«On va se poser beaucoup de questions et relever la tête»

| jeu, 10. avr. 2014
En se faisant éliminer en demi-finale par Kloten, le club n’a pas atteint ses objectifs. Une élimination qui laisse un goût d’inachevé et qui soulève de nombreuses questions. Le président, le directeur et l’entraîneur y répondent.

PAR THIBAUD GUISAN ET VALENTIN CASTELLA

«L’objectif, c’était d’être champion.» Président de Fribourg-Gottéron, Charles Phillot assume. «Cette élimination reste un échec. Je comprends la déception. Tout ce que je peux promettre, c’est qu’on va se poser beaucoup de questions et relever la tête pour donner enfin à Gottéron ce qu’il mérite.» En clair: le premier titre après septante-six ans d’histoire…
Cette année devait pourtant être la bonne, tant les Fribourgeois semblaient armés. Mais Kloten et leurs performances en dents de scie en ont décidé autrement. Mardi, ils ont encore failli en se montrant incapables de contrer un adversaire plus vif, volontaire et mieux en place.
Battus 4-2 dans la série, les Dragons se consolent en se disant qu’ils ont disputé une troisième demi-finale consécutive: «Ça ne remplace pas le rêve d’être champion, mais on reste dans la cour des grands», note Charles Phillot. Le directeur général Raphaël Berger ajoute: «Pour certaines équipes, se retrouver à ce niveau est positif. De notre côté, nous avions mis sur pied un groupe pour viser le titre. Cette désillusion est le prix à payer de nos ambitions.»
Deuxièmes du championnat régulier, les Dragons n’ont  jamais su se montrer constants cette saison. En soufflant le chaud et le froid, les hommes d’Hans Kossmann ne sont pas parvenus à hausser leur niveau en play-off, lorsque les rencontres devenaient plus intensives.
La faute notamment à un jeu défensif jamais performant. Les Fribourgeois avaient eu, avant l’affrontement face à Kloten, les moyens de compenser cette faiblesse grâce à un secteur offensif efficace. En demi-finale, les choses ont été tout autres. Les nombreuses erreurs de relance et de marquage ont parfaitement été exploitées par leurs adversaires, alors que, devant les filets de Gerber, les habituels buteurs ont été absents.
De plus, aucun joueur n’a semblé avoir les moyens de tirer l’équipe en avant: «Certains éléments ont réalisé des performances en dessous des attentes, reprend Raphaël Berger. Ils avaient franchi un palier la saison dernière et ils n’ont pas réussi à se maintenir à ce niveau. Ce qui ne leur a pas permis de prendre ce leadership.»


Un excès de confiance?
On l’a vu: un groupe costaud et talentueux sur le papier n’est rien sans un certain état d’esprit. Bien sûr, les Fribourgeois ne font plus figure de petits et peuvent se reposer sur d’autres arguments que la solidarité. Mais, face à Kloten, lorsque l’équipe était malmenée, il a manqué un vent de révolte. Les Dragons se sont-ils vus trop beaux? «Les Zurichois avaient peut-être plus faim que nous, confirme Raphaël Berger. Ils sortent de deux saisons difficiles et avaient tout à gagner, alors que nous avions tout à perdre.»
Le président complète: «Je n’ai pas ressenti une impression de suffisance ni même d’arrogance. Toutefois, je souhaite que chacun se pose la question de savoir pourquoi il n’a pas atteint le niveau qu’on attendait de lui. C’est ce que j’ai dit à l’équipe mardi soir. Je compte sur une réaction d’orgueil.» Pour progresser, les Fribourgeois devront trouver le bon mélange entre sport-bu­siness et esprit de groupe ca­pable de renverser des montagnes.


Hans Kossmann confirmé
Le potentiel était pourtant au rendez-vous. La question est de savoir si Hans Kossmann a été capable de l’exploiter et s’il est toujours l’homme de la situation. «Je n’ai rien à lui reprocher, coupe Charles Phillot. M. Kossmann est sous contrat la saison prochaine et je ne remets pas en cause cet état de fait. Nous allons réfléchir ensemble à ce que nous pouvons améliorer.»
Raphaël Berger approuve: «A court terme, peut-être qu’on peut remettre en cause certains choix. Mais nous ne fonctionnons pas avec cette mentalité. Le travail qu’il fournit sur la durée est de qualité. Cette élimination ne doit pas remettre en cause tout le travail effectué et faire oublier qu’en sept ans, nous avons atteint la demi-finale à cinq reprises.»


Un étranger à dénicher
La ligne fribourgeoise est claire. Aucun bouleversement n’est à l’ordre du jour. La grande majorité des joueurs helvétiques sont encore sous contrat. Seul Huber, le deuxième gardien, s’en va. Il devrait être remplacé par le portier des juniors élites Ludovic Waeber. Reste Lauper, dont l’avenir est incertain.
Pour franchir un nouveau cap, le recrutement d’un quatrième étranger pourrait donc être décisif. Pouliot, Mauldin et Kwiatkowski grifferont encore la glace de la BCF Arena, alors que Miettinen n’a pas été reconduit. Une place est donc à pourvoir, sachant qu’Hagman et Jurcina n’étaient engagés que pour la durée des play-off. «Nous sommes en train de finaliser le dossier, explique Raphaël Berger. Une confirmation sera donnée à la fin du mois.» Le nouveau renfort pourrait être le Canadien Jeff Tambellini, champion de Suisse avec Zurich en 2012 et auteur de 242 matches en NHL (24 buts et 36 assists). Cette arrivée suffira-t-elle à redonner un nouvel élan au club de la capitale? Réponse dès le mois de septembre.

 

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L’absence d’un buteur, l’arrivée des jeunes
Hans Kossmann défend son bilan. «Avec une deuxième place en saison régulière et une demi-finale, on ne peut pas se plaindre», estime l’entraîneur. Retour sur quelques éléments marquants de l’exercice.


L'homme invisible
Gottéron a manqué d’un buteur en feu. Monnet a été fantomatique en play-off, alors que la ligne Sprunger-Bykov-Plüss – finalement dissociée – n’a pas eu le rendement de la saison dernière. D’entrée, le club a choisi de miser sur des attaquants étrangers polyvalents (Pouliot, Mauldin, Miettinen). Hagman, arrivé juste avant les play-off, aurait pu être la perle rare. Le «pitbull» finlandais a amené beaucoup d’énergie, mais il n’était malheureusement pas le messie finisseur.
Un symbole: le maillot de top scorer de Plüss, meilleur buteur de la saison régulière (21 buts). Avec tout le respect qu’on doit au capitaine de Gottéron, ce n’était pas à lui d’endosser cette tunique. «En attaque, nous étions plus forts que l’an dernier, estime Kossmann. Mais de nombreux joueurs n’ont pas reproduit leur niveau. C’est aussi le cas de notre gardien, Benji Conz, qui nous avait amené en finale l’an dernier. Il a connu une saison plus difficile, même s’il n’a pas perdu la série contre Kloten non plus.»


Coups dans l’eau
Monnet et Helbling à Fribourg, ça ressemblait à des coups fumants. En fin de compte, on parlera malheureusement de coups dans l’eau. L’ancien buteur des ZSC Lions a été trop souvent transparent (et muet): après quinze buts en saison régulière, il n’a scoré qu’à une reprise en play-off (contre Ambri). «Il a beaucoup marqué jusqu’en décembre, mais il n’a presque plus scoré en 2014», constate Hans Kossmann, qui admet une déception.
Ancien international, comme Monnet, Helbling devait apporter du muscle à la défense. L’ancien Zougois s’est surtout signalé par ses interventions approximatives. «Il ne faut pas oublier qu’on a perdu Heins, notre leader emblématique dans le vestiaire et en défense, rappelle Kossmann. Il fallait compenser cette perte de puissance et de force. En saison régulière, Helbling a connu des hauts et des bas. En play-off, il a plutôt rempli sa tâche.»
Globalement, l’équipe ne manquait pas de joueurs talentueux et d’envergure. Sauf que cela ne s’est pas vu en demi-finale: «Sur l’ensemble de la saison, le groupe n’a pas réussi à exploiter tout son potentiel», confirme le directeur Raphaël Berger.

Découvertes
Le coup de poker a fait jaser. Finalement, l’arrivée des Genevois Kamerzin et Fritsche, échangés contre Loeffel, a été salutaire. Le défenseur valaisan et l’attaquant américano-suisse se sont imposés comme des pièces indispensables du dispositif fribourgeois. On peut même se demander ce qu’il serait advenu sans ces deux arrivées de dernière minute. Kamerzin, précieux en power-play (surtout face à Ambri) et gros battant, et Fritsche, gratteur de la quatrième ligne, sont une source d’optimisme pour la saison prochaine. Quant à Loeffel – qu’on voit encore sur certaines publicités dans la patinoire! – son profil était trop proche de celui d’Huguenin. Le mieux était sans doute de trancher entre les deux Neuchâtelois.
Au rayon des bonnes surprises, on citera encore l’excellent travail – et l’état d’esprit – de la quatrième ligne Vauclair-Ness-Fritsche. A l’image de Ness, arrivé comme quasi inconnu des GCK Lions, la triplette a séduit. Le problème: elle a trop souvent officié comme locomotive. Ce qui ne devrait pas être son rôle en play-off et qui a parfaitement illustré l’absence de leaders dans cette équipe. «Ness, Mottet, Fritsche et Kamerzin sont des éléments jeunes et prometteurs», conclut Kossmann sur une note positive. TG/VAC
 

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