David Niven, le gentleman british devenu Davlon

| sam, 27. jui. 2013
Le 29 juillet 1983, David Niven s’éteignait dans son chalet du Pays-d’Enhaut. Trente ans plus tard, on se rappelle encore de cet acteur so british. Associé au Festival des ballons depuis sa création, l’acteur avait une peur bleue de la montgolfière.

PAR VICTORIEN KISSLING

«Une caricature d’Anglais.» «Un gentleman so british.» «Un homme courtois.» Des souvenirs fugaces comme un vieux film en noir et blanc circulent dans les rues de Château-d’Œx pour raconter le David Niven du Pays-d’Enhaut. Celui que l’on croisait à skis sur les pistes des Monts-Chevreuils, que l’on saluait poliment lorsqu’il s’attablait à une terrasse, que l’on surnommait affectueusement Davlon, un petit nom pour montrer qu’on l’avait adopté.
Ceux qui l’ont vraiment connu ne sont plus là pour en parler. Car David Niven est mort il y a trente ans déjà, le 29 juillet 1983, après 73 ans d’une vie si riche qu’on la croirait sortie de l’esprit d’un scénariste de l’âge d’or hollywoodien.
«David Niven, c’est pas celui qui a la tête qui tombe dans Le cerveau?» s’interrogent des touristes français attendant leur train sur le quai de Château-d’Œx en apprenant que l’acteur séjournait dans un chalet à proximité. Oui, David Niven joue dans le film de Gérard Oury. Il est aussi le James Bond officieux du premier Casino Royale, le Sir Charles Lytton de La panthère rose, le caporal Miller des Canons de Navarone ou l’inoubliable Phileas Fogg du Tour du monde en 80 jours qui lui vaut de parrainer la première édition du Festival des ballons à Château-d’Œx. Il est encore le major Pollock de Tables séparées qui lui offre l’oscar du meilleur acteur en 1959.


Lieutenant-colonel décoré
Mais David Niven n’est pas seulement un homme de cinéma. C’est aussi un militaire de carrière, membre des commandos de l’armée britannique, qui sert en Normandie, quelques jours après le débarquement de 1944. Un lieutenant-colonel décoré de la Légion du mérite américaine, la plus haute distinction accordée à un étranger. Il est également l’auteur de plusieurs romans à succès, dont deux autobiographies humoristiques.
Mais David Niven, c’est surtout la quintessence du gentleman britannique, flegmatique, élégant et raffiné. Une image qu’il souhaite donner de lui-même au cinéma, et qui finit par se coller à lui comme une seconde peau. «Il ne frayait pas avec n’importe qui. C’était presque une caricature de l’Anglais, parfois hautain, proche de ses sous, mais toujours courtois», se souvient Aloïs Rosat, qui tenait un magasin d’antiquités dans lequel l’acteur aimait flâner lors de ses promenades dans le Pays-d’Enhaut. Courtois, et pince-sans-rire. «Un jour, notre chien s’est égaré dans sa propriété. David Niven nous a appelés, et avec son accent anglais incomparable, nous a déclaré mi-figue mi-raisin “Vous devriez donner plus de biftecks à votre chien, il aime les steaks, vous savez!”»


Son chalet-coucou
Hormis par les chiens, David Niven savait qu’en venant dans le Pays-d’Enhaut, il ne serait pas importuné. «Château-d’Œx lui offrait l’avantage de la tranquillité sans trop l’éloigner de Gstaad, où se rendaient ses amis de la jet-set», se souvient le syndic Charles-André Ramseier, alors responsable de l’Office du tourisme. Des amis comme Natalie Wood, Audrey Hepburn, ou le couple Rainier de Monaco et Grace Kelly. Certaines rumeurs affirment d’ailleurs que David Niven entretenait une liaison secrète avec la princesse.
Mais personne ne saura vraiment ce qui se passait derrière les murs de son chalet, aujourd’hui sis au chemin David-Niven. Un chalet qu’il surnomme son «coucou suisse», acheté au début des années 1960 sur le conseil d’amis établis dans la région. Se contentant d’abord d’y venir l’hiver, il s’y est finalement installé définitivement pour les dernières années de sa vie, alors que la maladie de Charcot l’affaiblissait déjà. Aujourd’hui propriété d’un couple néerlandais, la demeure a été transformée à l’intérieur, mais a gardé tout son cachet extérieur. Et si seule une biographie de son illustre occupant vient désormais rappeler que David Niven vivait là, aucun doute que le chalet a gardé une partie de son âme de gentleman. Comme le coucou britannique d’une horloge suisse.

 

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P. Fogg avait peur en ballon
En 1956, David Niven donne corps à Phileas Fogg, le héros de Jules Verne qui réalise un Tour du monde en 80 jours. C’est l’un des premiers grands succès de l’acteur, à tel point que pour beaucoup, il restera le modèle du gentleman voyageur. L’image de David Niven, chapeau haut de forme et costume trois-pièces, survolant des montagnes enneigées dans la nacelle d’un ballon à air chaud, reste parmi les plus célèbres de cette période hollywoodienne d’après-guerre.
A tel point d’ailleurs que lorsque Château-d’Œx organise un festival de montgolfières en 1979, c’est à David Niven que revient l’honneur de réaliser le vol inaugural. «Il a rapidement accepté, trouvant lui aussi cohérent de prêter son image à cette manifestation», se rappelle Charles-André Ramseier, l’un des initiateurs du festival. Malgré le temps exécrable, ce vol inaugural est une réussite. Une photo de David Niven dans la nacelle est publiée en couverture du Daily Mail, offrant une publicité pour ce festival qui continue à lui rendre hommage en organisant chaque année la David Niven Cup, une compétition longue distance.
Mais ce que ni les photos ni les livres d’histoire ne racontent, c’est que David Niven, ce gentleman voyageur, ce Phileas Fogg intrépide, avait peur en ballon. «Ce n’était en tout cas pas son truc, plaisante Charles-André Ramseier. On l’a compris à la deuxième édition, lorsqu’il a refusé de grimper à bord de la nacelle, se contentant de donner le coup d’envoi depuis le plancher des vaches!» Pour ceux qui doutaient encore que la fameuse image du film de 1956 ait été tournée en studio... VK

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