«Pour retrouver un dialogue constructif avec les Riazois»

| mar, 21. Jan. 2014
Jérôme Schindler est le nouveau syndic de Riaz. Il prend la tête de l’Exécutif dans un contexte difficile. Interview.

PAR YANN GUERCHANIK

Le Conseil communal de Riaz est au complet. Les nouveaux élus Nicolas Dousse et Florian Sudan ont été assermentés hier soir. A la tête de l’Exécutif, on trouve Jérôme Schindler. Elu en 2006 sur la liste socialiste, il est responsable des achats stratégiques chez Liebherr Machines Bulle SA. «J’ai le soutien de mon employeur et de mon épouse, confie ce père de deux filles, âgé de 38 ans. Sans cela, je ne pourrais pas concilier ma fonction professionnelle et mon mandat politique.» Le nouveau syndic a du pain sur la planche. Il succède à deux syndics démissionnaires (Jean-Pierre Vallélian et François Charrière) et le climat n’est pas des plus sereins à Riaz: les dernières assemblées ont été houleuses et une hausse d’impôt a été récemment balayée.

Vous prenez la présidence du Conseil communal de Riaz dans un contexte délicat, comment comptez-vous aborder votre nouveau rôle?
Il faut renouer le dialogue, restaurer la confiance. Lors des dernières assemblées, on a clairement senti que les Riazois et le Conseil communal n’étaient plus sur la même longueur d’onde. Il y a eu de l’incompréhension, des réponses claires n’ont pas été données à des questions simples.
Plus de non-dits, mais au contraire de la transparence. Je ne suis pas censé tout savoir sur le bout des doigts. En cas de doute, je prendrai acte des remarques constructives et donnerai une information en retour le plus rapidement possible.
Il faut également que la stratégie du Conseil communal soit clairement affichée. De manière à ce que les citoyens avancent sur la même route et qu’ils puissent orienter au mieux nos choix. Il faut retrouver un climat constructif et le respect mutuel.

En décembre dernier, les citoyens ont refusé une hausse d’impôt. Quelle sera la politique du Conseil communal compte tenu de cette décision cruciale?
L’adaptation du taux d’impôt est un sujet qui reviendra, au plus tard lors de la prochaine assemblée du budget. Je pense que les citoyens ont bien compris de quoi il s’agissait, le message est passé. En revanche, certains ont tendance à considérer le budget d’une année, sans prendre en compte l’évolution de la dette. Aujourd’hui, chaque franc investi dans la commune équivaut à un franc de dette supplémentaire. On ne peut pas en arriver à 20 mio de dette, parce que, alors, on n’aura plus de capacité d’investissements.
Or, notre commune est en pleine évolution et nous avons besoin d’investir. Qu’on pense au futur CO: il représente certes un bénéfice financier, mais il nécessite des infrastructures qui nous incombent. On devra réaliser des ouvrages. La mobilité douce, la mise en séparatif des eaux… on parle là de gros sous.

Peut-on aller jusqu’à penser que Riaz pourrait couper un jour certains de ses services?
Perdre des prestations serait la moins bonne des solutions. Mais, avec une marge d’investissement qui diminue comme neige au soleil, les engagements qui sont les nôtres et un taux d’impôt qui stagne, il faudra bien se poser la question. On devra alors s’interroger sur le nombre d’employés que possède la commune. Peut-on encore se permettre un service de jardinage? Doit-on sous-traiter le déneigement? Le moment venu, les citoyens devront avoir toutes les informations nécessaires pour décider de ce qu’ils veulent faire de leur commune.

La vente du terrain pour le CO, du terrain à Champy-Sud (une centaine de villas y sont prévues), du bâtiment de la voirie: en assemblée, des citoyens mettent toutefois en avant des rentrées d’argent…
Bien sûr qu’à court terme cet argent va aider au cash-flow. Mais on a des engagements qui doivent être amortis au niveau de la dette. On doit rembourser des avances à terme fixe: si à chaque fois qu’on arrive à une échéance il faut emprunter pour rembourser, on n’y arrivera pas. D’autant plus si on continue à investir un million et demi par année. Cet argent est le bienvenu surtout pour stabiliser la progression de la dette. Quant à Champy-Sud, le projet est lancé et il va se concrétiser. Mais, pour l’instant, on n’a pas encore vu un coup de pelle. Ce ne serait pas sérieux de ma part de compter sur des revenus dont on n’est pas encore assurés.

Riaz connaît une forte croissance démographique et l’étiquette de cité-dortoir lui pend au nez, comment combattre ce problème?
Le Conseil communal va lancer une préétude sur l’évolution démographique en fonction des nouvelles constructions qui vont se faire notamment à Champy-Sud et à la rue de l’Hôpital. Cela nous permettra de savoir si le dimensionnement de l’école primaire est correct ou s’il faut déjà envisager un agrandissement. Dans ce dernier cas, on peut se demander si des synergies sont possibles avec le futur CO. Par ailleurs, ce dernier va nous aider à nous défaire de cette étiquette de cité-dortoir. Un nouveau dynamisme va s’installer, une nouvelle activité économique et artisanale va se créer là autour.
D’autre part, je fais partie du comité de la Société de développement de Bulle et environs et je pense qu’il faut placer à Riaz des activités qui y sont discutées. Organiser un vide-greniers par exemple. Ou, pourquoi pas, prolonger le Marché de Noël de Bulle, par une antenne à Riaz. Avec Mobul, on est très proches.

Justement, n’êtes-vous pas amené à penser région de plus en plus?
C’est une évidence. Tous n’ont pas compris les enjeux à ce niveau-là. Une association intercommunale veut dire participation financière, mais cela signifie aussi une augmentation d’un certain service en termes de loisirs, d’offre culturelle. Tout le monde est d’accord de supprimer le service du feu, mais on hésite beaucoup quand il s’agit de participations pour les musées ou la régionalisation des sports.
La croissance de Riaz est un défi. Elle ne doit pas inspirer la peur ou la crainte d’une diminution de la qualité de vie. C’est malheureusement le cas actuellement et j’aimerais faire en sorte que cela change.

 

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A propos de Conseil général et de fusion
Quels sont les chantiers sur lesquels va s’engager le Conseil communal de Riaz?
Nous allons peaufiner notre stratégie concernant la petite enfance et la personne âgée. Riaz a été l’une des premières communes à se doter d’un accueil extrascolaire vraiment flexible. Nous réfléchissons maintenant à une ouverture durant les vacances scolaires. Pour ce qui est de la personne âgée, il faut travailler à l’échelon régional, comme on le fait pour le Réseau santé et social. Sous l’égide du préfet, les choses bougent. Sur un territoire comme la Gruyère, il est raisonnable de penser qu’on peut travailler ensemble sur cette problématique.
D’autre part, j’ai l’intention d’aborder la question d’un Conseil général. C’est un sujet qui doit être débattu en assemblée. Selon moi, c’est une façon d’assurer un lien permanent avec les citoyens. Car, en dehors de l’assemblée des comptes et du budget, il ne se passe souvent pas grand-chose. Le transfert d’informations avec la population n’est pas assuré, même s’il existe le site internet communal et Le Riazois.
Avec un Conseil général et des commissions, on pourrait traiter les dossiers en profondeur tout au long de l’année, en assurant l’échange d’informations avec le Conseil communal. Je le vois clairement comme un outil de transparence et un outil qui permettrait d’établir une certaine confiance envers l’Exécutif. Actuellement, des dossiers pas suffisamment préparés se paient cash en assemblée. De même, le Conseil communal se voit sanctionné en assemblée parce que les citoyens veulent aller dans une direction qui n’a pas été considérée.

Au moment de traiter des divers, il est parfois question de fusion. Quelle est votre position sur le sujet?
Je ne veux plus que le sujet soit traité dans les divers. Il faut arrêter les bruits de couloir et parler clairement de fusion. Riaz n’est pas une île, elle est imbriquée dans la Gruyère. On a besoin des autres communes. Lors de la prochaine assemblée, j’aimerais qu’on aborde le sujet, quels sont les avantages, les inconvénients. L’idée serait aussi de lancer un sondage auprès de la population. On pourrait alors établir clairement si les Riazois veulent d’une fusion ou non. Et si oui, avec qui. Plutôt du côté de Bulle ou de la rive gauche? YG

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