Une plongée dans le grand «bain social»

| mar, 10. sep. 2013
Depuis une semaine, deux personnes en situation de handicap ont intégré les rangs de la succursale romontoise de Coop.

PAR SOPHIE MURITH

Catherine Dénervaud est clairvoyante. En 1983, elle fut la première à rejoindre les Ateliers de la Glâne. Trente ans plus tard, elle participe à un nouveau projet de la Coop. Et cela lui «plaît beaucoup».
Depuis le 2 septembre, deux personnes en situation de handicap ont été intégrées à l’équipe de la succursale de Romont. Elles partagent le même uniforme que les autres employés. D’ici à la fin novembre, huit autres motivés les rejoindront. A eux tous, ils pourvoiront six postes de travail.
Nettoyer les paniers, ranger les caddies, placer les produits sans date de péremption dans les rayons font désormais partie des tâches confiées à Catherine Dénervaud et Marcio Fernandes. L’une lit, l’autre pas. «J’utilise d’autres moyens, les dessins par exemple», déclare Marcio Fernandes. Chacun trouve donc ses stratégies pour reconnaître les produits et les disposer au bon endroit.


Un vrai travail
«Ce ne sont pas des tâches alibi», explique Stéphane Rosset, leur maître socioprofessionnel (MSP). Educateur spécialisé, il découvre l’univers des grands magasins, qu’il ne connaissait que comme client. «C’est dur d’être debout et de porter des produits toute la journée.»
Le gérant n’a pas de contact direct avec les nouvelles recrues. Tout passe par le MSP, à qui il revient d’expliquer les tâches et de les adapter. «Il a une meilleure connaissance de la faisabilité», admet Philippe Armand, gérant et initiateur de cette intégration.
En mai 2012, cette expérience, menée depuis onze ans à la Coop de Collombey et lancée à plus grande échelle à partir de 2011, remonte jusqu’aux oreilles de Philippe Armand. Il contacte alors Alexandre Waeber, directeur des Ateliers de la Glâne.
Une convention est signée pour cinq ans. L’enseigne verse 120000 francs par an à l’association régionale, ce qui permet de rétribuer le MSP et de payer le salaire des personnes en situation de handicap. «Leur paie progressera, les activités sont plus exigeantes qu’en atelier protégé», précise Alexandre Waeber.
L’association assurera un filet de sécurité au cas où cette plongée dans le «bain social» se passerait mal. «La vraie originalité de ce projet, c’est que cette activité est en contexte, socialement visible, avec une relation avec les clients, s’enthousiasme Alexandre Waber. Ce n’est pas de la manutention.»

 

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Une loi qui aide les entreprises
Lors de la présentation à la presse du projet d’intégration de la Coop, la directrice de la Santé et des affaires sociales Anne-Claude Demierre n’a pas tari d’éloges. «C’est le type de projet que nous aimerions voir se développer. Il a valeur de modèle. Six places de travail ont été créées sans que nous devions financer d’infrastructure.» Depuis le 1er janvier 2008 et avec la réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons, c’est à l’Etat que revient le financement des institutions pour les personnes en situation de handicap. «Des mesures sont en discussion pour aider les entreprises qui les intégreraient. Une loi, qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2014, sera mise en consultation l’an prochain. Ces projets d’intégration ne seront pas possibles pour tout le monde, les ateliers protégés continueront d’exister.» SM
 

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