Un célèbre peintre parisien descendant des Oberson

| mar, 30. jui. 2013
Dixième étape de la série consacrée aux familles fribourgeoises avec les Oberson. Un voyage entre le district de la Glâne et les galeries d’art parisiennes.

PAR JEREMY RICO

Aucun besoin d’être un généalogiste hors pair pour associer les Oberson au district de la Glâne. L’une des plus grandes familles du canton y est mentionnée pour la première fois au début du XVe siècle. A Estévenens d’abord, puis à La Neirigue, à Berlens ou à Villaraboud.
Le lien est nettement moins flagrant lorsqu’il s’agit de relier le patronyme fribourgeois à la capitale française, Paris. Et pourtant. Les Oberson ont placé dans la Ville-Lumière leur plus illustre ancêtre: Jean-Baptiste Camille Corot. Né en 1796, le peintre avait l’admiration de tous ses contemporains. L’écrivain Paul Valéry, le peintre Eugène Delacroix et même Baudelaire, qui qualifiait ses paysages de «miracle du cœur et de l’esprit».


Des origines de Villariaz
Français par son père, l’artiste ne portait pas le patronyme Oberson. Pourtant, du sang fribourgeois coulait bien dans ses veines. Grâce à sa mère, Marie-Françoise Oberson, née en 1766 à Versailles.
«Mes premières informations sur la famille de Camille Corot datent de 1623. A cette date, Rodolphe Oberson, ancêtre du peintre, quittait La Neirigue pour s’installer à Villariaz. Deux générations plus tard, on retrouve la famille à la forge du village, ce qui lui vaut le surnom de “au Favre”.»
Habitante de Siviriez, Marie-France Oberson connaît cette histoire par cœur. Pourtant, elle n’a pris le nom d’Oberson que lors de son mariage. Sa voix teintée d’un accent chantant trahit ses origines du Sud de la France. «Je m’y suis intéressée dans les années 1990. Un ami m’avait parlé des possibles origines fribourgeoises de Corot. J’ai donc tenté de trouver des documents sur le sujet, dans la région ou auprès des Archives de France.»


Une modiste reconnue
L’interview devient alors prétexte à se replonger dans le «dossier Corot», étalé sur la table de la cuisine. «Il faut attendre 1758 pour trouver les Oberson en France, poursuit Marie-France Oberson. Après avoir quitté la forge familiale, le jeune Claude-Antoine devient garde suisse du roi Louis XV. Il travaille ensuite au sein du Grand Commun, l’intendance du château. C’est ici que naît Marie-Françoise, mère de Jean-Baptiste Camille Corot, en 1766.»  
A la mort de ses parents, la jeune femme quitte Versailles pour Paris. Elle y devient modiste, spécialisée dans la confection de chapeaux, et y épouse Louis Jacques Corot, coiffeur-perruquier, en 1793.
Très réputée à Paris, la Fribourgeoise d’origine est à l’étroit dans sa boutique. Pour financer un agrandissement, elle vend son héritage suisse. La maison familiale de Villariaz, la forge et son terrain n’appartiennent dès lors plus aux Oberson. Une affaire qui a fait grand bruit à l’époque, en Glâne.
Corot à Gruyères
Né en 1796, Camille Corot est le seul enfant du couple. Il profite d’une enfance à l’abri du besoin. A l’époque, Paris vit l’instabilité de la Révolution française. La Terreur d’abord, puis le Directoire, plus calme mais éphémère, suivi en 1799 par le coup d’Etat de Napoléon Bonaparte, futur empereur des Français.
Destiné à faire des études, puis à devenir drapier, Corot se tourne définitivement vers la peinture en 1822. Grand voyageur, le peintre séjourne en Italie, mais également en Suisse. Et même dans le canton de Fribourg. Il croque notamment la cité des Zähringen, en 1842. A la mort de sa mère en 1851, le peintre séjourne plus régulièrement en Suisse. A Gruyères, surtout, auprès d’amis, les Bovy.
Au château, il décore un grand salon, encore visible actuellement. Camille Corot a-t-il profité de l’un de ces voyages pour se rendre à Villariaz? Impossible de le dire. Mais l’hypothèse est plausible. Des documents attestent d’une visite de l’artiste à sa famille paternelle, en Bourgogne.
Très coté sur le marché de l’art, Corot passe les dernières années de sa vie dans la richesse. Il meurt à Paris, en 1875. Considéré par certains comme le père de l’impressionnisme, Corot figure encore aujourd’hui parmi les plus grands paysagistes français. Et certainement le plus grand peintre de la famille Oberson.

 

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Auberson ou Oberson?
Très peu d’informations existent sur les origines de la famille Oberson. Les généalogistes s’accordent cependant sur la première apparition du patronyme dans la région. En 1404, Jean, Jaquet, Mermet et Aubert Auberson sont cités dans une reconnaissance générale de propriété, sur la commune d’Estévenens, dans le district de la Glâne. Le passage progressif à l’orthographe Oberson s’est probablement effectué dans le courant du XIXe siècle seulement. Et uniquement pour la branche fribourgeoise de la famille. Dans le canton de Vaud, la première orthographe perdure encore. «Ce changement est longtemps resté un mystère pour moi, avoue Marie-France Oberson. Je pensais d’abord que cela avait un lien avec les Vaudois protestants et les Fribourgeois catholiques. Au final, il semblerait plutôt que ce soit une évolution due à un changement d’orthographe sur les documents officiels, rédigés par les curés notamment.» L’origine du nom de famille porte également à discussion. «Un spécialiste m’avait dit qu’Oberson pourrait être dérivé d’Albert, devenu Aubert au fil des générations. Le suffixe “son“ aurait le sens de “fils de“.» L’origine couramment acceptée relie directement le patronyme au village vaudois de l’Auberson, qui aurait appartenu à un certain Berson, nom de famille dérivé de Bersaud.
Selon la première version, les Oberson seraient donc d’origine vaudoise. Dans le canton de Fribourg, on retrouve également leur présence dans plusieurs villages glânois. La Neirigue et Berlens, dès le XVIIIe siècle. Puis Maules, Villariaz ou Villaraboud au tournant du siècle suivant, avant leur installation dans tout le district. JR

 

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