L’essor des escrocs du net

| sam, 23. fév. 2013
Depuis 2008, le nombre d’escroqueries sur internet est en hausse constante dans le canton. La prévention reste le meilleur moyen de lutte.

PAR DOMINIQUE MEYLAN


Qui n’a jamais reçu d’e-mail lui demandant de prêter main-forte (et donc d’allonger quelques billets) pour récupérer l’héritage d’un prétendu prince, domicilié dans un pays lointain? Avec la promesse bien évidemment, de bénéficier d’un certain pourcentage du pactole, une fois l’affaire conclue.
Cette arnaque peut sembler grossière, mais elle est encore utilisée actuellement. Parallèlement, les escrocs ont développé tout un arsenal d’astuces pour gagner facilement de l’argent en usant et abusant d’internet.
Dans le canton, le nombre de plaintes est en constante augmentation, a rapporté hier la police fribourgeoise. Alors qu’en 2008, 27 victimes se sont annoncées aux autorités, l’année dernière, 90 ont fait la même démarche.
Cela représenterait plusieurs dizaines de milliers de francs de dommages dans le canton. A elle seule, une femme s’est fait dépouiller de 50000 francs en 2012. Et encore, ces statistiques ne sont pas forcément représentatives. «Cela ne représente probablement que la pointe de l’iceberg», estime Jean-Pascal Tercier, chef du commissariat criminel. Empêtrées dans des situations gênantes, les victimes ont bien du mal à rapporter leur histoire.
D’après des études européennes, un million de personnes seraient victimes mondialement d’une forme ou d’une autre de cybercriminalité. Selon des estimations, quelque 290 millions d’euros seraient volés chaque année par ce biais.


Tous les moyens sont bons
L’arsenal des arnaques sur internet est relativement varié. L’astuce la plus classique consiste à proposer un objet à la vente, qui n’existe pas. Le client ne voit la voiture, la télévision ou l’appartement que sur des photos. Il échange quelques e-mails pour convenir du prix. Une fois l’argent versé, tout contact est rompu. La marchandise achetée ne parvient jamais à son destinataire.
Les criminels touchent également à la fibre romantique de leurs victimes. Tout commence sur des sites de rencontres. L’internaute fait la connaissance d’un homme ou d’une femme à l’étranger. Après quelques messages fougueux, le nouvel élu de son cœur sollicite de l’argent pour venir le rejoindre en Suisse. Là aussi, toute relation cesse, dès que la facture est réglée.
Parfois, les criminels piratent les boîtes de contacts de leurs victimes. Ils envoient à tous les correspondants un message, affirmant que la personne en question est en difficulté en Afrique et qu’il faut immédiatement envoyer de l’argent pour la sauver.
L’internaute, qui télécharge des images pas nécessairement pornographiques, peut aussi voir son système informatique bloqué. Dans la foulée, il reçoit un message d’un organe étatique, qui prétend l’avoir pris sur le fait et lui réclame une amende.
La police est relativement impuissante face à la cybercriminalité. «Tout se fait depuis l’étranger. Il s’agit souvent de pays comme le Mali, la Côte d’Ivoire ou le Bénin, qui ont d’autres soucis que les arnaques sur internet», rapporte Jean-Pascal Tercier. Généralement, les auteurs n’ont jamais séjourné en Suisse. Souvent, les escrocs utilisent de faux noms. Et en Suisse, chaque police cantonale travaille indépendamment.
«Nous ne pouvons pas faire grand-chose», admet Jean-Pascal Tercier. Dans la majeure partie des cas, les victimes ne récupèrent jamais leur argent et les criminels ne sont pas inquiétés. «L’énergie, il faut la mettre dans la prévention, avance Florian Walser, chef de la police de sûreté. Il y a des obstacles vraiment insurmontables dans les enquêtes et les auteurs jouent là-dessus.»


Seule la prudence paie
L’un des seuls moyens d’éviter les arnaques consiste à se protéger soi-même. La police cantonale multiplie les conseils: se méfier des gains extraordinaires, ne pas répondre aux messages non sollicités, ne jamais verser d’avance de l’argent sans se renseigner sur son destinataire, résister aux pressions quand une personne réclame de l’argent, effectuer régulièrement une analyse antivirus de son ordinateur.
«Nous sommes heurtés par le désarroi des victimes», rapporte Jean-Pascal Tercier. Les escrocs tentent de jouer sur leurs points faibles. Ils appâtent les gens avec des projets humanitaires ou alors les placent dans des situations gênantes. Ils peuvent se montrer très convaincants et multiplier les échanges pour gagner la confiance.
L’ensemble des moyens de prévention est présenté sur le site de la police cantonale. Une plate-forme nationale propose également un soutien aux victimes, à l’adresse: www.cybercrime.admin.ch/kobik/fr/home.html.

 

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Un petit jeu dangereux
Mieux vaut se méfier des sites de rencontres. Un Fribourgeois en a fait l’expérience. En surfant sur le net, il fait la connaissance d’une jeune fille, prénommée Anna. Une chose en entraînant une autre, sa nouvelle amie se dénude devant une webcam et propose à son partenaire de faire de même. Ce dernier se prête au jeu.
Peu de temps après, l’homme reçoit un e-mail, signé par un commissaire. Son contenu a de quoi faire frissonner: Anna serait une mineure domiciliée au Mali et le Fribourgeois serait accusé d’actes pornographiques et pédophiles sur internet. La vidéo constitue bien évidemment une preuve. L’homme reçoit également un mandat de poursuite judiciaire aux allures très officielles. Deux options s’offrent à lui: soit il est arrêté et transféré à Bamako, soit il s’acquitte d’une amende de 8500 euros. Devant son absence de réaction, il reçoit encore un courrier, dans lequel les escrocs menacent de diffuser la vidéo dans les principaux médias européens et sur les réseaux sociaux. L’histoire finit plutôt bien: l’homme ne s’est pas exécuté, mais il a porté plainte. La vidéo n’a jamais été diffusée sur le net et les menaces ont cessé. DM

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