Des troupes amateurs de plus en plus exigeantes

| mar, 17. juin. 2014
L’extension de l’offre culturelle a créé une émulation. Le théâtre amateur se cherche des lieux pour des créations. La passion naît souvent dans un spectacle de village.

PAR XAVIER SCHALLER

Dire le théâtre amateur, c’est un peu comme dire la Chine. Comment parler avec un seul mot de quelque chose d’aussi varié et hétérogène. Il y a presque autant de théâtres amateurs qu’il y a de troupes amateurs. Et presqu’autant de styles, d’ambitions, de moyens.
Le nombre de troupes affiliées à l’Association fribourgeoise de théâtre amateur (AFTA) est relativement stable depuis dix ans: environ 25. «Avec des “dinosaures” et des troupes plus éphémères, explique le président, Vincent Roubaty, de Romont. Souvent, les nouvelles troupes naissent avec les théâtres de sociétés, jeunesses ou autres.» Quelques acteurs, davantage motivés ou trop vieux pour la jeunesse, se rassemblent et fondent une troupe.


Théâtres de jeunesses
Les «théâtres des jeunesses», très populaires, sont la première étape pour beaucoup de comédiens. Le parcours de Jérôme Maradan, président des Rencontres théâtrales de Bulle en est révélateur. «A 15 ans, je jouais avec la jeunesse et je ne vivais que pour le théâtre de boulevard. J’adorais. Maintenant ça me saoule.»
Il s’est peu à peu orienté vers d’autres formes que le burlesque, comme de nombreux comédiens. Une évolution qu’il juge très positive. «Tout a changé ces dix ou quinze dernières années. L’explosion de l’offre professionnelle, avec beaucoup de nouvelles salles, a naturellement influencé le théâtre amateur, l’état d’esprit et l’envie de découverte.»
«Quand on dit théâtre amateur, on pense vaudeville et bien rigoler», résume Nicole Michaud, fondatrice et metteure en scène du Nouveau Théâtre. C’est bien sûr réducteur, mais quelles que soient les ambitions ou le type de pièce, «le théâtre amateur, c’est avant tout le plaisir de jouer.» A chacun de trouver son style et son public.


Trop d’a priori sur le public
Pour André Pauchard, acteur et metteur en scène à La Catillon, «les a priori sont trop négatifs concernant le public. Celui-ci est souvent plus ouvert qu’on ne le pense. Il faut juste lui proposer des choses bien faites. Le théâtre est un apprentissage, aussi pour lui.»
Selon la plupart des interlocuteurs, les troupes amateurs ont en moyenne élevé leur niveau d’exigence. La différence entre professionnel et amateur n’est pas toujours à chercher au niveau de la qualité du jeu. Mais les amateurs n’ont pas «le parcours scolaire du théâtre, explique Nicole Michaud. Il faut tirer le meilleur parti de la matière brute.» Elle exige beaucoup de sérieux. «Nous travaillons dans un esprit ludique, mais avec rigueur.»
Même souci pour André Pauchard: «Trouver le niveau qui va avec nos acteurs, c’est le plus important. Cela ne signifie pas qu’on ne peut pas aller très loin artistiquement.»


Trouver des salles adaptées
La qualité théâtrale passe aussi par les infrastructures: décors, lumières ou espace scénique. La problématique des salles et de leur accessibilité est ainsi récurrente. «Quand vous avez goûté aux salles genre Bicubic, c’est difficile de s’en passer», constate Vincent Roubaty, également président du Théâtre des Remparts. Mais louer une telle salle coûte cher, surtout sur deux week-ends. «Avec des sponsors, ça peut aller. Mais on ne peut pas les solliciter trop souvent, sinon ils s’essoufflent.»
En plus des soutiens privés, les troupes amateurs obtiennent parfois l’aide des communes ou de la Loterie romande. Mais cette dernière se concentre sur des événements ponctuels et d’une certaine importance. Quant à l’Etat, il limite son soutien aux professionnels.
«A Bulle, il n’y a pas de réflexion de fond sur la culture», déplore Alain Grand, qui s’occupe des troupes de théâtre des Cycles d’orientation de la Gruyère et du Collège du Sud. «Il y a de belles et grandes salles, mais il manque un lieu de création, avec des possibilités de répéter. Pourquoi pas une “Maison de création”, avec des moyens mis à disposition des jeunes?»
Certaines troupes ont maintenant leur propre salle (Catillon, Arbanel). Mais elles sont si occupées, entre répétitions et saisons culturelles, qu’il n’y a pas vraiment de place pour les autres. D’après Vincent Roubaty, «il y aurait un gros potentiel pour des salles de moyenne capacité, plus flexibles et moins coûteuses à la location.»

 

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