«On sait désormais qu’il faut courir le 100 mètres à Bulle»

| mar, 15. jui. 2014
Les sprinteuses ont assuré le spectacle, samedi, lors du meeting de la Gruyère à Bulle. Léa Sprunger à un centième du record de Suisse du 100 m.

PAR THIBAUD GUISAN

«Cette piste est magique.» Marisa Lavanchy est aux anges. La sprinteuse de l’équipe de Suisse a fait coup double, samedi, lors du meeting de la Gruyère, à Bulle. La Vaudoise de 24 ans a non seulement établi un nouveau record personnel sur 100 m (11’’42, contre 11’’53), mais elle valide aussi son ticket pour les championnats d’Europe de Zurich (12-17 août). «Entre athlètes, on se dit pour rigoler que la piste descend ou qu’elle mesure 98 mètres!»
Mais c’est sa coéquipière du relais national 4 x 100 m, Léa Sprunger, qui a réussi la performance du jour à Bulle. En série, l’athlète de Nyon, 24 ans, a couru en 11’’34: soit à un centième du record de Suisse établi le 14 juin dernier par Mujinga Kambundji. «J’aurais tout de suite signé pour un tel chrono», lance Léa Sprunger, dont la meilleure performance était de 11’’52. «On sait désormais qu’il faut courir le 100 m à Bulle. C’est un passage obligé.»
Le tartan bullois doit rougir de tous ces compliments. La piste de Bouleyres s’était déjà offert un sacré coup de pub avec le record de Suisse d’Alex Wilson l’an dernier (10’’12).
Son secret: l’altitude (800 m), un courant favorable (vent de +2 m/s samedi, soit la limite autorisée pour valider les chronos) et la qualité de sa piste. «Elle est hyper dure. Le pied réagit super bien», souligne Léa Sprunger.


Peut-être sur 400 m
Sur 200 m, la Nyonnaise a réussi un chrono de 23’’22. «Je suis un peu déçue de ce temps. Il va falloir que je travaille dur ces prochaines semaines.» Ses objectifs pour les championnats d’Europe: une médaille en relais 4 x 100 m (lire ci-dessous) et une place en finale sur 200 m. «Je ferai l’impasse sur le 100 m individuel.» Après Zurich, l’athlète n’exclut pas une reconversion sur le 400 m et/ou le 400 m haies. «C’est un gros point d’interrogation. Je viens de l’heptathlon. Ça fait depuis 2012 que je me spécialise sur le 200 m. Avec mon grand gabarit (n.d.l.r.: 183 cm), j’ai les qualités pour m’exprimer sur 400 m.»
Sa coéquipière Marisa Lavanchy a été freinée par une blessure à l’ischio-jambier. «J’ai dû faire une pause de six semaines. Je ne réalise pas encore de bons départs, mais la suite de la course se passe bien.» A Zurich, l’habitante de La Tour-de-Peilz visera une qualification pour les demi-finales sur le 100 m individuel. «Ce serait un exploit», assure cette opticienne de formation, qui travaille à 50% dans une clinique à Lausanne. Pour la petite histoire, son patron est le Gruérien Pierre-André Gobet, double vainqueur de Sierre-Zinal.


Cueni face à la limite
De son côté, Michelle Cueni, 31 ans, piste encore un chrono qualificatif pour les championnats d’Europe. A Bulle, l’athlète du LC Zurich, originaire de Bösingen, a obtenu deux chronos de 11’’78 (limite à 11’’60).  «Je cours encore avec trop de force, particulièrement sur les derniers 50 mètres. Je réalise pourtant de bons départs.»
Jusqu’au 2 août, il restera au moins trois meetings à la Singinoise pour atteindre la limite. Michelle Cueni, qui vit à Zurich – où elle tient un cabinet de médecine chinoise – fait partie du cadre élargi du relais 4 x 100 m. Elle a d’ailleurs couru aux Bahamas lors des championnats du monde, en mai dernier (11e place).


Mancini plus relâché
Un Fribourgeois est assuré d’être de la partie à Zurich: Pascal Mancini, de retour à la compétition après une suspension de deux ans pour une affaire de dopage. «Je viserai au minimum la demi-finale», expliquait-il à Bulle, où il a couru un relais 4 x 100 m (39’’57). L’athlète d’Estavayer, 25 ans, a pulvérisé son record personnel en juin dernier à Bâle (10’’28). Sur la piste, l’étudiant en psychologie dit avoir changé. «Je suis plus relâché. Avant, je partais très vite, mais j’étais crispé. Aujourd’hui, je suis plus calme. Mes départs sont moins rapides, mais, finalement, je cours plus vite.»

 

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«A Zurich, le podium est réaliste»
Le relais féminin du 4 x 100 m sera l’une des attractions des prochains championnats d’Europe de Zurich (12 au 17 août). Entraîneur de l’équipe de Suisse, le Fribourgeois Laurent Meuwly se confie.

Quel est l’objectif du relais suisse lors des championnats d’Europe?
Une médaille. C’est réaliste. A Athlétissima, nous terminons troisièmes en 42’’94, derrière la Hollande et l’Allemagne. A Zurich, il faudra aussi compter avec la Grande-Bretagne et la France, qui ont des athlètes très talentueuses sur le plan individuel. Par contre, ces nations connaissent un certain déchet dans les passages. Elles travaillent moins spécifiquement le relais. Un chrono de 42’’70 devrait suffire pour une médaille.


Quel est votre point fort?
La fiabilité des transmissions et notre régularité. Et la confiance. Ensuite, pour être performant sur le 4 x 100 m, il faut avoir des filles très fortes sur 200 m pour faire des passages risqués. Il faut une bonne résistance pour être rapide sur les derniers mètres. C’est le cas. Il y a aussi une grosse ambiance d’équipe.

Où pouvez-vous encore gagner du temps?
Chaque fille peut encore progresser individuellement. Elles seront encore toutes plus rapides à Zurich. A Athlétissima, Marisa Lavanchy disputait sa première course depuis six semaines, alors qu’Ellen Sprunger (n.d.l.r.: la sœur de Léa) a été gênée au tendon d’Achille. Il faut encore travailler les passages de témoin. Nous allons organiser un dernier camp à Regensdorf dix jours avant la compétition. C’est un projet qui réunit dix filles. Toutes se sentent concernées.

Serait-ce une grosse déception d’échouer au pied du podium?
Le projet a démarré à l’automne 2010. L’aventure aura été belle si on monte sur le podium le 17 août. Mais, en cas d’échec, il ne faudra pas tout jeter. Le 30 juin 2011, nous avons battu pour la première fois le record de Suisse. Il datait de trente-deux ans. Depuis, nous l’avons battu six fois. Nous avons terminé 11es aux championnats du monde (2013), 13es aux jeux Olympiques de Londres et 6es aux championnats d’Europe en 2012.

Quelles sont les caractéristiques des titulaires de l’équipe?
Mujinga Kambundji est la plus rapide de Suisse sur 100 m. Je la place au départ pour qu’elle lance la fusée. Grâce à elle, nous pouvons être en tête lors du premier passage de témoin. La deuxième relayeuse, Marisa Lavanchy, est la moins connue. Elle est très performante quand elle est lancée. Cela ne fait qu’une année qu’elle est titulaire. Ellen Sprunger, la troisième relayeuse, est heptathlonienne. Elle a la foulée pour le virage, avec du rythme. Quant à Léa Sprunger, c’est la capitaine de l’équipe. C’est la seule qui était présente lors des sept records suisses. Avec sa grande foulée, elle avale avec autorité la dernière ligne droite. TG

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