Les jeunes et le patois, une histoire de serrurier

| sam, 12. avr. 2014
Pour la première fois, une majorité de jeunes participent à la pièce de théâtre proposée par la Société des patoisants de la Gruyère. Que les profanes se rassurent: les quiproquos sont compréhensibles dans toutes les langues.

par Priska Rauber

La Société des patoisants de la Gruyère est fière. Pour la première fois, leur pièce de théâtre compte une majorité de jeunes acteurs. On charayon ou kà dè karda a été jouée une première fois dimanche, lors de l’assemblée générale des Patêjan de la Grevire. Une représentation publique aura lieu ce dimanche 13 avril, à 14 h, à la grande salle du Café de la Gare, à Vuadens.

Que celui qui ne touche du patois guère plus que nom dè pityè, kan mimo, tche ke l’è chin ou chindâ se rassure. Les quiproquos sont compréhensibles dans toutes les langues. Et c’est un instant si… exotique à vivre! Et drôle, malgré la barrière de la langue. Certes, durant la représentation d’Un serrurier au cœur d’artichaut, le public averti rira bien plus souvent et bien plus fort que le profane. Notamment lorsque les comédiens soulèvent le couvercle de la cocotte (ce qu’il y a dedans n’est toutefois pas essentiel pour comprendre l’histoire).

Toute «morcholetta»
L’histoire, celle d’un frère et d’une sœur qui se retrouvent avec un évanoui – un inanimà – sur les bras. Ou sur le canapé, plutôt. Commence alors l’enquête (avec un bottin). Roby (Maxime Pittet), homme d’action, se met en action. Christiane (Elodie Pasquier) reste seule, morcholetta. Jusqu’à ce que, bien sûr, l’inanimé (Joël Grandjean) se réveille, qu’elle s’évanouisse à son tour en le voyant et qu’elle prenne sa place sur le canapé. Arrivée des ambulanciers venus chercher la personne inconsciente…

Les comédiens ont répété depuis le mois de janvier, à raison d’une heure par semaine, «sans autre ambition que de faire passer un bon moment au public», confie Christine Overney Ruffieux, la metteure en scène. Aidée par la souffleuse Alodie Philipona. Cette pièce, les Patoi-
sants de la Gruyère la gardaient au chaud en attendant la possibilité de trouver de jeunes comédiens. «Chose faite cette année», se réjouit Christine Overney Ruffieux, qui espère qu’ils rempileront, voire que d’autres jeunes élèves des cours d’Othmar Raemy, au CO, se montrent intéressés. Ils sont seize cette année.

Vuadens, grande salle du café de la Gare, dimanche 13 avril à 14 h


Romain Pittet
Age. 14 ans
Domicile. Bulle
C’est l’un des ambulanciers de la pièce. Et un acteur «très motivé», comme le confie la metteure en scène Christine Overney Ruffieux: «Il a peu de répliques, mais il était présent à toutes les répétitions!» Il faut dire que Romain aime le patois. Il le parle un peu avec son oncle. «C’est une très belle langue. On a plus de facilité à dire certaines choses en patois qu’en français, car il y a de beaux mots.» Il a commencé les cours de patois donnés au CO par Othmar Raemy cette année. Et espère bien participer à la perpétuation du patois. «Il y a bien des chances que cette langue disparaisse. Mais, pour l’instant, le patois n’est pas mort!»

Marie Uldry
Age. 16 ans
Domicile. Sâles
Marie interprète une inspectrice de la police dans On charayon ou kà dè karda. Elle n’est plus au CO aujourd’hui, mais y a suivi durant deux ans les cours de patois. Avant de les commencer, elle ne parlait «pas du tout cette langue». Ils sont pas mal dans ce cas, confie le professeur Othmar Raemy: «Sur nos élèves actuels, certains la parlent déjà bien, d’autres pour la première fois.» Leur point commun toutefois, leur motivation, relève-t-il. Celle de Marie lui vient de son grand-père, aujourd’hui décédé. «Mais c’est une partie de mon enfance, de ma région.» Une chose est certaine, elle va reprendre des cours, ceux donnés aux adultes.

Maxime Pittet
Age. 15 ans
Domicile. Bulle
Maxime est le frère de Romain. Il interprète l’un des personnages principaux de la pièce, Roby. Ses répliques sont fluides. Il faut dire qu’il en est à sa troisième année de cours suivis au CO. Sa motivation lui vient beaucoup de son ancien prof, Louis Esseiva. «Il nous racontait beaucoup d’histoires, de quand il était petit. Et puis, il nous réservait une place à l’assemblée des Patoisants de la Gruyère. On pouvait y aller pour nous faire l’oreille. Il nous a aussi tout de suite appris à lire les accents et à bien les prononcer.» Maxime refuse de croire que le patois va s’éteindre. «Il ne faut pas! Il fait partie de cette région!»

Elodie Pasquier
Age. 16 ans
Domicile. Riaz
«Mon arrière-grand-père nous parlait beaucoup en patois. On ne comprenait rien et ça le faisait rire!» Elodie partage avec ses camarades l’intérêt de ce langage ancestral, «parce qu’il vient de loin justement, et parce qu’il fait partie de notre vie, de notre région». Dans la pièce, elle campe Christiane, un autre des personnages principaux. Elodie assure, car elle a suivi les cours au CO durant trois ans. Et parle désormais patois avec son papa. Si elle a quitté le cycle d’orientation aujourd’hui, elle n’a pas l’intention d’abandonner l’apprentissage de cette langue, qu’elle ne trouve d’ailleurs «pas du tout ringarde!»

 

 

Commentaires

L'est possîblo d'aouire (ou de tornar aouire) la piéce de tèâtro per inque: arpitan.ch/sons/Vuadens/comedia.html A vos! Fèlicitacions a celos jouenos què gouardons et souegnont lo patouès!

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