Une saison de ski décalée, mais satisfaisante

| mar, 11. mar. 2014
C’est une saison moyenne qui tire vers sa fin dans le Sud fribourgeois. Mal partie, elle finit en beauté, mais un peu tard, alors que les gens n’ont plus envie de skier. Bilan.

PAR JEAN GODEL ET XAVIER SCHALLER

Finalement, l’or blanc n’a pas vraiment manqué, mais il est arrivé petit à petit, et surtout tardivement, juste après Noël. Puis, au cœur de la saison, de nombreux week-ends de mauvais temps ont plombé la fréquentation et les chiffres d’affaires. Bien enneigée, la semaine de carnaval a compensé un peu ce retard, mais elle arrive bien tard. Au final, une bonne saison, sans plus.


Charmey
Même si le nombre de jours ouverts (83) a diminué par rapport à l’an passé, les ventes d’abonnements ont progressé de plus de 10%. «La saison a très bien commencé et se conclut de la même manière», note Christophe Vallet, président de Télécabine Charmey-Les-Dents-Ver-tes en Gruyère SA. «Pour que les gens viennent, les bonnes conditions d’enneigement ne suffisent plus. Il faut aussi du soleil.» Les vacances de Noël ont ainsi donné peu de bons jours, mais qui ont attiré de nombreux skieurs.
En janvier et février, la fréquentation a été plus faible que l’année passée. «Mais la station n’en a pas pâti», estime Christophe Vallet, qui parle là en sa qualité de directeur de l’Office du tourisme: «Les hébergements n’ont pas connu le même creux que les remontés mécaniques.»
La nouvelle piste destinée au ski de randonnée a donné satisfaction. «Nous accompagnons ainsi un certain déplacement vers les raquettes et les peaux de phoque.» Grâce à cette offre, le restaurant sommital a connu une excellente fréquentation lors de ses ouvertures nocturnes. La gratuité des abonnements pour les enfants jusqu’à 9 ans a attiré beaucoup de familles et offert une publicité bienvenue à la station. Enfin, même si l’enneigement est encore suffisant, les pistes fermeront le 16 mars.

Moléson
Une saison moyenne. Voilà comment Antoine Micheloud, directeur des Remontées mécaniques de Moléson, qualifie cet hiver. La saison a commencé tard, avec une première neige tombée le 26 décembre: «En fait, on n’a jamais eu de grosses chutes de neige.» Si l’enneigement s’est amélioré en février, le temps a alors joué des tours, privant de soleil quasiment chaque week-end durant de longues semaines. «Or la clientèle journalière représente environ 80% de notre chiffre d’affaires. En cas de beau temps, les rentrées du week-end dépassent celles du reste de la semaine.»
Ouvert jusqu’au 23 mars, le Moléson pourrait atteindre les nonante jours d’ouverture, un chiffre dans la moyenne des dernières saisons – on en est actuellement à huitante. Mais l’affluence et le chiffre d’affaires sont en baisse de 15% pour la semaine de carnaval, et même de 20 à 30% sur l’ensemble de la saison par rapport à une saison complète (ouverture précoce, bonnes fêtes de Noël et de carnaval, nombreux week-ends ensoleillés). «Les gens n’ont plus la tête à skier, constate Antoine Micheloud. En plaine, ils ont encore l’impression d’attendre l’hiver.»
Pour autant, les abonnements de saison n’ont jamais aussi bien fonctionné, que ce soit ceux des Alpes fribourgeoises que ceux de la station. Mais la gratuité jusqu’à 9 ans offerte par Charmey ou Gstaad se fait clairement sentir: «Nous devrons réagir», avertit Antoine Micheloud. Si les skieurs sont en légère perte de vitesse, Moléson attire toujours plus de piétons (pour le panorama et pour la luge). «Cette année, c’est flagrant. Il y a là un vrai potentiel.»
Par ailleurs, la station, propriétaire de ses restaurants, a repris la gestion de la Pierre à Catillon et du restaurant sommital. Une société d’exploitation a été créée. Antoine Micheloud en attend de meilleures conditions d’exploitation et une amélioration de l’offre: «Nous voulons développer la gastronomie qui, avec le paysage et les randonnées, sont les trois raisons principales qui, selon un sondage, motivent les touristes à fréquenter la montagne en été.» Les autres restaurants ne sont pour l’instant pas concernés.

La Berra
Un départ tardif (ouverture le 21 décembre), des fêtes difficiles, janvier moyen, février bon, carnaval excellent: La Berra a connu une belle montée en puissance avec, à ce jour, 78 jours d’ouverture. Même si le décalage des bonnes conditions en fin de saison fait que «les gens n’ont plus trop envie de skier», selon le constat de Philippe Gaillard, chef d’exploitation. Grâce à ses canons à neige, la station a bien su gérer l’enneigement. «On a toujours eu de bonnes conditions au-dessus de 1000 mètres alors qu’en bas, il n’y avait quasiment rien. On a rarement vu ça.»
Bien sûr, le nouveau télémixte a fait son effet: «On a eu énormément de piétons.» Beaucoup de familles ont aussi été attirées par la possibilité de monter facilement au sommet avec leurs enfants. «Le télémixte, c’est une autre dimension», s’enhardit Philippe Gaillard. Autre constat: les gens, bons et moins bons skieurs, skient plus, attirés par la perspective d’une longue descente depuis le sommet, désormais facilement accessible. Au final, la fréquentation a augmenté d’au moins 20% par rapport à l’an dernier. Suivant les conditions météo, la Berra restera ouverte jusqu’à la fin du mois.

Bellegarde
Thomas Buchs, responsable des remontées mécaniques de Bellegarde, ne donne pas encore de chiffres, mais la saison a été globalement moyenne. Peu de neige et une météo maussade ont péjoré les résultats des vacances de Noël, avec quand même quelques bons jours. Résultat plus réjouissant pour la pause de carnaval, avec de meilleures conditions.
Principal sujet de satisfaction pour la station, la piste de luge nouvellement créée: «Les bons week-ends, 200 à 300 lugeurs ont profité de l’attraction,» selon Thomas Buchs. La station sera ouverte tous les jours jusqu’au dimanche 16 mars, puis les week-ends selon les conditions d’enneigement.

Les Paccots
Cette 75e saison de la station veveysanne est jugée bonne par Renée Genoud, présidente du conseil d’administration du Monte-Pente Corbettaz. Même si les Paccots n’ont pu ouvrir qu’à partir du 27 décembre et ont ainsi perdu une partie des relâches de fin d’année. Le retard d’ouverture a aussi ralenti la vente des abonnements de saison. Les vacances de carnaval ont finalement rattrapé la situation, avec deux semaines magnifiques. Accueillant beaucoup de skieurs des deux cantons, la station compte autant sur les vacances scolaires vaudoises que fribourgeoises.
Les échos sont très favorables concernant le nouveau bar igloo, installé sur la piste de Borbuintse, même si les chiffres d’exploitation ne sont pas encore disponibles.
Les pistes resteront ouvertes cette semaine, voire plus tard suivant la situation météorologique. Même s’il y a eu beaucoup de neige en fin de saison, la couche de fond n’a jamais vraiment pu se former. «Nous aurons peut-être aussi un problème de personnel, confie Renée Genoud. Les agriculteurs qui travaillent chez nous en hiver sont pressés de rentrer, puisque la neige a déjà fondu en bas.»

Rathvel
«Finalement nous ne sommes pas trop déçus. Et même assez contents.» Propriétaire des installations, Alexis Tâche parle d’une saison normale avec, pour l’instant, 72 jours d’ouverture – la station ne fermera qu’à l’issue du week-end prochain. «Il y a encore énormément de neige, les gens sont tout étonnés.» Alexis Tâche parle pourtant d’une baisse d’environ 15% du chiffre d’affaires. «On n’a eu que peu de week-ends de beau.»  Rathvel peut compter sur une clientèle familiale fidèle. La station n’a donc pas souffert de l’effet nouveauté alimenté, ailleurs dans le canton, par des installations flambant neuves.

La Chia
«On a skié toute la semaine de carnaval, les pistes étaient parfaites. C’était trop beau!» L’enthousiasme d’Yves Grandjean, président du Monte-Pente Bulle SA, fait plaisir à entendre. Si elle n’a pu débuter qu’au début janvier, la saison de la petite station bulloise se termine en beauté, avec d’ores et déjà 21 jours d’ouverture. «Grâce aux nuits froides et si le beau se maintient, on risque bien d’ouvrir le week-end prochain», parie Yves Grandjean.
Le président souligne aussi le très bon entretien de la piste qui s’est toutefois concentré sur la Bergère. Seul bémol: le peu de monde venu à La Chia, malgré les conditions. Ce qui fait que, comme d’habitude, les revenus de la buvette, louée et ouverte, elle, toute l’année, dépasseront sans doute ceux du ski-lift.

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