Surface agricole polluée à l’arsenic près de la verrerie

| sam, 22. mar. 2014
La présence d’arsenic a été détectée dans 6000 m2 de terrain en zone agricole et d’activité. Une interdiction de pâture et un assainissement partiel seront ordonnés.

PAR ANGELIQUE RIME

Quelque 6000 m2 de terrain situés entre la verrerie de Romont et l’abbaye de la Fille-Dieu contiennent de l’arsenic à des taux qui présentent un risque possible ou avéré pour la santé. Tels sont les résultats obtenus à la suite de prélèvements effectués dans la zone industrielle de Bocheferra entre 2013 et 2014, sur demande du Service de l’environnement (SEn).
Les sols ont vraisemblablement été pollués à cause des poussières émises par les cheminées de l’usine, actuellement propriété de Erie-Electroverre SA, entre 1935 et 1995, année où un système de filtration a été installé. Dans l’industrie du verre, l’arsenic est utilisé pour garantir la transparence de la matière. «Ces résultats nous ont surpris, a commenté Marc Chardonnens, chef du SEn, vendredi en conférence de presse. Deux campagnes d’analyse avaient déjà été réalisées en 2002 et en 2006 selon un modèle de propagation des poussières venant de la verrerie. Les résultats ne dépassaient pas le seuil d’investigation.»
Dans le détail, 26 analyses ont été réalisées sur une surface totale de près de dix hectares. Les 94% du périmètre étudié ne sont pas ou légèrement pollués. «Cet indicateur se rapporte à la fertilité du sol, explique Barbara Gfeller Laban, responsable des sols au SEn. Celle-ci peut être entravée à long terme, mais aucune mesure ne doit être prise.»
Deux emplacements situés en zone agricole (2500 m2) présentent des teneurs en arsenic avec un «risque possible pour la santé». «Des interdictions de pâture et des restrictions par rapport à certaines cultures devront être ordonnées.»


Bétail sur les zones polluées
Les points les plus problématiques (en rouge sur l’illustration) se situent à proximité immédiate de la verrerie. Une surface de 2000 m2 en zone agricole, appartenant à l’abbaye de la Fille-Dieu, et une autre de 1400 m2 en zone d’activité montrent une pollution considérée comme «dangereuse pour la santé». «Du bétail a pâturé dans cette zone, mais la parcelle est grande, relativise Marc Chardonnens.  Il est difficile de trouver dans la littérature des informations substantielles attestant un transfert de l’arsenic dans le lait.»
L’exploitant a été mis au courant pour éviter de poursuivre l’exposition. «L’arsenic reste principalement dans le sol et ne touche que peu les plantes, a également précisé Barbara Gfeller Laban. Les risques de transfert augmentent lorsque les animaux, tels que les moutons, mangent les plantes jusqu’à la racine et ingèrent de la terre.»
Une clôture a déjà été installée autour de la zone d’activité polluée, propriété de l’usine, pour en exclure l’accès. Quant à la zone agricole, un assainissement devra être entrepris. «La méthode n’est pas encore arrêtée. Nous pourrions remplacer la terre polluée par de la matière saine ou changer l’affectation de la zone», expose Marc Chardonnens.
Reste également la question du financement des travaux. «Des discussions devront être menées», indique le chef de service. Représentant Erie-Electroverre SA, Me Philippe Leuba déclare que l’entreprise «ne se sent pas concernée par tout ce qui date d’avant 1982». Jusqu’à cette année-là, l’usine appartenait en effet à Electroverre Romont SA. «Tous les actifs et les passifs n’ont pas été repris, précise l’avocat. Les deux entités sont donc bien séparées.» Et d’ajouter que, «à priori, les investissements ne devraient pas être trop importants».


Analyse sur la décharge
Des investigations ont également été menées sur l’ancienne décharge de l’usine, où des déchets de verre, de dolomie et de briques réfractaires enrichis en arsenic, ont été déversés de 1935 à 1975. «Ce site, proche de la Glâne, est inscrit au cadastre comme site pollué depuis 2008, a déclaré Romano Dalla Piazza, responsable des sites pollués au SEn. Des campagnes d’analyse ont cours depuis les années 2000.»
Huit prélèvements d’eaux souterraines à proximité immédiate de la décharge présentent des taux d’arsenic largement supérieurs aux valeurs limites. «Mais aucun dépassement n’a été mesuré directement dans la Glâne, précise Romano Dalla Piazza. Toutefois, des analyses détaillées vont se poursuivre dès avril.»
 

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