Une Poya festive, rassembleuse et respectueuse

| mar, 14. mai. 2013
La pluie n’y a rien fait: la Poya 2013 a réussi son pari. La journée de dimanche, avec la messe et le cortège, point d’orgue de la fête, a attiré la foule. Les organisateurs s’interrogent déjà sur la prochaine formule.

PAR JEAN GODEL

La pression était énorme sur les épaules des organisateurs. Pensez donc! Six Poyas d’Estavannens depuis 1956, toutes sous le soleil, et à chaque fois plus de monde… La série devait bien s’arrêter un jour. C’est fait! L’édition 2013, arrosée de pluie jusqu’à plus soif aura été moins fréquentée que celle de l’an 2000, édition de tous les records avec 60000 visiteurs. Et pourtant! Le pari est largement réussi. La Poya 2013 a su rassembler tout un peuple au pied des montagnes qui ont forgé une bonne part de son identité, quand bien même les générations ont passé depuis. Mais le Gruérien sait cultiver ce patrimoine génétique-là.
Estavannens a offert au public venu tout de même nombreux une fête réussie. Multifacettes, certes, et sans fil rouge bien distinct: le thème «Sacrées montagnes!», trop vaste, était moins lisible durant ces cinq jours que les vieux métiers en 1989 ou la rencontre des troupeaux et des hommes en 2000.
 

Intense émotion
Mais le public a trouvé ce qu’il était venu chercher. Un village tout en beauté dans un décor somptueux, rendu plus poignant encore par la pluie et le froid. Des moments d’intense émotion, au spectacle-création (La Gruyère de samedi), au passage du cortège, durant la messe ou au fil des animations montrant la richesse du patrimoine. Surtout, des occasions nombreuses de se retrouver, de se rassembler pour simplement faire la fête, autre patrimoine culturel gruérien s’il en est.
Dimanche était bien sûr la grande journée de la Poya. Par à peine plus de 6°C, sous une pluie glaçante et un ciel bas, la messe retransmise en direct en Suisse romande, au Tessin, en Belgique et en Irlande n’a réuni qu’un petit millier de participants. Bien loin des vagues de fidèles qui, les éditions précédentes, venaient s’échouer jusqu’au pied de la montagne, derrière la chapelle du Dah.
Devant l’évêque Mgr Morerod, le père Dominique Fragnière, aumônier des patoisants, a célébré en patois le «beau et noble travail, souvent pénible» des armaillis. Ces armaillis qui sont la «fierté de la Gruyère». La montagne «pleine de mystère, de légendes et de dangers où se croisent le Bien et le Mal» était aussi au cœur de son homélie. Sacrées montagnes enfin clairement évoquées… Stoïques, le Chœur des armaillis de la Gruyère de Michel Corpataux, toutes manches retroussées, et le Quatuor de cuivres d’Albeuve ont livré une partition parfaite, ponctuée par un Nouthra Dona di Maortsè évident à Estavannens.
 

Les reines de la Poya
L’après-midi, peu avant le cortège, la foule a cru au miracle du soleil revenu. Juste le temps pour Doris Leuthard, marraine de la Poya 2013, d’arriver en hélicoptère. Flanquée du président du comité d’organisation Edgar Schorderet, la conseillère fédérale a rejoint l’estrade officielle à pied, au milieu d’un public surpris, incrédule, hésitant à applaudir celle qu’il croyait reconnaître. Puis la pluie a repris.
Ce début de cortège réservait en fait l’un des plus grands frissons de la Poya 2013: le passage de trois troupeaux de vaches. Il fallait entendre ce déluge de sonnailles et de cloches dévalant au loin les ruelles du village d’en bas. L’annonce du passage des véritables reines de la Poya, celles à qui la Gruyère et ses hommes doivent tant et qui ont été étrangement absentes de la fête.
Humbles sous leurs coiffes de fleurs en papier rouge et blanc, magnifiques, elles sont passées en vitesse, comme gênées, poursuivies par deux balayeuses… «Les gens aiment le terroir, dira ce spectateur, mais seulement quand il est tout propre, bien emballé.»
Le cortège pouvait alors tranquillement défiler, montrant le travail des hommes, leurs savoirs et leurs outils d’antan, les loisirs d’aujourd’hui. Enfin, les bêtes de toujours, chevaux, ânes, chèvres, moutons, jusqu’aux oiseaux de la volière. On sentait la fierté à défiler, des enfants jusqu’aux plus vieux. Un cortège aux accents finalement un brin passéistes, parfois convenus, mais dans lequel tout un peuple s’est senti comme rassuré de se reconnaître.
Les derniers enfants passés, les cors des Alpes ont conclu la manifestation. Et le soleil est revenu.
 

Commentaires

Un regret cependant... il semble qu'aucun enregistrement des concerts des 10 et 12 mai n'a été effectué... Il s'agit de l'oeuvre "Réveil, conte pour un matin de mai..."
une fête réussie, des gens chaleureux généreux, un endroit et une vue exceptionnelle, j'ai senti beaucoup de coeur de respect de paix d'amour en cet endroit.. tout simplement magique.. merci

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