Par Priska Rauber
«Est-ce que j’ose tartiner le pain de mon enfant avec de la confiture ou, à cause de ce sucre, sa récré va-t-elle revenir en retour?» Cette question, Amélie se l’est vraiment posée. Car dans les cours de récréation, l’heure est à la lutte. Ou, pour être politiquement correct, «à la promotion d’une alimentation saine», à travers une liste de collations plus ou moins diététiques établie sur la base des conseils des médecins scolaires. Si le but est louable – la lutte contre le surpoids et les caries – cette intrusion de l’école dans l’éducation n’est pas au goût de tous les parents.
Comme il n’existe pas de base légale concernant l’alimentation des élèves aux dix heures (voir ci-dessous), établissements et professeurs sont libres d’interpréter ces directives de manière plus ou moins souple. Certains listent les aliments interdits, d’autres examinent les collations de leurs élèves. Comme la maîtresse des enfants d’Amélie, à Sorens.
«Et quand elle a vu mon enfant avec sa galette de riz nappée de chocolat, elle lui a dit que ce n’était pas un bon choix. Il y a été sensible, peut-être gêné.» Et de regretter que la maîtresse ne s’adresse pas directement aux parents lorsqu’elle estime que la collation ne convient pas. Par ailleurs, le médecin scolaire n’a pas indiqué que le chocolat était à bannir. «Bien faire devient donc compliqué. Un Farmer, non enrobé de chocolat bien sûr, qui trouve grâce aux yeux de la maîtresse, n’est pas meilleur pour la santé du point de vue des mauvaises graisses», poursuit Amélie, pour qui ces recommandations ne posent aucun problème sur le fond. Mais sur la forme.
La chasse au surpoids
Une autre maman, enseignante à l’école primaire de Bulle, abonde. «Nous sommes entrés dans l’ère de la chasse au surpoids.» Elle relève le risque de stigmatisation. Alors, si elle partage l’idée que l’école peut, et doit, participer à la promotion de la santé, elle est d’avis «qu’aborder le thème de l’alimentation ou des besoins physiologiques dans le cadre de certains cours est beaucoup plus convenable et porteur que se mettre à ouvrir les sacs des élèves pour juger leur collation».
Il ressort que les parents ne s’indignent pas contre l’éducation à la santé dans le cadre scolaire. Ils estiment surtout que le choix des collations est du domaine privé. Ils sont prêts à suivre les recommandations, mais veulent pouvoir aviser en fonction de la situation. Leur enfant n’a pas eu le temps ou l’envie de prendre un petit déjeuner? Une tartine à la confiture pour les dix heures participera à son alimentation équilibrée. Leur enfant a mangé chaque jour une pomme, mais se rendrait à l’école plus léger si, ce vendredi, une petite friandise l’attendait à la récré? C’est d’accord mon petit. Sauf que, parfois, jongler entre les aliments sains et les aliments plaisirs est carrément impossible.
Ainsi, une école primaire de la ville de Fribourg – qui ne souhaite pas être nominalement désignée – a listé les collations interdites: honnis les Mars et autres Balisto, les Kinder et les Farmer, les chips, les biscuits et les viennoiseries, le coca, le thé froid et l’Orangina. Sont «seuls permis» les fruits, fromages, carottes et concombre, le lait, les galettes de riz (nature), les krisprolls et les sandwiches maison.
Derrière ce règlement strict, «établi en collaboration avec le médecin scolaire», le responsable d’établissement de cette école indique qu’il y a «une philosophie. Nous agissons pour la santé des enfants. Pour qu’ils changent efficacement leurs mauvaises habitudes, celles de prendre pour les dix heures des chips ou des croissants – dont on sait qu’ils sont bourrés de matières grasses de mauvaise qualité.» Pour lui, aborder les risques d’une mauvaise alimentation dans le cadre du programme scolaire «donne peu de résultats. Nous sommes donc passés au niveau supérieur pour faire en sorte que tous nos élèves apportent des collations saines.»
Il avoue que, depuis l’introduction de ces directives, il y a quatre ans, certains parents ont manifesté leur mécontentement. «Ils se comptent toutefois sur les doigts d’une main. A ceux-ci, nous avons expliqué de vive voix que beaucoup d’enfants n’apportent pas des collations sai-nes. Nous les avons priés, pour la santé de ces enfants-là, d’accepter notre règlement.»
Commentaires
emma (non vérifié)
mar, 05 fév. 2013
Nico (non vérifié)
dim, 02 déc. 2012
Martina Marietta (non vérifié)
jeu, 15 nov. 2012
Jules (non vérifié)
jeu, 15 nov. 2012
JB (non vérifié)
jeu, 15 nov. 2012
Jules (non vérifié)
jeu, 15 nov. 2012
Ajouter un commentaire