Swisspor accompagne un igloo vers l’océan Arctique

| jeu, 18. oct. 2012
Swisspor, entreprise basée à Châtel-St-Denis, soutient la construction d’un voilier expérimental. Défi: séjourner un hiver dans l’océan Arctique pour tester une isolation dans des conditions extrêmes.

PAR THIBAUD GUISAN

Swisspor Romandie a le vent en poupe. Au figuré d’abord. Le producteur d’isolants de Châtel-Saint-Denis, 95 employés, s’apprête à construire un second site de production. Au propre, ce sera pour bientôt.
L’entreprise s’associe en effet à la construction d’un voilier expérimental. Le bateau, d’une longueur de 18 m, vient d’être assemblé dans la région de Genève. Derrière ce projet, on retrouve Peter Gallinelli, 47 ans.
Architecte de formation et chercheur en énergétique du bâtiment, il enseigne à la Haute Ecole du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève. Comme navigateur, il compte plus de 35000 milles (près de 65000 km), principalement sous les hautes latitudes.


Horizon 2014
Son pari: passer un hiver pris dans les glaces de l’océan Arctique, dans le Grand-Nord, en autarcie et en recourant uniquement à des énergies renouvelables. Le nom du bateau: Nanuq, ours polaire en langage inuit. «Ça fait depuis 2010 que j’y travaille, expose Peter Gallinelli, en dévoilant un projet resté dans l’ombre à ce jour. La mise à l’eau est prévue dans la première moitié de l’année 2013. L’expérience devrait avoir lieu durant l’hiver 2014-2015. Des tests préalables devraient être menés en Scandinavie.»
Dans l’océan Arctique, des études scientifiques seront aussi menées en parallèle: sur les glaces et le climat. «Le bateau est homologué pour 12 personnes, mais nous devrions être  trois ou cinq permanents.»
Le navire – le vingtième dessiné par l’architecte – est doté d’une voilure de 160 m2. La coque, métallique, a été fabriquée dans un chantier naval de Haute-Normandie. C’est dans la construction de la partie habitable – l’«igloo» dans le jargon – qu’est intervenue Swisspor Romandie. Une surface de vie de 35 m2 (pour 70 m3). «C’est surtout l’isolation thermique ren-forcée et la forme compacte qui apporteront une protection efficace contre le froid», relève l’architecte.
Un complément de chaleur sera apporté par trois petites éoliennes placées sur la banquise et un système de chauffage d’appoint à pellets, issus de matières compostées sur place.


Jusqu’à –35°C
L’«igloo» devra résister à des températures pouvant dépasser –35°C, mais aussi à de forts vents. La structure ne pèse que quelque 1300 kg. Elle se présente sous la forme d’un sandwich. A l’intérieur et à l’extérieur de l’habitacle, une «peau» de fibre de verre d’un millimètre d’épaisseur. Entre ces deux couches, du polystyrène expansé châtelois: une mousse isolante de 20 cm d’épaisseur, obtenue grâce à l’expansion et au moulage de petites billes synthétiques.
Le bureau technique de Swisspor Romandie SA (4 collaborateurs) a joué un rôle de conseiller dans le choix du matériau. «Nous avons adapté la formule en augmentant la densité du matériau. Swisspor a ajouté plus de billes dans le processus et a compressé plus fort. Dans l’igloo, il n’y a pas d’autre structure porteuse que le polystyrène expansé associé à la fibre de verre.» L’isolant est habituellement installé en façades ou en toitures des bâtiments.
Au total, l’entreprise de Châtel-Saint-Denis a offert environ 25 m3 de matériaux spécifiques pour la construction du bateau. Une production personnalisée, réalisée en plus des 500000 m3 d’isolants, fabriqués annuellement en Veveyse. Soit l’équivalent du volume du Cervin.
Swisspor se dit incapable de chiffrer le coût de son apport au projet. «Pour moi, c’est un gros seau d’eau dans un petit lac», image Peter Gallinelli. L’architecte-aventurier devise la construction du voilier à quelques centaines de milliers de francs, «soit environ le prix d’achat d’un studio».


Laboratoire extrême
Outre le support communication, le bateau constitue un laboratoire en pleine nature pour Swisspor Romandie. «Au départ, on n’y croyait pas, tant ce projet était fou, note Amélie Roy, responsable marketing et communication. Mais cette folie et cette ambition ont suscité un questionnement technique. C’est aussi l’occasion de tester la résistance de produits haut de gamme dans des conditions extrêmes réelles.»
De son côté, Peter Gallinelli prévoit que l’expérience validera des solutions directement transposables au bâtiment. «Nous n’inventons rien. L’objectif est de montrer que des choix constructifs et techniques judicieux constituent une réponse crédible au défi de la raréfaction de l’énergie facile.»


Le blog de Peter Gallinelli: voyage.sailworks.net

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