Liebherr Machines Bulle SA investit plus de 200 millions de francs sur son site bullois

| ven, 07. fév. 2014
D’ici à 2020, Liebherr investira plus de 200 millions de francs sur son site de Planchy. En tout, 300 emplois devraient être créés. Construction d’un centre logistique, extension des zones de production: la capacité d’usinage augmentera de 75%.

PAR THIBAUD GUISAN

Liebherr met les gaz à Bulle. Et c’est peu dire: d’ici à 2020, le groupe industriel spécialisé dans la production de machines de chantier investira plus de 200 millions de francs sur son site de Planchy. Ce plan de marche devra déboucher sur la création 300 emplois supplémentaires.
L’annonce a été faite vendredi en conférence de presse. Le message: le groupe Liebherr donne un signal fort sur le lieu où est installé son siège international (depuis 1982). «Le but premier est de pérenniser le site de Bulle», a expliqué Claude Ambrosini, directeur de Liebherr Machines Bulle SA. Cette volonté passe donc par de gros investissements dans l’outil de production de la filiale gruérienne du groupe.
Spécialisée dans la fabrication de moteurs diesel et à gaz mais aussi dans la fabrication de composants hydrauliques (servant par exemple à entraîner des chenilles ou à activer les bras articulés d’une pelle mécanique), Liebherr Machines Bulle verra sa production dopée. «Notre chiffre d’affaires, de 382 millions de francs en 2013, devrait plus que doubler d’ici à 2020», annonce Claude Ambrosini.


Trois gros morceaux
Le plan d’investissement comprend trois gros objets: la construction d’un centre logistique (31 millions de francs), la création d’un bâtiment pour le développement et la fabrication de systèmes d’injection (27 millions de francs) et l’extension des capacités – presque doublées – des stands d’essai de moteurs (84 millions de francs). A l’intérieur des halles existantes, les lignes de production seront réorganisées.
Ces nombreux aménagements terminés, la capacité d’usinage du site bullois augmentera de 75%. Le nombre de collaborateurs attachés à la production passera alors de 100 à 280. Fin 2013, Liebherr Machines Bulle employait 984 collaborateurs. Dans le détail, l’usinage sera multiplié par trois pour les moteurs en V, il augmentera de 50% pour les moteurs en ligne et d’un tiers pour les composants hydrauliques. Enfin, l’usinage des composants de système d’injection sera multiplié par douze.
Si Liebherr Machines Bulle met les bouchées doubles, c’est que les perspectives sont favorables. L’entreprise héritera notamment de travail de sa société sœur de Colmar, en Alsace. Elle lui produira, entre autres, d’énormes blocs moteurs de 20 cylindres. Ces éléments, près de deux fois plus hauts que la taille humaine, pourront être intégrés dans des engins travaillant dans les mines.


Un nouveau virage
Mais, surtout, les éléments produits à Bulle seront de plus en plus vendus à des clients extérieurs au groupe Liebherr. «Des contrats ont été signés et d’autres sont en train d’être négociés pour des moteurs diesel et des systèmes d’injection, dévoile en aparté Claude Ambrosini. Et ces contrats portent sur la durée.»
Membre de la direction de Liebherr International, Denis Zosso confirme. «La demande interne au groupe Liebherr est trop petite, alors que les frais de développement des moteurs et des composants sont très élevés. Il est donc nécessaire de trouver des clients tiers.» Le virage avait été annoncé à la dernière Bauma, la gigantesque foire des machines de chantier organisée tous les trois ans à Munich (La Gruyère du 20 avril 2013).
Longtemps unique producteur de moteurs du groupe Liebherr – depuis peu Colmar s’y est mis – Liebherr Machines Bulle voit ses positions confortées. La cherté des salaires suisses n’a, semble-t-il pas joué en sa défaveur pour la famille Liebherr, actionnaire unique du groupe. «Cet aspect a évidement été analysé, explique Claude Ambrosini. Il est clair que la France, l’Allemagne, la Pologne ou la Roumanie proposaient des sites concurrents. Les salaires sont plus élevés en Suisse, mais les charges sociales sont aussi plus hautes dans les pays qui nous entourent. A la fin, ça revient 10 à 20% plus cher de produire en Suisse.»
Liebherr espère trouver la main-d’œuvre recherchée à proximité, malgré la difficulté à trouver certains profils. «D’ailleurs, 80 postes sont ouverts aujourd’hui», rappelle Claude Ambrosini. Pour remédier à la pénurie de spécialistes, l’entreprise soutient depuis 2012 une filière à la Haute Ecole d’ingénieurs de Fribourg. «Depuis son lancement, six jeunes ont intégré l’entreprise.»


Depuis 1978
Liebherr Machines Bulle a été créée à Bulle depuis 1978. «L’investissement annoncé aujourd’hui est supérieur à ce que Liebherr avait injecté à son arrivée», compare Denis Zosso. C’est dire le poids de l’annonce faite vendredi.

 

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La moitié de fonds propres


Un mois quasiment jour pour jour après l’annonce de l’implantation de PharmaFocus à Romont (garant de 200 emplois à cinq ans), le gros plan d’investissement annoncé par Liebherr permet à l’économie fribourgeoise d’entamer l’année 2014 en fanfare. Les politiques se sont déplacés en nombre vendredi lors de la conférence de presse. Trois conseillers d’Etat – Beat Vonlanthen, Maurice Ropraz et Georges Godel – ont pris la parole pour saluer la nouvelle.
La question du soutien du canton à un tel investissement a forcément été posée. Claude Ambrosini a rappelé «que le groupe Liebherr n’a pas pour politique de créer des sites ou de les agrandir en fonction des subventions qu’il peut obtenir». Le directeur de Liebherr Machines Bulle a précisé qu’au moins la moitié de l’investissement sera financée par des fonds propres, avec des compléments par emprunt bancaire. «C’est la règle chez Liebherr.» Un groupe international fort de près de 40000 employés dans le monde et qui a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 11 milliards de francs en 2013.
Président du Conseil d’Etat et directeur de l’Economie et de l’emploi, Beat Vonlanthen a ajouté «que le canton était prêt à analyser ses possibilités de soutien et sa marge de manœuvre à l’intérieur du cadre légal». Il a ajouté qu’une task force avait été créée avec la Promotion économique et le Service des constructions et de l’aménagement pour accompagner ce projet.
Le syndic de Bulle Yves Menoud a dit la «nécessité pour la commune de compter de nouveaux emplois pour ne pas devenir une cité-dortoir». En aparté, il calcule que, avec 300 emplois supplémentaires, la région pourrait voir arriver 700 nouveaux habitants. «L’investissement de Liebherr renforce l’attractivité de la commune, même s’il faudra consentir à de nouvelles dépenses pour des infrastructures de qualité, au niveau scolaire ou des transports. Nous trouverons des solutions. Notre limite, c’est le Plan d’aménagement local qui fixe une limite à 35000 habitants pour 2025.» TG



 

Commentaires

Les bâtiments de Liebherr son très bien comme ils sont. Et si vous allez voir le tout nouveau centre de logistique ils ont fait des efforts sur l'aspect extérieur.
Pourquoi investir puisque, ce dimanche, la Suisse s'est tirée une balle dans le pied, les personnes qualifiées auront toujours le choix de leur destination, les pays émergents offrent de nombreuses possibilités.
C'est une excellente nouvelle ! Est-ce qu'il est toutefois prévu de moderniser (au moins) l'aspect extérieur des bâtiments existants ? Ils ne sont plus vraiment en phase avec la modernité des autres bâtiments alentours :)

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