«Montrer les limites de l'industrialisation»

| jeu, 28. nov. 2013
Le Salon suisse des goûts et terroirs s’est ouvert hier.Notre chroniqueur culinaire, Pierre-Etienne Joye, nous sert de guide dans une manifestations qui lui permet de découvrir de nouveaux producteurs et de retrouver des produits authentiques.

Par Sophie Roulin
«Par quoi va-t-on commencer?» Les portes du Salon suisse des goûts et terroirs viennent à peine de s’ouvrir que déjà Pierre-Etienne Joye termine un rapide repérage de l’aile gauche d’Espace Gruyère. Journaliste au sein de la rubrique culturelle de la RTS, ce Bullois prête également sa plume à une chronique culinaire dans La Gruyère. Hier, il a improvisé une petite visite guidée.

Trop tôt pour la bière, l’estomac pas encore assez rempli pour le vin… «Allez, on va entamer les dégustations par du vacherin fribourgeois, un de mes fromages préférés.» Derrière le stand de l’Interprofession, la conseillère de vente est justement en train de préparer des petits morceaux pour les faire goûter à une classe. Au lait cru, rustique, cerclé d’épicéa, notre chroniqueur savoure: «Les différences de goût sont énormes. On peut même imaginer faire un plateau de fromages avec quatre sortes différentes de vacherin, j’adore.»

A peine plus loin, il trempe une cuillère en plastique dans un vacherin Mont-d’or. «Magnifique… mais, au lait cru, il aurait plus de goût», regrette le connais­seur, pour qui ce fromage à pâte molle occupe une place de choix sur la table des festivités de fin d’année. Déjà, le regard s’éloigne, à la recherche d’une prochaine destination gustative: ce sera la bière.

Connu, mais encore meilleur
Pourquoi cette tendance à se diriger vers des produits con­nus? «C’est vrai, dans ce genre de manifestation, je vais facilement vers ce que je connais. Parce que j’ai envie que ces produits que j’apprécie soient encore meilleurs, par la découverte d’un nouveau producteur ou d’une nouvelle façon de faire.»

Ce sera donc la bière. «Depuis quelques années, les bières artisanales reviennent sur le devant de la scène. On retrouve une diversité intéressante (lire en page 2).» Les lèvres trempent dans une bière à la couleur café. «Ah, ouais… On sent bien la fève tonka. Sans amertume.» «Mes bières sont très peu amères, c’est que je suis œnologue de formation», explique Patrick Doria, patron de la Brasserie de la Côte, à Vullierens. Le brasseur n’est pas un inconnu pour Pierre-Etienne Joye. Il l’avait invité à participer à l’émission Cartes sur table, qu’il a animée durant plusieurs années sur Radio Lac. «La cuisine me passionne de longue date, glisse le journaliste. J’ai toujours été curieux des goûts, dès mon enfance.» Après avoir longtemps observé sa maman, il apprend le b.a.-ba. «Ça a été comme une révélation lorsque j’ai fait pour la première fois des pâtes, tout seul.» Petit à petit, il se lance dans la confection de plats plus complexes. «Aujourd’hui, j’apprécie les plats authentiques, les mijotés, la simplicité avec de bons produits.»

Au-delà du commercial
Revenons-y, justement, aux produits. Par une excursion du côté de Genève et de ses vins. «J’ai commencé à m’intéresser à la gastronomie et à ses à-côtés, vers la fin des années 1990. Genève était alors au début de son renouveau», relève Pierre-Etienne Joye. Aujourd’hui, pas moins de 25 cépages sont cultivés dans ce canton, comme ce sauvignon gris de la Cave de Genève. «Il se marierait à merveille avec un plat de poisson. Il serait d’ailleurs temps de manger quelque chose d’un peu consistant!»

Le gastronome se laisse tenter par des saucisses du Valais. «J’apprécie les produits simples: un saucisson pur porc, par exemple, pas trop sec. Et j’aime le geste de couper qui ouvre le chemin vers le repas.» Sanglier, canard, bison, l’heure est à la découverte.

«Un tel salon est intéressant pour ça. Parce qu’il permet de connaître de nouveaux produits et de nouveaux producteurs, commente Pierre-Etienne Joye. Et ça fonctionne à condition que ces derniers aillent au-delà du geste commercial. Qu’ils montrent la diversité, qu’ils reviennent au centre, à la fabrication, au savoir-faire. C’est aussi une façon de montrer les limites de l’industrialisation.»

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