L’hôpital de Châtel est mort, vive le Centre de santé?

| sam, 01. déc. 2012
Le Conseil d’Etat a confirmé hier la fermeture du site hospitalier de Châtel-Saint-Denis. La gériatrie sera déplacée à Riaz, les soins palliatifs maintenus encore 12 à 18 mois. La délégation veveysanne veut peaufiner son projet de centre de soins.

Par Katharina Kubicek


Le couperet a fini par tomber: l’hôpital de Châtel-Saint-Denis va définitivement fermer. Anne-Claude Demierre, directrice de la Santé et des Affaires sociales, le confirmait hier devant un parterre de journalistes. Tombée plus tôt dans la semaine, la décision du Conseil d’Etat marque l’épisode final du feuilleton commencé au mois de juin avec l’annonce, par le conseil d’administration de l’Hôpital fribourgeois (HFR), de la fermeture du site. Bien que sans surprise, ce dénouement n’occulte pas la déception et la tristesse des autorités du district devant la fermeture définitive de «leur» hôpital (lire encadré). Une «journée noire», a estimé le préfet Michel Chevalley, auquel fait écho la délégation veveysanne intervenue pour le sauvetage de l’HFR dans leur chef-lieu.

 La Gériatrie IRA à Riaz
Fermé «à terme», le site de Châtel-St-Denis sera vidé de ses services par étapes. La première verra le déplacement du service de médecine et de réadaptation gériatrique à Riaz, entre le 1er et le 15 février. Le nombre actuel de lits (34) alloués à la gériatrie sur le site châtelois sera maintenu. «Le service sera installé dans un étage vide de l’hôpital de Riaz, qui reconvertira également en chambres plusieurs pièces occupées par des bureaux», informe le professeur Bernard Vermeulen, directeur général médical de l’HFR.

Personnel déplacé
«Le transfert des prestations n’entraînera aucun licenciement parmi les 115 collaborateurs du site», réitère le directeur général. L’ensemble du personnel médical et soignant de la gériatrie sera transféré à Riaz, exigeant «de la flexibilité de la part des 85 collaborateurs concernés», précise la direction.

Soins palliatifs en léger sursis
L’unité de soins palliatifs (12 lits) jouit pour sa part d’un bref sursis: elle sera maintenue sur le site châtelois pendant une période de douze à dix-huit mois, «jusqu’à ce qu’une solution définitive optimale ait été choisie par l’HFR», informe le Conseil d’Etat. Celui-ci planche actuellement sur un projet de Maison de soins palliatifs pour le canton, qui renforcerait, tout en la centralisant, l’offre en accompagnement de fin de vie. «Nous pourrons présenter notre candidature avec le site de Châtel», annonce Michel Chevalley. Un vœu réaliste? L’HFR rappelle d’ores et déjà sa volonté de situer les soins palliatifs à proximité des soins aigus. Dans le cas contraire, les avantages fournis par le bâtiment devront compenser les désavantages de l’éloignement géographique…

Intendance ralentie
Dans le bâtiment châtelois, la cafétéria et la cuisine seront elles aussi fermées. La gestion des repas devra être réorganisée, sur la base des discussions avec la délégation de la Veveyse. La direction de l’HFR a par ailleurs chiffré à 2,7 millions les économies sur le coût d’exploitation, permis par la centralisation à Riaz (intendance et service technique ralentis, économies sur l’engagement de personnel temporaire).

Bâtiment restitué
Les locaux, quant à eux, retourneront  aux mains des communes veveysannes, par la révocation du droit de superficie accordé à l’HFR. «L’hôpital sera cédé pour un franc symbolique», précise Anne-Claude Demierre. Le Conseil d’Etat renonce ainsi à récupérer le montant de 423000 fr. versé aux communes au moment de la reprise par l’HFR.

Centre de soins Veveysan
Ce sera là le seul coup de pouce du Conseil d’Etat au contre-projet veveysan. Pour rappel, une délégation du district travaille depuis le mois d’août à l’élaboration d’une alternative à la fermeture complète du site. Au centre du projet, la mise en place d’un centre de soins, avec des cabinets de généralistes bénéficiant d’interventions ponctuelles de spécialistes de l’HFR et du Réseau fribourgeois de santé mentale, pour la prise en charge pré et postopératoire ainsi que psychiatrique. «Le site restera une porte d’entrée à l’HFR», souhaite Anne-Claude Demierre. Il accueillera également le Réseau santé de la Veveyse, et peut-être des services de réadaptation oncologique.


Michel Chevalley, de son côté, y voit l’opportunité d’une nouvelle réponse aux besoins sanitaires de son district. «Nous voulons que les gens reviennent se faire soigner à l’hôpital de Châtel. Qui pourrait, pourquoi pas, fonctionner sur la base d’un partenariat public-privé, à l’instar du centre de soins Vidy Med à Lausanne.» Les communes veveysannes, déjà sollicitées pour d’autres investissements de taille (rénovation des EMS et du Cycle d’orientation, écoles), seront-elles partenaires? «Qu’elles le veuillent ou non, les communes récupèrent un objet qui leur appartient, et doivent lui trouver une affectation dans le domaine médical», constate Michel Chevalley. Le centre de soins veveysan se cherche dorénavant un chef de projet pour définir son projet d’ici au mois de juin.

A l’Horizon 2014
«La réalisation est souhaitée le plus rapidement possible, peut-être début 2014», annonce le préfet. Qui estime entre 6 et 7 millions les montants à injecter dans la rénovation, «réalisable par étapes». «Les Veveysans vont placer leurs souliers devant la cheminée, car je le dis ici, je ne crois plus au Père Noël», assène-t-il. De la part de l’Etat, les étrennes se cantonneront au cadeau des 423000 fr. liés au bâtiment, plus la prise en charge des honoraires du futur chef de projet veveysan.

 

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«On a vendu l’âme de la Veveyse!»


Le syndic de Châtel-Saint-Denis et le préfet étaient présents à l’annonce de l’HFR. Certains députés, en revanche, ont appris la nouvelle hier par les médias. Réactions.

Le préfet de la Veveyse, Michel Chevalley, ne croit plus au Père Noël, mais insiste sur «la capacité du district à se montrer proactif et innovant». «Il y a tout de même une prise en compte des demandes du groupe de travail», relève Gaétan Emonet (ps, Remaufens). Persuadé que la Veveyse pourra rebondir, le député s’inquiète de la péjoration des conditions de travail du personnel. Souci partagé par le Syndicat des services publics. Pour sa part, Denis Grandjean (pdc, Le Crêt) voit d’un bon œil une permanence médicale en Veveyse. «Seul, le district n’en a pas les moyens. L’HFR doit participer. Sans quoi, il faudra vendre à des privés. Il y a déjà eu des offres.» Le compromis du groupe de travail satisfait aussi Pascal Grivet (ps, Semsales). «Nous avons passé une première phase. Une offre sanitaire est plus en relation avec les besoins de la population.»


Ce n’est ni l’avis d’Yvan Hunziker (plr, Semsales) ni du PLR veveysan. «Le préfet et les communes ont vendu l’âme de la Veveyse!» Le député et son parti déplorent la précipitation de cette prise de décision. «Le trait d’union entre l’HFR et la Veveyse va indéniablement se perdre.» Et ce n’est pas le député Roland Mesot (udc, Châtel-St-Denis) et l’UDC veveysanne qui le contrediront: «L’objectif était le maintien des soins palliatifs. Le but n’est pas atteint!» Pour le syndic de Châtel-Saint-Denis, François Genoud, c’est l’incompréhension: «Alors que la Veveyse est en plein développement, le départ de l’HFR crée un vide sanitaire et économique que nous déplorons.» LG/KK

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