Fruits et légumes, un marché en pleine évolution

| jeu, 20. mar. 2014
Le secteur des primeurs connaît des modifications importantes. Rumo Primeurs SA appartient désormais au groupe lausannois Léguriviera. La vive concurrence pousse les structures régionales à se regrouper pour résister.

PAR SOPHIE MURITH


En quelques jours, le paysage régional de la distribution de fruits et légumes a changé. Rumo Primeurs SA, dernier distributeur implanté en Gruyère, rejoindra dès le 1er avril, Léguriviera, un groupe lausannois actif, notamment, sur l’arc lémanique. Le contrat a été signé mardi et ses clients en seront informés dès aujourd’hui.
A la même date naîtra Culturefood, fruit de l’union entre Rolle primeurs en gros SA, QLC SA, à Vevey, et QLC Moret Shop SA, à Martigny. La nouvelle entreprise emploiera 120 personnes. Actuellement, Rolle primeurs en gros compte une quarantaine de collaborateurs.
 Deux exemples symptomatiques d’une nécessité: grandir ou disparaître d’un marché très volatil. «L’année 2011 a été pénible au niveau des résultats – les volumes étaient bons, mais il y a eu un affaissement général au niveau des prix, car les conditions excellentes ont permis une production abondante, explique Laurent Rumo, à la tête de l’entreprise familiale depuis 2005. L’année suivante, nous avons mis les bouchées doubles pour relever la barre, en portant notre effort principalement sur les achats.» Finalisés au printemps 2013, les résultats ne sont pas «flamboyants. Je me suis dit qu’il y avait des signaux à interpréter.»
D’autant plus que le chiffre d’affaires de l’entreprise gruérienne (2,3 millions en 2013) dans le secteur de la distribution, dépend principalement de grandes structures. Une directive venue d’en haut et son contrat de fournisseur peut passer à la trappe. «Le chef de cuisine ou le responsable des achats n’y est pas le décideur. Nous ne pouvons donc pas nous fier à notre relation de confiance.»
Un cas qui s’est notamment produit avec l’HFR. L’institution cherchait un fournisseur capable de livrer ses trois sites du Sud. Ce qui n’était pas le cas de Rumo Primeurs, qui reste le numéro deux de l’approvisionnement de l’hôpital de Riaz.
«Nous sommes un partenaire trop fluet, estime Laurent Rumo. En termes entrepreunariaux, il aurait été irresponsable de rester autonome, vu ma taille et ma structure.» Les généralistes de son envergure ont quasiment disparu de Suisse romande, si on exclut les petits producteurs. «La plupart se sont déjà spécialisés.» Ce constat le pousse à chercher à se rapprocher d’une entité plus importante.
Parallèlement, Rolle primeurs en gros entre dans la même réflexion. «La concurrence est de plus en plus vive et pointue, déclare Jean-Paul Baechler, directeur de Rolle primeurs en gros et bientôt codirecteur de Culturefood. Les grands distributeurs ont les dents de plus en plus longues.» Il rappelle que Coop et Migros ont créé des entreprises filles pour attaquer le secteur.
Outre la concurrence, Jean-Paul Baechler évoque la pression sur les prix. «Il y a vingt ans, la part qu’occupait l’alimentation dans les dépenses d’un ménage s’élevait à 20%. Aujourd’hui, elle vient de tomber en dessous de 8%.»


Un accord qui capote
«Ce regroupement nous permet une synergie intéressante et d’être présents sur toute la Suisse romande, relève Jean-Paul Baechler. Notre assortiment sera étoffé et nous pourrons rationaliser et concentrer les livraisons. Un plus pour l’environnement.»
Dans un premier temps, Rumo Primeurs devait faire partie de l’aventure. L’accord concernant le futur personnel de Laurent Rumo au sein de l’entreprise n’a finalement pas abouti. En revanche, les quatre employés travaillant pour la distribution chez le Tourain, ont été embauchés par Culturefood. «Pour leur assurer un travail dans la région», précise Laurent Rumo.

 

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Le magasin de Bulle reste ouvert
Lorsque l’entreprise Rumo fera partie de Léguriviera, dès le 1er avril, peu de changements seront notables pour les clients du magasin du passage de l’Union, à Bulle. «J’avais à cœur de le conserver.» Les sept vendeuses resteront salariées de Rumo Primeurs. «La seule chose qui changera pour elles, c’est l’approvisionnement qui sera simplifié puisqu’elles n’auront plus qu’à téléphoner à la maison mère.» En 2013, le chiffre d’affaires dégagé par le magasin s’élevait à 550000 francs.
Laurent Rumo entrera à la direction de Léguriviera. En plus d’un poste dans un secteur plus «premium», pour répondre aux exigences des clients plus pointilleux, comme les grands chefs romands, il s’occupera de ses clients gruériens et tentera d’étendre son marché vers Fribourg. «Une manière de garantir la continuité. L’important pour les clients, c’est surtout un bon produit et un bon service, peu importe le logo sur la facture.» Un point sur lequel il rejoint Jean-Paul Baechler,  directeur de l’entreprise Rolle primeurs en gros, qui conclut: «J’espère que nos clients ne verront pas la différence, si ce n’est peut-être les camions, aux couleurs de Culturefood.» SM

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