L’alliance de droite est mort-née

| sam, 06. jui. 2013
Le comité directeur du PDC a décidé de refuser le projet de convention avec le PLR et l’UDC en vue de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat du 22 septembre et d’élections à venir.

PAR MICHELINE HAEGELI


La décision a été prise à une large majorité. Seules six voix se sont exprimées en faveur de la convention parmi les 24 membres présents, a indiqué le président du PDC fribourgeois Eric Menoud, au cours d’un point presse vendredi après-midi.
Le candidat du parti à l’élection au Conseil d’Etat Jean-Pierre Siggen ne l’a pas caché, il l’a même revendiqué, il fait partie des six ayant voté pour l’alliance. Mais le cadre de la campagne lui est imparti par son parti et il compte bien s’y investir tout aussi à fond que si la solution pour laquelle il avait une préférence l’avait emporté. «Une élection n’est pas un long fleuve tranquille», a-t-il philosophé.
Cet obstacle sur le chemin de la dynamique de droite qu’il appelle de ses vœux ne signifie pas la mort de l’alliance des partis de droite et du centre droit. Cette dynamique est largement en cours au Grand Conseil et sera «fatalement» discutée à nouveau.


Porte entrouverte
Le président du PDC en est aussi persuadé, la porte est toujours entrouverte. Selon lui, si la convention s’était limitée aux élections au Conseil d’Etat  de 2013 et 2016, il y aurait «certainement eu des ouvertures» pour un accord, mais l’inclusion dans le projet de convention des élections fédérales a provoqué le blocage. Certains ont trouvé que tout cela était «un peu prématuré».
Le «mélange» des cantonales et des fédérales a freiné les choses, les divergences entre partis de droite et du centre droit sont, à son avis, un peu plus grandes au niveau fédéral. De manière générale, le timing n’a pas joué en faveur d’une alliance couvrant un aussi large spectre: «Il aurait fallu avoir le temps d’informer et de discuter dans les cercles électoraux et les districts», explique Eric Menoud.
Le refus du comité directeur ne facilite pas les choses au candidat, a-t-il admis. La campagne s’annonçait de toute façon difficile: il reconnaît que l’alliance l’aurait facilitée.


Assemblée annulée
Le comité directeur du PDC a également décidé de supprimer l’assemblée des délégués prévue pour la semaine prochaine. Son seul objet était l’alliance électorale. A demi-mot, le président du PDC reconnaît que le comité n’a pas jugé utile d’étaler au grand jour les divergences de vue et d’apporter celles-ci en l’assemblée.
De son côté, Jean-Pierre Siggen tempère ce risque. Il rappelle que pour l’assemblée du 20 juin ayant abouti à son élection comme candidat du PDC, d’aucuns avaient aussi pronostiqué une foire d’empoigne. «Ce ne fut absolument pas le cas. Bien au contraire. «Je garde dans mon cœur une assemblée de 450 délégués qui m’ont dit, vas-y», dit-il.


Réplique au PS
Les seuls mots durs que le candidat a eus étaient destinés au président du groupe PS au Grand Conseil Pierre Mauron qu’il a accusé de populisme de gauche. Il a défendu les baisses d’impôts qu’il a soutenues au Parlement cantonal: selon lui, elles concernaient largement des dispositions légales sur la progression à froid, le splitting familial et les déductions pour enfants. Seule une petite partie, près de 30 à 40 millions sur 159 mio, a profité aux entreprises, a encore dit celui qui est aussi directeur de l’Union patronale fribourgeoise.
La dispersion de la droite est un gros souci pour Eric Menoud et Jean-Pierre Siggen. Ils ont effectivement de bonnes raisons d’en avoir.  L’UDC n’y va pas avec le dos de la cuillère. Dans un communiqué de presse, elle juge la décision du comité directeur du PDC de «surprenante» et prouve «une fois de plus que le PDC n’est pas un partenaire fiable et loyal». Le parti soumettra ses candidats à l’assemblée du 30 juillet  et «reste par conséquent dans la course».


«Décision osée et risquée»
Du côté du PLR, les mots sont moins durs, mais la déception est très grande aussi. Selon lui, la décision du PDC est risquée et osée. Pour Didier Castella, c’est tout de même un comble que le «demandeur» d’une telle alliance la refuse au détriment surtout de son propre candidat.
«Si la droite continue à se déchirer ainsi, cela va forcément avantager le candidat du PS», dit-il. Une chose est sûre, Didier Castella ne sera pas candidat à cette élection complémentaire. A son avis, il n’est pas du tout sûr que les libéraux-radicaux présentent un candidat. Des discussions doivent encore avoir lieu. Il n’exclut pas que le PLR appelle à voter en définitive pour Jean-Pierre Siggen, dont le profil correspond aux valeurs de base de son parti.

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