Un long chemin de croix pour rallier les Marches

| sam, 19. avr. 2014
Treize pèlerins ont relié vendredi Bourguillon à Broc. Ils ont parcouru près de 30 kilomètres à pied. Prière ou méditation, chacun occupe son cheminement à sa façon.

PAR SOPHIE MURITH

Pour «faire mémoire des derniers instants de Jésus», treize personnes ont partagé vendredi un long chemin de croix. Elles ont parcouru à pied la trentaine de kilomètres qui séparent la chapelle de Bourguillon à celle de Notre-Dame des Marches, à Broc.
La marche débute à 6 h 15, dans l’aube naissante. Sous le chant des oiseaux, mais sans la bénédiction du recteur de Bourguillon, retenu au lit par la maladie. En tête de colonne, Jeannette – elle préfère ne pas donner son nom de famille – dicte le rythme.
Jean Magnin, chapelet à la main, et Gérald Berset lancent les premiers Notre Père et Je vous salue Marie, repris par certains des pèlerins. La litanie berce les premiers pas sur un chemin bucolique. Au loin, les réverbères de Fribourg s’éteignent.
«Le Vendredi-Saint est un jour de prière, on se retire du monde. Depuis trente ans, c’est devenu une habitude», explique Jean Magnin. «Mais ce n’est pas une routine, ajoute Gérald Berset. Cela aère spirituellement, ça revigore et ça nous permet de penser à ceux qui sont partis.» Les deux hommes cheminent l’un à côté de l’autre. Jean Magnin, toujours à gauche. «Comme ça, il est protégé des voitures», affirme son acolyte, pas dupe.
Tous ne se joignent pas aux récitations, certains, comme Alain Guillez, préfèrent le silence. «Cela me permet d’être en communion avec ceux qui souffrent, en Afrique notamment où je me rends régulièrement pour lutter contre la sécheresse. Pâques, le passage de l’obscurité à la lumière, permet de se remémorer les valeurs d’amour et de partage.»


Marcher, prier, ça ressource
Les réflexions plus personnelles ont aussi leur place. «La démarche me convient, confie une marcheuse qui participe au pèlerinage pour la première fois. J’aime prier et méditer dans la nature. La marche s’y marie bien, ce sont des activités qui permettent de se ressourcer, de préparer la Résurrection.»
Pour elle, l’effet de groupe est «stimulant, il permet de dépasser ses limites, il donne une énergie supplémentaire». Musicienne, elle reconnaît que la chapelle des Marches tient une place particulière, liée qu’elle est aux notes du Nouthra Dona di Mârtsè. «C’est un endroit mystique.»
Après avoir traversé le bois des Rittes, le petit cortège retrouve la civilisation dans un quartier de villas endormi. Le Gloria entonné par Jean Magnin et Gérald Berset résonne dans les travées vides, donnant à la caravane, sans croix ni signe distinctif, mais enluminée par les gilets fluo et les brassards réfléchissants, des faux airs de procession de Fête-Dieu techno. Jeannette caracole toujours en tête de la colonne. «Je n’aime pas voir les talons des autres. Mais j’entends quand même les prières.» Il est 7 h, le centre de Marly point déjà.


Pèlerins plus éparpillés
Maxime Philipona, l’organisateur et le conducteur de la voiture-balai, rejoint l’équipée pour la montée de la Crausaz. Il reconnaît que l’affluence a diminué ces dernières années. «Mais beaucoup de groupes comme le nôtre convergent vers les Marches. Ils partent de Rossens ou de Villarlod. C’est une bonne approche de Pâques.»
Le vent se lève, glace les mains et les oreilles. «Cette année, nous avons de la chance avec le temps, assure Jean Magnin. Parfois, nous avons essuyé des bourrasques de neige ou de pluie. Nous sommes déjà arrivés trempés aux Marches, mais personne n’a jamais été malade le lendemain.»
Du Mouret à Broc, le parcours emprunte longuement la route cantonale. Les voitures frôlent les pèlerins. A 9 h 10, la halte de mi-parcours, à La Roche, est bienvenue. Un café, un thé, un morceau de fromage et de pain pour se requinquer. «Parfois des pèlerins amènent du jambon ou du saucisson. Chacun fait comme il pense, on ne juge pas»,  assure Maxime Philipona, qui s’astreint à un Vendredi-Saint maigre.


Tenir, jusqu’au bout
La marche reprend. Certains souffrent plus que d’autres. Mais ils serrent les dents, refusent de grimper dans la voiture suiveuse. «C’est un jour à marquer, affirme Rita Hayoz. Nous le sacrifions pour Dieu.» Tous tiennent bon. Le plateau des Marches se déroulera bientôt sous leurs yeux. Et la chapelle ne sera plus très loin.
L’averse, que le ciel laiteux laissait présager, a finalement cueilli les treize pèlerins au pied de la colline. Des derniers hectomètres ponctués par la lecture à trois voix du Chemin de croix revisité par Guy Gilbert. Les génuflexions se font lourdes, la faute à l’asphalte qui a rendu les mollets douloureux. Les joyeuses Pâques et les accolades, sans parler de la soupe, finiront par ragaillardir le groupe avant son animation à la messe. Il est 15 h.

 

 

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