L’abattoir de Charmey doit fermer ses portes

| sam, 28. déc. 2013
L’abattoir communal de Charmey n’a pas obtenu l’autorisation d’exploiter. Le 29 janvier, l’Exécutif recevra les paysans pour chercher une solution. Le village héberge le dernier abattoir gruérien.

PAR SOPHIE MURITH

Le 31 décembre, l’abattoir communal de Charmey fermera définitivement ses portes. Il ne correspond plus aux normes en vigueur. Le Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (SAAV) ne lui a donc pas renouvelé son autorisation d’exploiter, échue depuis le 31 décembre 2008.
«Ce n’est pas une bagatelle, j’exploite l’abattoir depuis trente ans», réagit Frédy Grossrieder, son principal utilisateur, boucher à Charmey et accessoirement frère du syndic. «L’abattoir est quasiment nécessaire pour la vallée.»
Une vision locale de l’abattoir de Charmey a été effectuée par le service de l’Etat le 18 novembre 2011 pour définir les éléments à améliorer avant d’entreprendre une procédure pour l’obtention de l’agrément du SAAV.


Aménagements manquants
Dans la liste des modifications à apporter transmise à la commune le 16 septembre 2013, soit deux ans plus tard, deux aménagements principaux auraient dû être réalisés: une étable ou un local de stabulation protégé des intempéries et équipé d’abreuvoirs ainsi qu’un système pour fixer les animaux lors de l’étourdissement.
Il faut y ajouter une kyrielle de petits défauts relevés: un sol glissant, des carrelages cassés à plusieurs endroits, des câbles à repeindre, l’absence d’installation pour se sécher les mains et de distributeur pour le savon et le désinfectant, une lumière insuffisante pour le contrôle des viandes.
La chambre froide aussi aurait mérité une deuxième jeunesse, selon le SAAV. Relativement petite avec une capacité maximale de quatre bovins et six chèvres ou moutons, le service de l’Etat lui reproche d’être en partie rouillée et pas suffisamment haute. «Les carcasses des grands bovins pendent seulement à quelques centimètres au-dessus du sol.»
«Les travaux étaient un peu lourds pour la commune», reconnaît Frédy Grossrieder. Difficile, selon Félix Grossrieder, syndic de Charmey, de les chiffrer. «Sans compter que l’emplacement n’est plus justifié par rapport à la zone d’habitation, selon le règlement communal d’urbanisme.» Il rappelle que l’abattoir se trouve à proximité de la colonie du Petit Plan.


Une pétition sans résultat
Une cohabitation, qui ne pose aucun problème pour Frédy Grossrieder. «Les animaux arrivaient dans des remorques.» Selon lui, la principale raison  pour laquelle la commune ne veut pas réinvestir est qu’elle a  un autre projet pour cet immeuble.
Une pétition a été lancée par les paysans de la région. Signée par au moins deux députés, elle est restée lettre morte. «Je me suis battu durant deux ans, relève Frédy Grossrieder. Mais une fois la décision prise, il est impossible de faire revenir le SAAV en arrière.» La fermeture était prévue à la fin novembre. Une prolongation a pu être obtenue.
Le locataire de la commune abattait chaque année une septantaine de génisses et autant de veaux, ainsi que 50 à 70 agneaux. «La part des bêtes sauvages venant des chasseurs est minime, précise-t-il. Il ira désormais bouchoyer au Châtelard. Une solution avec quelques inconvénients. «Le trajet sera bien sûr plus long, note le Charmeysan. Et je n’aurai plus qu’un créneau le lundi entre 8 et 9 h.» Après cinquante ans passés dans le métier, Frédy Grossrieder espère encore travailler cinq ou six ans.
Un nouvel abattoir de petite dimension, qui coûterait entre 1,5 et 2 millions de francs, selon les estimations du syndic charmeysan, pourrait voir le jour ailleurs dans la commune. «Mais les principaux intéressés, les paysans, devront aussi participer financièrement.»
Une réunion avec les producteurs de viande et les bouchers de Charmey, Cerniat, Crésuz et Châtel-sur-Montsalvens ainsi que ceux de Bellegarde est d’ores et déjà agendée pour le 29 janvier, sur demande de Frédéric Ménétrey, directeur de la Chambre fribourgeoise d’agriculture. Il permettra à l’Exécutif de «connaître la position ou l’intérêt du milieu agricole».

 

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La fin des petits abattoirs
Avec la fermeture de l’abattoir de Charmey, de Bulle, de Marsens et d’Epagny ces dernières années, celui de Vaulruz reste seul sur le marché gruérien. «Cela ne va pas changer grand-chose pour nous, affirme Simon Rouiller, son propriétaire. Charmey n’avait pas un gros volume d’abattage.» Le responsable se laisse toutefois la possibilité d’augmenter le nombre de jours d’abattage hebdomadaire durant l’automne, une période d’activité plus intense. Sur les cinq que compte la semaine de travail, seules deux journées sont consacrées à abattre des animaux. Le jeudi matin, le créneau horaire pour les porcs, sera probablement élargi à la matinée entière.
Pour Simon Rouiller, la fin des petits abattoirs était annoncée. «Tous ceux qui n’ont pas investi ces dernières années pour se mettre aux normes ont fermé. Je trouve normal qu’une commune ne souhaite pas mettre de l’argent dans un abattoir. La rentabilité est difficile à atteindre.» SM


 

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