L’église de Vuisternens va retrouver ses couleurs de 1819

| sam, 08. fév. 2014
L’église de Vuisternens-devant-Romont fait peau neuve. Fresques, autels et vitraux sont restaurés, lumière, électricité et chauffage remplacés. Coût des travaux: 1,1 million.

PAR ANGELIQUE RIME

Du sol au plafond, de la nef au chœur, l’église de Vuisternens-devant-Romont est envahie d’échafaudages. Installés aux différents étages de ces estrades provisoires, des peintres, des électriciens, mais aussi des restaurateurs s’affairent, en ce mardi après-midi, à donner une nouvelle jeunesse à ce bâtiment datant de 1819. Cette cure de jouvence a débuté en septembre 2013 et passe par la réalisation de travaux importants et hétéroclites: remise aux normes des installations électriques, changement du chauffage, de la lustrerie, des portes d’entrées latérales, amélioration du système de sonorisation, mise en place d’une aération contrôlée, réfection du plancher, des bancs et des peintures, restauration des œuvres d’art et entretien des vitraux.
Coût des travaux: 1,1 million de francs, dont quelque 264000 francs destinés au domaine artistique. «Nous avons eu quelques bonnes surprises lors des soumissions. Cela nous a permis, en plus de la restauration des fresques de la nef et du chœur, d’intégrer au montant initial la réfection du maître-autel, des autels latéraux, du chemin de croix en terre cuite et des vitraux, se réjouit Jean-Marc Mornod, président de paroisse. Nous avons aussi été largement soutenus par plusieurs fondations privées.»


Couleurs d’origine
Pour s’orienter dans les travaux de restauration, les professionnels ont effectué des sondages dans l’ensemble de la bâtisse. «Ils nous ont permis de dégager cinq pha-ses d’intervention, explique Olivier Guyot, un des restaurateurs responsables du chantier. En accord avec le conseil de paroisse et le Service des biens culturels, nous avons décidé de revenir aux teintes de 1819.»
De couleur gris-bleu avant le début des travaux, les murs de l’église deviendront tilleul. Les piliers et les corniches seront recouverts de différentes teintes de jaune. «Une peinture minérale sera apposée. Il y a quelques années, la dispersion était fréquemment utilisée. Mais cela crée une sorte de peau. L’humidité n’est pas absorbée et des gouttelettes se forment en surface, attirant toutes sortes de champignons», commente François Guex, collaborateur scientifique au Service des biens culturels.
Perchée à dix mètres du sol, une restauratrice peaufine les retouches de la fresque de la nef. «Nous avons débuté par une phase de nettoyage à sec. Cela permet d’enlever les poussières et les dépôts superficiels à l’aide d’une gomme synthétique. La fresque comportait également de nombreuses fissures, que nous avons colmatées, puis retouchées sans déborder sur l’original, détaille le responsable, Olivier Guyot. Certains croient que nous la repeignons! Au contraire, nous travaillons en suivant le principe de réversibilité: les prochains restaurateurs doivent pouvoir enlever notre travail sans que l’original soit davantage dégradé.»


Inauguration à la fin avril
Quelques mètres plus loin, deux de ses collègues s’activent à révéler une inscription, recouverte dans les années 1960. «Nous dégageons la dernière couche en date en travaillant avec des décapants. Il faut faire attention à bien gérer le temps de pause pour que le produit n’agisse pas trop en profondeur. Ensuite, nous aurons quelques retou-ches à faire et nous devrons encore reconstituer des jeux d’ombres et de lumières», raconte l’une d’entre elles, qui travaille sur ce chantier depuis novembre.
D’ici à quelques semaines, les échafaudages seront démontés pour que le chantier se termine dans les délais. Une messe inaugurale est prévue le 27 avril. Date à laquelle les paroissiens pourront découvrir leur nouvelle église, comme d’autres l’avaient déjà fait en 1819.

 

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Une fresque apocalyptique et rare


Réalisée par l’artiste tessinois Carlo Cocchi en 1819, la fresque de la nef mesure 14 m sur 10. «En général, les fresques au plafond des églises se répartissent en plusieurs compartiments. Dans le canton, le seul équivalent de celle de Vuisternens se trouve à Saint-Michel, à Fribourg», explique François Guex, collaborateur scientifique au Service des biens culturels. La fresque représente les chapitres 4 et 5 de l’Apocalypse. Soit lorsque saint Jean décrit une de ses visions: un homme assis sur un trône, autour duquel se trouvent quatre animaux «remplis d’yeux» et vingt-quatre vieillards vêtus de blanc. «Cette représentation est assez rare, indique François Guex. C’est une scène grandiose, qui n’est pas facile à transposer en peinture.»
Dernière spécificité de cette fresque, sa technique de réalisation. «Les fresquistes peignaient sur la dernière couche d’enduit, du mortier de chaux, alors qu’elle était encore fraîche. Si bien que les couleurs se lient complètement avec le fond, décrit Olivier Guyot, un des restaurateurs responsables du chantier. Il fallait donc qu’ils soient assez rapides, même s’ils avaient tout de même quelques heures devant eux.» François Guex ajoute que, grâce à cette technique, les couleurs «gardent leur fraîcheur» une fois la fresque nettoyée. AR

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