Enchaînement de surcoûts, sans abus, ni choix luxueux

| sam, 19. Jan. 2013
Le canton a fait correctement son travail, affirme le Conseil d’Etat dans un rapport sur les dépassements du projet Poya.

PAR DOMINIQUE MEYLAN

«Le dépassement des coûts devisés en 2005 et présentés au peuple en 2006 pour le projet Poya est dû à une estimation au plus juste des coûts ainsi qu’à une décision de modification de projet, et non pas à des abus ou des choix luxueux décidés ultérieurement.» Dans son rapport sur le manque de couverture financière du projet Poya, le Conseil d’Etat n’admet aucune faute. Il justifie, point par point, chaque augmentation du devis (voir encadré). Entre 2005 et 2013, la facture est passée de 120 millions de francs à 210 mio.
Ce rapport fait suite à un postulat de Jean-Pierre Siggen (pdc, Fribourg) et André Schoenenweid (pdc, Bourguillon). Une commission d’enquête parlementaire (CEP) devrait apporter un nouvel éclairage sur les surcoûts de ce chantier. Le résultat de ses travaux n’est toutefois pas attendu avant plusieurs mois.


Mode de défense
Pour se défendre, le Conseil d’Etat évoque les embûches semées sur sa route: estimer précisément le coût d’un projet aussi important et novateur que le projet Poya s’apparente à un exercice d’équilibrisme. D’autant plus que ce calcul est effectué plusieurs années avant le début des travaux. En guise de mea culpa, le Gouvernement a tout de même modifié la méthode choisie pour évaluer ce type d’investissement dans le futur.
Les mauvaises surprises géologiques auraient-elles pu être prévues? Est-il possible d’avoir des explications sur les lots, pour comprendre leurs exigences techniques et financières? Le Conseil d’Etat prévoit-il une adaptation de l’organisation et de la gestion du projet? Sur ces trois questions, soulevées par le postulat, le Gouvernement s’en remet à la CEP.
Par contre, il veut bien révéler la manière dont il envisage de financer les 31,6 mio qui manquent actuellement. Un crédit complémentaire ne lui semble pas nécessaire. Le financement se fera donc via le budget annuel d’investissement.
Le Conseil d’Etat énumère une longue série de risques, inhérents à ce type de chantier, qui n’apparaissent qu’une fois les travaux commencés. Nature et qualité du terrain, pollution, météo, risque de chutes de pierres, dossiers d’appel d’offres lacunaires, évolution du marché de la construction, présence de conduites, câbles ou canalisations, gestion du trafic routier ou revendications du voisinage, chacun de ces postes est susceptible d’engendrer des surcoûts. «Plus le projet avance, plus la marge de manœuvre permettant de corriger l’impact financier est faible», souligne le rapport.


Aucun précédent
Les constructeurs peuvent difficilement se baser sur une expérience antérieure. Le pont de la Poya est un prototype. Il implique une multitude de travaux, divisés en un nombre élevé de lots. Pour gérer et coordonner le projet, il faut une organisation solide. Comme les travaux s’étalent sur de nombreuses années, les acteurs changent, ce qui ajoute encore à la difficulté.
Tout contrôler est impossible, affirme le rapport. Seules des inspections ciblées sont envisageables. Dès lors, «toute l’organisation d’un projet se base sur la confiance en la compétence et la déontologie de tous les acteurs impliqués», affirme le Conseil d’Etat.
Le projet Poya a encore été compliqué par l’urgence dans laquelle il a dû être élaboré. Pour qu’il soit inscrit comme projet urgent dans le fonds d’infrastructure et ainsi bénéficier d’une contribution fédérale, il fallait que Fribourg annonce un montant à la Confédération en octobre 2005 et qu’une votation populaire soit organisée dans les douze mois. Pour le Conseil d’Etat, cette exigence explique les lacunes de l’avant-projet.
 

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