Grandvillard et Estavannens parachèvent leur remaniement

| mar, 01. jui. 2014
Le Syndicat d’améliorations foncières Grandvillard-Estavannens a mis un point final à son remaniement parcellaire. L’opération a permis de s’adapter à une agriculture moderne. Un travail qui a demandé plus de vingt ans d’efforts et de négociations.

PAR YANN GUERCHANIK

Avant, après… Les cartes ci-dessus sont criantes. Plus de vingt ans de remaniement parcellaire ont changé considérablement l’état des propriétés foncières à Grandvillard et à Estavannens. Une quantité de petites parcelles disséminées ont été réunies pour former des unités plus grandes (voir les chiffres ci-contre). Résultat: des terres agricoles plus rationnelles et plus faciles d’accès grâce à la réalisation de nouveaux chemins. Bref, plus adaptées à l’agriculture moderne.
«Au sein même du Parc naturel régional Gruyère Pays-d’Enhaut, on a pu donner à des exploitations un outil de travail performant, confie Gabriel Genoud. L’agriculture se doit de produire, elle ne peut pas se contenter de faire pousser des petites fleurs. Ce remaniement est la preuve qu’on peut concilier dynamisme et préoccupations écologiques.»
Samedi matin à Grandvillard, le président du syndicat d’améliorations foncières ne cachait pas son émotion. L’heure était à la dissolution du groupement constitué en novembre 1992 (l’extension à Estavannens se fera en 1995). Réunis en assemblée, le comité, les propriétaires, les différents techniciens et les autorités du Service de l’agriculture ont relaté une longue aventure. Même le conseiller d’Etat Georges Godel était là, «incognito», en tant qu’ancien membre de la commission de classification.


Plus de dix mio de francs
Pour marquer la fin des travaux, une plaquette a été éditée qui relate les différentes réalisations. Une place de pique-nique a également été créée au chemin des Grèves, aux confins des deux communes. Au total, l’opération aura coûté plus de dix millions de francs. Après déduction de la subvention cantonale (3,1 mio) et fédérale (4 mio) ainsi que de différentes participations, les propriétaires ont pris à leur charge un montant de plus de 2,5 mio de francs.
A l’origine, le projet prévoyait un coût inférieur de 3,4 mio. «Les effets de renchérissement» et de nouvelles tâches appelant des prestations supplémentaires ont changé la donne. Ce sont avant tout les exploitations de graviers et les captages d’eau qui ont corsé l’affaire. A noter qu’un solde de plus de 50000 francs sera réparti entre les communes pour l’entretien des réalisations.


Entre raison et passion
Si l’heure était à la fête samedi, les péripéties n’ont pas manqué durant ce travail de longue haleine. En 2003 par exemple, la route 55 avait défrayé la chronique. On lui reprochait d’abîmer un paysage unique. «Grâce à la verdure et au reboisement, la nature a depuis repris ses droits sur ce tronçon», rassure Gabriel Genoud.
Mais surtout, un remaniement parcellaire d’une telle ampleur est un théâtre où s’expriment les passions et les revendications individuelles. Preuve en est, cette intervention durant les divers, comme un cheveu sur la soupe: «Qu’est-ce que vous allez faire avec cette route qui passe sur moi!» a grogné un propriétaire.
Secrétaire de la commission de classification et directeur de Géosud, Jean Genoud l’exprime parfaitement: «Certes, les débats ont parfois été animés. Mais c’est normal dès lors qu’on touche à la propriété. Les enjeux s’inscrivent dans le cœur et les tripes.»
Ainsi, il a fallu surmonter certaines difficultés. «Dans les zones de gravières, les propriétaires ne voulaient pas céder leurs terres, se rappelle Gabriel Genoud. On a pu trouver des solutions grâce à des servitudes de gravier. Autrement dit, l’ancien propriétaire conserve la propriété du sous-sol s’il y a exploitation et le nouveau reprend les parcelles après.»
A l’inverse, le président relève l’attitude des non-exploitants: «Beaucoup ont accepté de déplacer leurs parcelles pour les rapprocher de celles de fermiers.» Quant au président de la commission de classification Jean-Marie Bugnon, il note le bon déroulement de la répartition des locations (terres communales et privées). Un enjeu sensible également: «Il fallait éviter une surenchère afin que les gens ne se tapent pas les uns sur les autres pour avoir des locations.»


Rationnel et écologique
Au final, le remaniement se présente comme un exemple en son genre. Son point fort: «On a sorti le maximum de fermes des villages», se félicite Gabriel Genoud. Six fermes, dites «de colonisation», ont notamment été implantées: «C’est le top de la rationalisation!»
Une rationalisation doublée d’un aspect écologique. Non seulement une certaine harmonisation du paysage, mais également des revitalisations de ruisseaux et des secteurs de protection d’espèces animales et végétales. «Trois affluents du Béveret ont été remis à ciel ouvert», note à cet égard Gabriel Genoud. Avec dans les yeux, le sentiment du devoir accompli.

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