Salvatore Adamo, cinquante ans d’une carrière enchantée

| jeu, 05. déc. 2013
Il y a un mois, Salvatore Adamo fêtait ses cinquante ans de scène. Demain vendredi, il passe au CO2, avant d’entrer en studio au printemps 2014.

PAR CHRISTOPHE DUTOIT

Vous venez de fêter vos cinquan-te ans de carrière sur la scène du Cirque Royal, à Bruxelles. Racontez-nous ce concert…
C’était un peu particulier, puisque j’avais eu vent qu’il y aurait des surprises. Donc, j’étais sur mes gardes, ce qui a bien sûr augmenté mon trac. Richard Cocciante est venu chanter J’aime, en italien en plus. Je n’étais vraiment pas au parfum. Je m’apprêtais à démarrer ma version à la guitare et… le piano est parti. Un peu plus tard, Bénabar m’a rejoint pour chanter Vous permettez Monsieur.  C’était très touchant et amical. J’étais content de ces surprises, puis-que d’autres amis sont aussi montés sur scène, dont Michel Drucker, Laurent Gerra, Nikos Aliagas, Frédéric François et l’humoriste belge François Pirette.

Quel regard portez-vous sur votre carrière?
Je ne l’ai franchement pas vue passer. Si je n’avais pas quelqu’un qui tenait la comptabilité des années… Cinquante ans, c’est le genre d’occasion où on vous rappelle votre âge et vos années de chanson. Pour le moment, j’en suis encore à essayer de me convaincre que je suis passé de l’autre côté du siècle.

Sur scène, on a l’impression que vos chansons prennent encore davantage d’ampleur que sur disque, que vous respirez d’un bonheur assez rare. Quelle est votre recette?
Je suis content que vous me le disiez parce que c’est vrai, surtout pour les dernières chansons. La vie encore, par exemple, a beaucoup plus d’énergie sur scène. C’est vrai que j’en arrive à me dire, lorsque j’enregistre, “mais pourquoi vas-tu aller chercher cette note aussi haute, seul dans le studio”? Quand le public est devant moi, il faut que je me déchire la voix. En studio, j’essaie de la trouver en douceur.

Justement, on a l’impression, depuis quelques années, que vous touchez un nouveau public, plus jeune…
Depuis le nouvel engouement pour les chansons des années soixante, il y a douze ou treize ans, c’est vrai que j’ai vu venir petit à petit des plus jeunes aux concerts. Sans doute que les parents leur avaient transmis les chansons. Et puis, Arno chante depuis longtemps Les filles du bord de mer. Il a aussi contribué à ce que l’on m’écoute d’une autre oreille. Avant même Le bal des gens bien, l’album des duos, on m’a invité dans des festivals comme les Vieilles Charrues en 2007 ou les Terre-Neuvas en 2008, où je me suis trouvé, figurez-vous, à l’affiche avec les Sex Pistols (rires). J’aime bien cet éclectisme. Je le revendique. On m’a convié dans des lieux où on ne m’invitait pas auparavant. Je dois dire que, là aussi, je n’étais pas certain de mes repères. Quand je chante une nouvelle chanson, en concert «normal», je l’entoure de deux autres titres connus. Au cas où elle ne plairait pas et pour ne pas que l’ambiance tombe. Et là, je me suis dit: «Est-ce que les jeunes vont réagir pareillement face à Tombe la neige ou Mes mains sur tes hanches si jamais ma chanson moins connue ne leur plaît pas? C’est là que j’ai été vraiment surpris. Le public chantait comme s’il les connaissait depuis toujours. Ça m’a régénéré.

Comme Christophe est capable de chanter aussi bien Les marionnettes que ses nouvelles chansons, on a l’impression que vous ne faites pas de différence entre La nuit et La grande roue
C’est vrai. J’ose même des chansons plus ambitieuses. Et, parfois, elles sont plus applaudies que les anciennes. Les plus récentes sont reçues avec la même adhésion et la même chaleur. Pour le moment, je vis la période où je me sens le plus en adéquation avec le public. Vraiment. Bien sûr, toute une partie a mûri avec moi. Mais j’ai l’impression que les quelques problèmes que j’évoque dans des chansons un peu plus graves, les jeunes y adhèrent aussi dans une sorte de communion. La scène est l’espace où j’ai l’impression d’exister le plus depuis quelques années.

Pour parler de chansons plus revendicatrices, vous avez écrit Inch’Allah en 1966 et elle est toujours d’actualité…
Malheureusement. J’avais écrit une chanson contre le franquisme (Manuel) et, à un moment donné, je ne l’ai plus chantée, parce qu’elle n’était plus aussi utile. J’aurais bien aimé ne plus avoir à chanter Inch’Allah, au moins pendant une période. Et la reprendre après, de temps en temps. Pour le souvenir. Pour que les choses ne se répètent pas… J’ai changé la dernière strophe, pour faire un peu plus allusion à la souffrance… Cette chanson est encore plus lourde à chanter avec les années qui ont vu le conflit perdurer. Mais j’espère encore.

A contrario, vous avez écrit de magnifiques chansons que vous avez très peu interprétées, à l’exemple d’Une chose pareille, reprise par Juliette.
Je suis content que vous en parliez. Je l’ai chantée en public, à la fin des années septante. Mais j’avais une réaction tellement surprise de mon public de l’époque, qui la trouvait incongrue dans ma bouche. Je l’avais chantée au théâtre des Champs-Elysées devant des silhouettes de veuves un peu replètes. Mon public attendait peut-être des chansons plus naïves et plus consensuelles. Juliette en a fait une version qui me bouleverse. Son arrangement et la sobriété qu’elle met à la chanter ajoutent encore au cynisme final.

Prenez-vous connaissance de toutes les reprises que l’on fait de vos chansons?
J’en écoute pas mal. Au Japon, on a posé une plaque commémorative, il y a quelques années, pour la 500e version de Tombe la neige. Mais Sans toi ma mie, mon premier succès, est au moins aussi repris. J’en connais des versions grunges.

On a l’impression que vous avez une telle facilité à écrire des chansons. Comment trouvez-vous l’inspiration?
Je pense que c’est une question de curiosité et d’intérêt pour la vie. Je m’intéresse au temps que nous vivons avec tous ses chocs, plus rarement ses bonnes nouvelles. J’observe autour de moi et je m’inspire de ma vie privée, même si tout n’est pas autobiographique. J’ai cette empathie avec le monde qui m’aide beaucoup à écrire. J’avais voulu le montrer dans un roman sorti en 2001 (réédité en Italie cette année). Cet été, j’espérais en terminer un second, mais ce sont finalement les chansons qui sont venues. J’en ai écrit une vingtaine et je vais commencer à les maquetter prochainement.


La Tour-de-Trême, CO2, vendredi 6 décembre, 20 h.

L’intégralité de cette interview est à lire sur Beau vers l’œil, le blog culturel de La Gruyère, à l’adresse www.bloglagruyere.ch

Commentaires

Salvatore ADAMO est un monument incontournable de la chanson française, au même titre que J. Brel (qui lui a dédié un poème "Le tendre Jardinier de l'Amour"), G. Brassens, C. Aznavour ou bien encore J. Ferrat. Salvatore s'est trouvé fin des années 60, début 70, deuxième vendeur mondial de disques, juste derrière les Beatles et premier vendeur en Europe ! Ses déplacements et ses concerts provoquaient la même hystérie que celle pour les Beatles ! Il devançait ainsi et de loin, B. Dylan, les Rolling Stones, E. Presley et de surcroît, J. Hallyday, C. François, Sheila, S. Vartan et autres "Yéyés". Salvatore ADAMO, avec 6 langues parlées couramment, voire 7 avec le japonais, en est à présent à plus de 100 millions de disques vendus. Son génie n'a d'égal que son humilité, une humilité que seuls les grands de ce monde détiennent et dont ils ont le secret. Ambassadeur de l'UNICEF et par excellence de notre belle langue française à travers le monde, cet attachant sicilien, élevé au plus haut rang de Commandeur des Arts et Lettres par la France, est un monument incontournable de la chanson française, mais aussi un être exceptionnel de par ses richesses de coeur et d'esprit. La jeune génération montante de jeunes talents l'a bien compris. Ainsi, O. Ruiz, Bénabar, T. Dutronc, Raphaël, Calogéro, R. Luce, J. Doré, pour ne citer qu'eux, ont répondu spontanément présents dans le sublime album de duos de Salvatore ADAMO, "Le bal des gens biens", qualifié par la presse écrite de petit bijou. Il s'est vu décerné en septembre 2010, le Grand Prix International de Poésie Francophone, pour l'ensemble de son oeuvre et pour le rayonnement de la langue française qu'il représente à travers le monde. La médaille de ce Grand Prix lui avait été remise par le Président du Sénat français. Qui peut se vanter à l'heure actuelle d'un si beau et si brillant blason, un blason orné des plus belles distinctions honorifiques décernées au plus noble des Artistes ? Et la liste d'éloges est loin d'être exhaustive ! Oui Salvatore est un génie, reconnu par les vrais intellectuels de notre beau pays "France", comme François Mauriac qui était l'un de ses premiers admirateurs, ou bien encore par Jacques Brel qui lui a dédié ce poème "Le tendre jardinier de l'amour". Il n'a jamais été décrié et raillé que par une certaine catégorie de pseudos-intellos-narcissiques-snobards" qui ne brillent que par leur suffisance, en se regardant tous les jours le nombril, mais qui néanmoins n'osent pas se regarder le matin, dans leur miroir. Jamais cette citation n'a été aussi vraie pour cet immense Artiste : """Le poète a reçu de la nature la qualité qui distingue l'homme de génie : l'imagination.""" (Denis DIDEROT) Salvatore ADAMO est doté de richesses de coeur et d'esprit qui lui permettent d'avoir, ce don de créativité, cette source et cette imagination intarissables qui font de lui cet être exceptionnel, cet Artiste auteur-compositeur-interprète poète de génie, cet être attachant que tout le monde voudrait avoir comme Ami. Son dernier album studio, "La Grande Roue", est un précieux coffret renfermant toutes les émotions et tous les sentiments (des plus tendres aux plus vifs), qu'un être humain puisse connaître dans le vertige que nous procure la grande roue de la vie. L'amitié, l'amour, les joies, les fracas de la vie, tout y est. Sans être racoleurs, les sentiments sont déclarés avec pudeur et poésie, ceux d'un poète de génie dont la sensibilité et la grande classe sont toutefois, sans complaisance avec la vie. Grand respect à vous Monsieur Salvatore ADAMO, vous faites partie des Grands, des monuments de la chanson française, au même titre que G. BRASSENS, J. BREL, J. FERRAT ou bien encore C. AZNAVOUR. Chapeau bas et je vous le dis bien volontiers, même si ça doit heurter votre humilité, vous êtes un génie Salvatore ! Jean-Pierre de Brétigny-sur-Orge (Essonne)(FRANCE). Paru très récemment et à lire : "ADAMO 50 ANS DE SUCCES" par Thierry COLJON / vendu dans toutes les bonnes librairies.
je n'ai plus grand chose à ajouter à la suite de ce que met Martine ci-dessus car tout ceci est bien vrai, Salvatore vous êtes toujours le même depuis 1963, et vous continuez toujours de nous charmer avec vos belles mélodies, vos phrases, vos mots idées, sont incroyables, vous êtes vraiment un grand poète bises et un énorme merci
Voilà une interview qui réchauffe le cœur. Salvatore Adamo est un grand Homme, un poète, un interprète, un homme qui dégage tant de tendresse, d'amour pour son prochain ; il écrit des textes merveilleux qu'il sait interpréter avec autant d'amour, de professionnalisme. A ma connaissance, aucun chanteur de cette génération n'a tenu autant d'années sur scène et a un nombre incalculable de disques, de cd. Merci Salvatore de nous apporter autant de bonheur, de condescendance pour vos prochains, de votre intelligence.

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