«Jouer aux gentils, aux Pieds Nickelés»

| mer, 29. Jan. 2014
Deux Français de 21 et 25 ans ont été condamnés à quatre et cinq ans de prison ferme pour brigandage qualifié. L’un d’entre eux conteste les faits.

PAR ANGELIQUE RIME

Les arguments du procureur Philippe Barboni ont fait mouche. Mercredi, le Tribunal d’arrondissement de la Glâne a suivi ses réquisitions presque à la lettre. Il a condamné deux Français de 21 et 25 ans à quatre, respectivement cinq ans, de peine privative de liberté sans sursis pour brigandage qualifié. Une sanction de laquelle il faut déduire les presque quinze mois de détention provisoire effectués par les deux prévenus. La défense a d’ores et déjà annoncé qu’elle ferait appel de la décision.   
En septembre 2012, les deux comparses ont dévalisé le shop Le Colorado, à Mézières. Menaçant la vendeuse avec des armes factices, ils ont emporté 1600 francs. «Depuis l’agression, j’ai peur le soir dans la rue. A la maison, je ferme la porte d’entrée ainsi que celle de ma chambre. J’ai même commencé un nouvel apprentissage», a confié la victime, âgée de 20 ans au moment des faits.
Douze jours plus tard, les deux compères ont récidivé à la station essence Coop de Payerne. Toujours équipés d’armes factices, ils ont volé près de 4000 francs. Dernier brigandage en date, le 21 octobre 2012, devant un bancomat de la Banque cantonale vaudoise,
à Granges-Marnand. Peu avant midi, les deux Français s’en sont pris à un homme de 56 ans venu retiré de l’argent. Ils lui ont dérobé deux cents francs. «S’ils avaient pu, ils auraient vidé son compte», a déclaré l’avocat de la victime, Charles Munoz.


Faisceau d’indices clairs
Si l’homme de 21 ans a reconnu les faits, son comparse conteste son implication dans les brigandages de Mézières et de Granges-Marnand. «Aucun élément matériel ne prouve la culpabilité de mon client. Les indices restent des indices et n’ont pas valeur de preuve», a martelé son avocate Véronique Fontana. Le procureur s’est au contraire dit convaincu de la culpabilité du prévenu de 25 ans. Il a évoqué un faisceau d’indices «suffisamment clairs et précis»: la description physique faite par la victime correspond à celle de l’accusé, les traces de chaussures prélevées sur les lieux de l’infraction sont similaires à celles qu’il portait lors de son arrestation, le mode opératoire est semblable au brigandage de Payerne. «Les images prises par les caméras de vidéosurveillance sont criantes. Elles hurlent», a ajouté Charles Munoz.
Pour étayer ces indices, le Tribunal de la Glâne n’a pas pu compter sur l’appui de l’homme ayant avoué. «Il respecte “l’omerta”», a déclaré Philippe Barboni. «Vous avez dit vouloir aider les victimes à tourner la page. Alors dites-leur avec qui vous étiez!» lui a enjoint le président du tribunal Michel Morel. Réponse de l’accusé: «Il ne s’agit pas de l’homme assis à côté de moi.»


«Des criminels endurcis»
Avant de sévir en Suisse, les deux hommes ont été condamnés pour différents motifs (détention de stupéfiants, violence) dans leur pays d’origine: cinq fois pour celui qui a écopé de la peine la plus légère et douze pour son compère. Pour démontrer les qualités de ce dernier, son avocate a appelé à la barre un témoin de moralité, une avocate française qui le suit depuis près de dix ans.
«Sa vie s’est effondrée comme un château de cartes lorsqu’à 16 ans, son frère est venu lui annoncer qu’il avait tué son père. Il est alors entré dans un processus d’autodestruction. Mais c’est une bonne personne», a relaté le témoin.
Des paroles qui n’ont pas fait changer d’avis le procureur: «Ils veulent vous faire croire qu’ils sont de gentils garçons, qu’ils ne sont que des Pieds Nickelés. Il s’agit en fait de criminels endurcis et expérimentés. L’un des accusés a acquis des armes. Leurs téléphones portables, qu’ils ont laissés à leur domicile, étaient éteints pour que la police ne puisse pas les localiser pendant les infractions. Cagoulés et munis de gants, ils n’ont touché aucun objet à main nue.»
Dans leur plaidoirie, les deux avocates de la défense,  Aude Bichovsky et Véronique Fontana ont contesté la planification des actes qu’ont commis leurs clients, expliquant qu’ils avaient agi sur des «coups de tête» pour pallier leur situation financière critique.
 

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