Sur les traces des fantômes du château avec les élèves du CO de Bulle

mer, 11. juin. 2014
Des fantômes au château de Gruyères? (photo Chloé Lambert)
Une classe de 3e année du CO de Bulle s'est essayée à la nouvelle fantastique. Ils ont pris comme point de départ des articles de «La Gruyère» retraçant la venue d'un groupe de recherches sur le paranormal. Découvrez les meilleures contributions.

 

Le retour de la belle Luce

 

Par Jeanne Ammann, 16 ans, Bulle et Julie Müller, 15 ans, Gumefens

 

C’était lors d’une tempête de neige, je cherchais un sujet pour mon prochain article. A 28 ans, j’étais rédacteur en chef du journal La Liberté et mon domaine de prédilection concernait surtout les phénomènes surnaturels. J’avais dernièrement entendu parler du château de Gruyères et de sa légende: La Belle Luce. J’avais trouvé mon sujet! Passer une nuit dans un château réputé hanté me tenta. Alors, je fis mon sac avec quelques affaires pour la nuit, mon dictaphone et mon appareil-photo. Arrivé sur les lieux, je rentrai et voulus allumer les lumières qui, malheureusement ne fonctionnaient plus. Et dire que je n’avais même pas pensé à emporter une lampe de poche! Je décidai donc de prendre quelques clichés et de revenir le lendemain. Je m’aventurai dans les couloirs lugubres du royaume de la Belle Luce où je pris des photos. Avant de partir, je voulus m’assurer que celles-ci étaient de bonne qualité. Quelle ne fut pas ma surprise quand je m’aperçus que sur l’une d’elles il y avait un spectre qui apparaissait! Je fus soudainement pris d’un sentiment de peur et voulus m’enfuir. Je retournai vers l’entrée au pas de course mais la porte était bloquée. Je tentai de l’ouvrir à plusieurs reprises mais rien à faire, je n’y arrivais pas. Je décidai de trouver une pièce où je pourrais me reposer. Je revins avec prudence dans les couloirs terrifiants et j’aboutis en tournant sur ma gauche à la chambre à coucher où la Belle Luce avait autrefois dormi.

Je m’enfermais à double tours dans cette pièce. J’essayais de m’endormir mais des bruits inquiétants venant des couloirs m’en empêchaient. Tout à coup, une idée me traversa l’esprit, je pourrais les enregistrer, ce qui ferait un bon élément pour mon article. A trois heures du matin, je fus réveillé par un terrible cauchemar dans lequel j’étais appelé par des voix de femmes qui me suppliaient de les aider. Lorsque soudainement, je vis une lumière sous la porte. Je m’interrogeais car les lampes ne fonctionnaient pas et que le château était plongé dans l’obscurité totale. Inutile de préciser que je fus pétrifié mes membres semblant incapables de bouger. Je ne pouvais rien faire d’autre que d’attendre.

Si, jusque là, j’avais eu l’impression de n’avoir jamais été aussi terrorisé, ce n’était rien comparé à ce qui allait se passer juste après. La porte s’ouvrit dans un bruit assourdissant et un grand éclair blanc pénétra dans la chambre. Peu à peu, je m’aperçus que c’était bien plus qu’une simple lumière et me rendis compte que l’apparition était en réalité une femme. Et bien qu’elle m’effrayât comme je ne l’avais jamais été, je ne pus m’empêcher de la trouver merveilleusement belle et envoûtante. Ses cheveux tombant en cascade sur ses épaules, ses yeux à la fois menaçants et attirants, son nez, sa bouche, ses joues, tout son visage semblait avoir été dessiné par un habile peintre cherchant à représenter un ange. Elle portait une majestueuse robe qui descendait jusqu’à ses chevilles et elle chaussait des sandales en cuir. De toute ma vie je n’avais jamais vu quelqu’un se tenir avec autant de grâce et de noblesse. A cet instant, je pris conscience que je l’avais déjà vue, c’était cette jeune paysanne que j’avais remarquée sur de nombreuses toiles et qu’on appelait la Belle Luce…

Le fantôme s’avança doucement vers moi et de sa main gelée me saisit le poignet et me dit d’une voix suppliante: «Suis-moi!». Comme il me paraissait impossible de riposter, je m’exécutai docilement. Nous marchâmes dans les corridors lugubres pendant un temps que je ne saurais définir à cause de l’état second dans lequel je me trouvais. Et puis elle s’arrêta. Devant nous se dressait un immense escalier qui débouchait sur une petite porte. «Va dans la pièce et rapporte moi mon diadème, je ne peux quitter cet endroit tant que je ne l’ai point!». Je n’eus pas d’autre choix que de lui obéir bien que j’eusse largement préféré m’enfuir d’ici sans plus attendre. Prenant mon courage à deux mains, je gravis les marches craignant ce qui m’attendait derrière la porte… Terrorisé, j’entrai dans la pièce qui était vide ; seul s’y trouvait le fameux bijou. Je le saisis et me dépêchai de sortir de cette salle où régnait une pesante et étouffante. La Belle Luce, me voyant revenir avec sa précieuse coiffe, eut le visage illuminé par la joie et la reconnaissance. Mais à l’instant où elle s’en empara, un hurlement sortit des murs et tout se mit à trembler puis d’un coup, tout disparut. La lumière revint, les portes se déverrouillèrent et le fantôme avait disparu en ne laissant derrière lui comme seule trace de son passage, qu’un morceau de sa robe que je glissai dans ma poche. Je rassemblai les affaires que j’avais laissées dans la chambre et je pus enfin m’enfuir de cet enfer. J’arrivai tout étourdis chez moi, titubant. En me voyant dans cet état, mon voisin vint m’aider et me demanda, lorsque je fus couché, ce qui n’allait pas.

Tandis que je lui contais le récit de la nuit précédente, je vis sa mine se décomposer et je compris qu’il ne me croyait pas… Pour lui prouver l’authenticité des faits, je voulus lui montrer les photos du spectre et lui faire entendre les bruits suspects que j’avais enregistrés mais j’avais perdu l’appareil-photo et je ne pus ouvrir le fichier audio du dictaphone. Je savais bien que le fragment du tissu ne serait pas une preuve suffisante. Il me conduisit chez un médecin qui me fit interner pour délires paranoïaques. Je fus alors considéré par tous mes amis, ma famille ainsi que par toute ma ville comme un fou et je fus envoyé à l’hôpital psychiatrique de Marsens où je suis en train de finir mes jours.

 

 

Le spectre de Gruyères

 

Par Pauline Allemann, 14 ans, Bulle et Flavie Saucy, 15 ans, Vuippens

 

J’avais été invité à une soirée entre amis. La discussion tournait autour d’un article paru il y avait quelques jours, parlant d’une possible présence d’un fantôme au château de Gruyères. Cela me rappela une histoire que j’avais vécue il y avait plusieurs mois auparavant.

J’avais invité mon ami John Cooper, un historien anglais, à venir passer quelques jours en Gruyère. Il avait accepté avec plaisir. La semaine suivante, John arriva chez moi et nous visitâmes la région et son château. Il montra un intérêt tout particulier pour ce dernier et voulut y retourner le soir même. Il me dit qu’il se sentait comme attiré par le bâtiment. Je ne l’accompagnai pas, car j’avais un dîner d’affaires. Je ne revis mon ami que le lendemain, ne sachant pas ce qui s’était passé. Je l’ai appris il y a deux semaines, grâce à une lettre que John m’a envoyée. Il m’y expliquait ce qui s’était passé durant cette semaine de vacances:

«Mon cher ami,

Je ne t’ai jamais raconté ce qui m’était arrivé durant mon séjour chez toi. Je vais le faire à travers cette lettre pour que quelqu’un sache enfin la vérité.

Le premier jour, nous avions visité le château et j’y retournai le soir même. Quand j’entrai dans la vieille bâtisse, il n’y avait plus personne. Le gardien me laissa entrer, car je lui expliquai que j’étais là pour faire des recherches. Je commençai à errer dans les grandes salles lugubres et j’arrivai dans une immense chambre à coucher, richement décorée. J’y restai un long moment et décidai de me reposer un peu, car je ne me sentais pas dans mon état normal. D’un coup, mon champ de vision se voila et je me sentis tomber. Quelques instants plus tard, j’ouvris les yeux et regardai autour de moi. Je me trouvais encore dans la fameuse chambre à coucher, avec l’obscurité pour seule compagnie. Je tentai de me lever, mais tout se mit à tourner autour de moi et je crus m’évanouir à nouveau. Je m’assis sur le sol froid afin de retrouver mes esprits et me sentis fiévreux, ainsi que nauséeux. Après quelques minutes, mes yeux s’étant habitués à la pénombre, je me relevai et essayai de retrouver ma lampe de poche. N’y parvenant pas, je me dirigeai près d’une fenêtre et ouvris les volets. La lune était pleine: elle éclaira toute la pièce d’une lumière blanchâtre. Ce faisceau lumineux me provoqua des frissons sur tout le corps. J’aperçus ma lampe sur un tapis, j’allai la chercher, et, lorsque je me relevai, je fus tétanisé. Devant moi se tenait une jeune femme. Ma gorge se noua et mes genoux s’entrechoquèrent. Je commençai à l’observer tandis que mon coeur battait à tout rompre. Elle n’était pas très grande, sa peau blanche semblait transparente sous les reflets de la lune. Elle portait une robe crème en dentelle qui laissait entrevoir ses genoux cagneux ainsi que ses fins mollets. De longs cheveux noirs, très raides tombaient sur ses épaules en cascade. Son visage pâle était le plus beau qu’il m’ait été donné de voir. Ses lèvres roses étaient légèrement entrouvertes. Dans ses yeux noirs se mêlaient de la tristesse, mais également un peu de joie. Je remarquai qu’elle me dévisageait elle aussi de son regard fixe. Elle dut comprendre que j’étais angoissé, car elle caressa de sa main glacée mon bras avec tendresse. C’est alors que ma peur disparut. La revenante me demanda de sa voix suave comment je m’appelais. Il me fallut quelques secondes de réflexion avant de lui répondre d’une voix rauque, tant sa façon de parler faisait palpiter mon coeur. Elle m’entraina vers le lit en m’expliquant qu’elle s’appelait Luce et qu’autrefois la chambre dans laquelle nous nous trouvions avait été la sienne. Nous discutâmes durant des heures en nous regardant dans les yeux.

-Mon ami, je n’ai jamais éprouvé un tel amour pour quelqu’un. Luce m’a envoûté, je pense tout le temps à elle.

Je m’endormis dans ses bras. Je fus réveillé par le gardien le lendemain matin de cette étrange nuit. J’étais persuadé que cette femme existait réellement et que je n’avais pas rêvé. Cependant un doute persistait en moi, tandis que je rentrais chez toi.

Une fois revenu, je ne pensais qu’à retrouver mon nouvel amour. La journée passa lentement, si bien que je commençais à m’ennuyer. Je décidai de retourner au château pendant la nuit, mais une fois que je fus arrivé devant celui-ci, le gardien ne me laissa pas entrer. Je lui en demandai la raison, et il me claqua la porte au nez, sans dire un mot. Je partis en me jurant de revenir le jour suivant. Le lendemain, par un malheureux hasard, le château était fermé. Les visites étaient suspendues durant une semaine. Je dus repartir un jour avant la réouverture, ce qui m’empêchait de vérifier si la femme que j’avais vue était bel et bien réelle.

Je rentrai en Angleterre, triste et déprimé. Environ un mois plus tard, j’eus l’occasion de revenir en Suisse, ce que je fis sans hésiter. Je ne t’ai jamais informé de ce voyage, en pensant que tu ne comprendrais pas. Je me rendis à Gruyères en espérant revoir ma bien-aimée. Mais elle ne revint jamais. Depuis ce jour, je ne peux plus vivre sans elle. Je cherche désespérément un moyen de la rejoindre. Je crois avoir trouvé la bonne solution.

Au revoir!

John Cooper»

Quelques jours plus tard, j’appris la mort de mon ami John dans les journaux. Il s’était suicidé. Les nouvelles apparitions réveillent en moi cet horrible souvenir qui m’attriste au plus haut point. Pour moi John avait rêvé. Mais comment en être sûr?

 

 

Un amour venu de l'au-delà

 

Par Yan Volery, 15 ans, Bulle et Arnaud Bersier, 15 ans, Bulle

 

En ce soir d’automne, l’air était froid et la nuit était sombre. Journaliste à la recherche d’un article qui ferait la «une», j’avais décidé d’aller contrôler la solidité du plancher du château de Gruyères. Je m’introduisis dans la cour du château en passant par une petite porte qui n’avait pas été fermée. Je ressentis alors une étrange sensation, une sorte d’appréhension. Une fois à l’intérieur, je visitai la première pièce. Comme je ne trouvais rien, je continuai mes recherches. Je gravis un vieil escalier de bois qui menait à l’étage. A chacun de mes pas, les marches craquaient et chaque fois, j’étais parcouru d’un frisson. Tout dans cet édifice semblait abandonné et ancien. Lorsque j’arrivai à l’étage, je ressentis une sensation bizarre, comme si quelqu’un passait dans mon dos. Une porte se ferma, j’avais l’impression que l’on voulait me montrer que je n’étais pas à ma place. Mais, poussé par l’intrépidité de la jeunesse, je continuai. Malgré cela, mon appréhension se changeait lentement en peur. Mais, c’est lorsque j’entendis une voix m’appeler que je fus pris de terreur. A chaque pas que je faisais en direction de la pièce d’où provenait la voix, mon sang se glaçait dans mes veines. Arrivé dans la chambre, je sortis mon appareil photo. Etonnement, il n’avait plus de batterie. Je continuai et là, je fus pris d’un spasme: la seule fenêtre de la chambre était ouverte, et une jeune femme, un spectre, s’y tenait et regardait au-dehors en chantonnant.

Cette apparition prenait la forme d’une femme d’un jeune âge. Elle dégageait une douce et claire lumière blanche. On aurait dit une fée. Elle était vêtue d’une belle robe en soie. Sa robe, toute simple, lui arrivait aux genoux. Cette jeune femme était très belle, malgré son appartenance au monde de morts. Elle ne semblait pas perdue ni triste mais quelque peu pensive. Par la fenêtre, elle regardait, en souriant, la verte Gruyère plongée dans le noir. Son visage était angélique. La lumière de la lune se reflétait sur son visage. Ses traits étaient fins et sa peau était d’une clarté déconcertante. Ses lèvres pulpeuses donnaient un agréable volume à son visage. Son nez, ses lèvres et sa chevelure, lisse et blonde, étaient parfaits. Son cou liait sa tête à son corps frêle avec perfection. Ses épaules étaient en harmonie avec son corps et sa poitrine la rendait encore plus attirante. Sa taille était mince et une petite ceinture serrait sa robe. Ses jambes, lisses et élancées, étaient parfaites. Ses pieds étaient nus.

La revenante se tourna, elle me sourit et je me demandai si je ne rêvais pas. J’étais tétanisé. Si elle n’avait pas parlé, je serais sans doute mort de peur. Sa voix était claire et semblait être celle d’un ange. Lorsque je l’entendis, tous les muscles de mon corps se décontractèrent et je repris peu à peu confiance. La belle s’avança vers moi et me demanda mon nom. Je lui répondis en bégayant, puis un silence lourd et oppressant s’installa. Tout à coup, elle se mit à rire sans raison. Elle s’approcha de son lit et me demanda de la rejoindre. Nous parlâmes pendant de longues heures. Durant cette discussion, elle me raconta sa solitude. Parfois, elle prenait un air triste et je lui tenais la main en la rassurant. Son doux parfum, sa beauté naturelle et ses formes voluptueuses étaient tellement en accord, que, plusieurs fois, je dus me retenir de sourire bêtement. Devant son air si triste, je ne résistais pas et, malgré le froid glacial qui émanait d’elle, je lui donnai un baiser. En effet, une force inconnue me poussait et, sans le vouloir, je tombais amoureux. Au moment où mes lèvres touchèrent les siennes, je ressentis un mélange de froid et de chaleur. Je lui passai autour du cou, en gage de mon amour, une chaînette en or que, je gardais sur moi depuis tout petit. La belle inconnue, ange de l’au-delà, me sourit tendrement et disparut en me laissant seul C’est à ce moment-là que je commençai à me sentir mal à l’aise. Toute l’implacable réalité m’envahissait. D’un calme serein, je passai à une peur profonde et dévorante. Je me demandais si je n’avais pas rêvé. En effet, je croyais depuis toujours aux histoires des morts revenant de «leur monde». Le doute s’insinuait en moi. Pourtant, mes vêtements étaient imbibés de son odeur. Alors, le doute devint plus fort et, pris de convulsions, je sortis de cette maudite pièce en courant. Je courus le plus longtemps possible et, ayant quitté le château, je pris ma voiture et m’enfuis comme un voleur. Les années passèrent, je ne publiai jamais mont article. Je refis ma vie, me mariai et eus deux enfants, mais jamais je n’oubliai ce qui s’était passé ce jour-là. J’étais un journaliste reconnu et ma vie était paisible. Pourtant, mon esprit resta torturé par cet événement. C’est pourquoi, un soir d’été comme j’avais fait la fête avec des amis et que j’étais un peu ivre, l’alcool me donna du courage et je décidai d’y retourner. C’était le soir, l’atmosphère était aussi lugubre que la première fois. J’entrai dans le château et retournai à la chambre de mon amante. Tout était intact, mais, elle, n’était pas là. Cependant, je sentis une présence. Un froid hostile me fit frissonner et je continuai mes recherches. Il n’y avait rien dans la cour ni dans les autres pièces. Je décidai donc de me rendre au donjon. Les escaliers grinçaient et je sentais que j’approchais de but. J’étais mort de peur. Arrivé en haut, j’entendis un rire, me tournai et sentis une énergie obscure me pousser. J’étais pris de tremblements et ne réussit pas à tenir en équilibre. Je sentis mon alliance au doigt devenir brûlante et je basculai. J’entendis alors un rire glacial et une voix qui disait: Tu m’as trahie ! Ensuite, ce fut le noir complet. Mes idées n’étaient plus claires et je me tapai la tête contre le rebord du mur.

Depuis ce jour, je ne fus plus jamais le même. A la suite de mon accident, je fus hospitalisé et on me diagnostiqua une paralysie partielle. Mon esprit, fragile, était brisé. En effet, je racontai de nombreuses fois ma version des faits aux inspecteurs qui m’interrogèrent. Mais personne ne me crut jamais. Ceux-ci déclarèrent que j’avais chuté et perdu l’équilibre car j’avais trop bu. Ma famille me plaça dans un institut psychiatrique et plus jamais je ne revis le château. Depuis, ma vie n’est que solitude et peur maladive…

 

 

Une apparition fantasmagorique

 

Par Alexandre Charrière, 16 ans, Bulle et Victor Gende, 15 ans, Bulle

 

Depuis l’année dernière, la relation entre ma femme et moi devenait de plus en plus compliquée. Cette dernière se plaignait de mon agressivité et de ma violence. Un jour, je rencontrai une magnifique serveuse dans un restaurant du château de Gruyères. Je décidai alors de l’aborder pour entamer une conversation, dans le but de la séduire.

Dix mois plus tard, j’étais à l’aise avec ma nouvelle vie: ma femme était loin de se douter que je la trompais. Malheureusement, un soir de novembre, celle-ci découvrit, sur mon portable, une photo de moi embrassant ma belle… Ma liaison était découverte.

Après de longues disputes, ma femme décida un soir de quitter l’appartement pour aller s’installer chez ses parents.

Le lendemain, on m’appela pour m’annoncer qu’elle était morte dans la nuit. Sa voiture s’était encastrée dans un mur à Epagny. Je fus tout de même invité à l’enterrement. A la sortie de la cérémonie, un léger sentiment de tristesse m’envahit.

Un mois plus tard, soit le 19 décembre, un autre drame m’affecta: ma maîtresse fut retrouvée morte au pied d’un vieil escalier en bois du château. Le gardien en personne l’avait découverte. Comme j'attendais avec impatience les résultats de l’enquête, un policier vint m’annoncer que les investigations n’avaient pas donné de résultats; c’est-à-dire que l’on n’avait pas trouvé d’assassin à ma bien-aimée. Je pris donc les choses en main et décidai de mener ma propre enquête. En tant qu’ancien détective renommé, je me rendis au château de Gruyères en emportant une multitude d’objets capables de détecter des présences ou des esprits dans une pièce - car s’il n’y avait aucun meurtrier, c’était peut-être que celui-ci n’était pas vivant -. Le gardien me déconseilla de passer une nuit entière au château; des bruits étranges avaient déjà terrifié certaines personnes auparavant. Dès mon arrivée, je fus envahi par une étrange sensation; c’était comme un appel à entrer dans la bâtisse. Après avoir installé tous mes appareils dans les différentes pièces et alors que je m’apprêtais à passer une nuit d’observation, d’étranges bruits attisèrent ma curiosité. Le son d’une porcelaine brisée attira spécialement mon attention.

J’ouvris une porte et je vis, sur ma droite, le vieil escalier en bois où avait été retrouvé le corps de ma maîtresse quelques jours plus tôt. Après avoir minutieusement observé chaque recoin au bas de l’escalier, je distinguai une tache de sang noircie par le temps qui se cachait dans une fissure du bois. En essayant d’obtenir un petit échantillon, je sentis derrière moi un souffle de vent glacial… croyant que c’était un coup de bise, je continuai mes recherches.

Mais par après, j’entendis des mots indistincts, peut-être le miaulement d’un chat. Mais non, c’était une voix enrouée de femme qui m’interpellait: «Celui qui ne me respecte pas, sera à jamais…». Et non, je n’entendis pas ces dernières paroles, dont le sens ne m’aurait pas surpris… Effrayé, je me retournai lentement et aperçus cette femme. Elle portait des habits délavés et déchirés. Son teint pâle et ses cheveux noirs, hirsutes, lui donnaient un air agressif, sans parler de ses yeux noirs, rougis par de nombreuses veinules. Plus j’observais ce spectre, ce fantôme épouvantable, plus j’étais angoissé. Des perles de sueur coulaient sur mon front et mes yeux; mais j’arrivais quand même à distinguer un corps chétif. D’ailleurs, ses bras ressemblaient à ceux d’un pantin désarticulé. Et ses mains blanchâtres accentuaient son air maléfique. Ses jambes, elles, étaient en sang et recouvertes de blessures et d’égratignures. Mais ce corps de morte vivante me parlait, il me paraissait proche.

Paralysé devant l’apparition de cette femme, je n’ouvris pas la bouche et me rendis à peine compte de sa disparition. Je courus alors observer les images filmées par ma caméra mais l’appareil s’était volatilisé. Je me pressai alors dans la salle voisine pour y découvrir les clichés pris par ma deuxième installation. Etourdi, je trébuchai sur le seuil de la porte et me frappai la tête au coin d’un meuble. Je m’évanouis… A mon réveil, de désagréables maux de tête me rappelèrent ma mésaventure, et chose surprenante, mes jambes se couvrirent d’égratignures. Une lourdeur m’empêchait de me lever, un étau m’emprisonnait. Je fus cependant en mesure de constater que la caméra installée précédemment avait elle aussi pris la clé des champs … Que se passait-il donc? Quelle force invisible me terrassait ainsi?

Des picotements firent trembler mes membres, soudain mes cheveux se dressèrent, hirsutes! Devenais-je celle que j’avais tant fait souffrir?

Je me levai et sentis un effleurement. Une voix brisa alors le silence péremptoire: «Disparais, ne reviens jamais dans mon monde, traitre, et caresse-moi la joue». Je m’exécutai, péniblement. Une lueur blafarde éclairait faiblement la salle et une fine poussière tomba du plafond, aspirant le spectre invisible.

Je retrouvai mes sensations, je repris possession de mon corps. C’est tout fébrile que je sortis du château, encore poursuivi par l’étrange apparition. Je sentis que je ne serai plus jamais le même homme.

Après avoir enfin réussi à sortir du bâtiment ensorcelé, je restai incapable de me remettre de cette terrible rencontre. Même après plusieurs mois, je n’arrivais pas à mettre de côté la mort suspecte de ma maîtresse et l’apparition de cette femme. A cause de mes nombreuses crises d’angoisse, de mes insomnies ainsi que mes hallucinations, je fus interné dans un hôpital psychiatrique pendant quelques années. A ma sortie, je conseillai et demandai de fermer cette pièce qui m’avait tant terrifié. Cependant cette vision épouvantable m’angoisse encore, je crains qu’elle ne me hante jusqu’à mon dernier souffle...

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