Le premier travailleur social hors-murs en phase de zonage

| mar, 02. avr. 2013
Depuis le 1er mars, Joël Schneider arpente les rues de Bulle. Son rôle: mettre de l’huile dans les rouages de la collectivité du chef-lieu.

PAR SOPHIE MURITH

Le temps est venu de faire connaissance avec le premier travailleur social de rue de la ville de Bulle. Joël Schneider a pris ses fonctions le 1er mars. A mi-temps et seul. «C’est un bon début, mais il faudra très vite faire des choix.» Son premier chantier: établir, de manière participative, un état des lieux de la situation bulloise.
L’éducateur, diplômé de la HES lausannoise en travail social, considère que la création de ce poste, aboutissement d’une longue démarche de la commune, est un bon moyen d’améliorer la qualité de vie de tous les citoyens. Pas uniquement des jeunes de 12 à 25 ans. Même s’ils restent son public cible, «avec une priorité pour ceux qui traversent un moment difficile».
Logé dans les combles de l’Hôtel de Ville – «Cela me convient bien, je suis plus proche des étoiles» – le terrain de Joël Schneider se trouve au-dehors. Tout est dit dans son titre exact: travailleur social hors-murs (TSHM), ce qui lui a déjà valu le surnom de grand sachem auprès de certains esprits rieurs de la commune. «Cela montre que nous évoluons en dehors du contexte institutionnel habituel. Mais je travaille aussi dans les murs: dans les bistrots, les familles...»


Huit ans d’expérience
Joël Schneider découvre Bulle peu à peu. «C’est très bien que je ne sois pas d’ici: je pose un regard neuf sur la région.» Broyard d’origine, il a effectué ses études à Fribourg. Formé à l’Ecole normale de l’époque – il n’enseignera que lors de remplacements – il part très vite vers d’autres horizons: participation à la création d’une exposition sur les loups en Valais, service civil en Inde et, à son retour en Suisse, engagement dans un accueil extrascolaire, à Fribourg.
«Une travailleuse sociale de rue m’a alors proposé un rem-placement au Release, à 10%.» Il fait ses premiers pas d’éducateur dans cette association d’aide aux jeunes et aux familles. «Je me suis senti comme un poisson dans l’eau.» A tel point qu’il obtient un poste fixe. Durant huit ans, il travaille dans cette structure qui deviendra Reper. «J’avais trouvé ce que je voulais faire.»
Joël Schneider fait ensuite un détour par un centre d’animation. En parallèle, il devient le coordinateur de Passerelles espace rencontre interculturel, à Fribourg. «J’ai ensuite eu envie de revenir à mes premiers amours. Le poste mis au concours par la ville de Bulle est tombé à point nommé.»


«Un métier extraordinaire»
Il y voit une occasion de renouer avec «un métier extraordinaire. J’ai beaucoup de plaisir à travailler avec les jeunes et j’ai le sentiment de la pertinence de l’intervention en complémentarité avec le réseau existant». A un titre plus personnel, il relève la créativité dont il faut faire preuve pour mettre en place des réponses adaptées à une réalité sociale très changeante. Et puis, la liberté. «Mes objectifs sont clairs, mais, dans ce cadre-là, j’ai de la latitude.»
A 37 ans, il dit garder le contact facile avec les adolescents. «Il faut rester curieux et conserver le plaisir. Lorsque l’on est plus jeune, on partage le même univers. Le contact est plus évident. Mais l’âge permet une distance relationnelle. Je ne suis ni un ami ni un parent, mais un travailleur social.»
Sans uniforme ni étiquette, il va à la rencontre des jeunes Bullois. «Je suis actuellement en phase de “zonage”. Je me suis rendu au Centranim pour faire connaissance avec les jeunes.» Pour le premier contact, tout est bon à prendre. En général, il rebondit sur ce qu’il entend d’une conversation: foot, mention de consommation de drogue ou d’alcool. «J’interviens et je me présente naturellement très tôt dans la discussion.»
Il s’agit avant tout de créer une relation, d’installer la confiance. «La confidentialité est l’un des moyens.» Exceptions à son silence: les crimes ou tentatives de suicide. En dehors de ces deux cas, il n’entreprend de démarches qu’avec l’accord du jeune.
Il faut savoir se faire rabrouer. «Je peux ne pas arriver au bon moment. Je pense avoir une facilité de contact, mais cela ne passe pas toujours.» Il espère pouvoir un jour bénéficier de la vision d’un collègue, de son soutien. «C’est plus simple en équipe, notamment avec une femme. Certains thèmes sont plus faciles à aborder avec une personne de son sexe.» Une personne supplémentaire permettrait aussi de répondre à plus de demandes auprès des jeunes.

Ajouter un commentaire

CAPTCHA
Cette question est pour tester si vous êtes un visiteur humain et pour éviter les soumissions automatisées spam.

Annonces Emploi

Annonces Événements

Annonces Immobilier

Annonces diverses