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«3300 francs sans le treizième»
Unia a pris contact la semaine dernière avec Ladurée pour entrer en négociations. Saisi par des collaborateurs de l’entreprise, le syndicat juge que les salaires pratiqués sont trop bas. «Ladurée offre un salaire de 3300 francs brut douze mois par année, ce qui fait, calculé sur treize mois, un salaire de 3050 francs brut», analyse Armand Jaquier, le secrétaire régional d’Unia.
Ladurée nous a expliqué, avant l’intervention d’Unia, avoir pris pour base les salaires pratiqués dans le secteur agroalimentaire. Mais Unia considère que les salaires du personnel de production de Ladurée sont 900 à 1000 francs plus bas que ceux proposés par les entreprises agroalimentaires du même standing.
Armand Jaquier pense également que Ladurée pourrait faire un effort sur les horaires et sur les vacances (aujourd’hui, le minimum légal de quatre semaines). D’autres questions, liées à l’organisation du travail ont déjà été résolues par Ladurée.
Unia veut négocier avec la société française pour que le personnel puisse bénéficier d’une CCT à la hauteur de celles pratiquées dans l’industrie chocolatière. Les contacts sont désormais établis entre Unia et Ladurée. CV

Commentaires

Soupayer. Employés vaudois. Gaspillage en mettant des tonnes de macarons à la poubelle. Pfff. Du foutage de gueule ouais.

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