Neuf mois de retard pour le chantier d'UCB Farchim

| sam, 05. jui. 2014
Amer Jaber devant le future centre biotechnologique. © Chloé Lambert
Après l’explosion du 30 novembre 2013, le groupe UCB revoit le calendrier de son centre biotechnologique. La production commerciale devrait démarrer en 2016 au lieu du printemps 2015. Les équipements électriques ont été les plus endommagés.

PAR THIBAUD GUISAN
«Nous travaillons avec un retard d’au moins neuf mois.» Sept mois après l’explosion qui a endommagé le futur centre biotechnologique de Bulle, le groupe UCB a enfin réponse aux incertitudes. Le calendrier a été redéfini: la production commerciale devrait ainsi démarrer en 2016 et non en 2015. Le directeur du site bullois UCB Farchim Amer Jaber a dressé un état des lieux, hier lors d’un point presse. «On commence à voir le bout du tunnel», confie-t-il.

Les dégâts
Les causes exactes de l’explosion du 30 novembre 2013 ne sont pas encore connues. «Une enquête est en cours», coupe Amer Jaber, qui dit ne pas pouvoir chiffrer le montant des dégâts avant cet automne. Pour rappel, l’investissement total pour le centre biotechnologique était devisé à 320 millions de francs. Un chiffre confirmé.
Dans les faits, le bâtiment a été secoué par une violente onde de choc, après une explosion survenue à son sous-sol. Les principaux dégâts concernent les connexions électriques du bâtiment. «Il a fallu tout entreprendre pour qu’il soit réalimenté en courant de moyen voltage, à 18000 volts», explique le directeur. L’opération a été longue: ce n’est qu’en mai – soit six mois après l’explosion – que le futur centre biotechnologique a pu être reconnecté. «Il a fallu recommander des équipements électriques industriels très lourds et pointus. C’est du sur-mesure et peu de fabricants produisent ce type d’équipement dans le monde. Ensuite, tout le câblage électrique a été refait, de même que les armoires de distribution. Les transformateurs ont été révisés de fond en comble.»
Ce n’est qu’une fois le bâtiment reconnecté qu’UCB a pu se pencher sur l’analyse de l’outil de production. «Depuis, c’est une véritable ruche à l’intérieur du bâtiment, remarque Amer Jaber. Certains éléments sont robustes, ils ont tenu le choc. D’autres, plus fins, comme les parties électroniques, ont souffert. Fin septembre, on sera beaucoup plus au clair sur l’ampleur exacte des dégâts.»

La fin du chantier
L’inauguration du bâtiment aura lieu le 17 octobre. Une trentaine d’ouvriers s’activent encore sur le site, dont la construction a débuté le 24 février 2012. «Rien à voir avec les pics, qui ont réuni jusqu’à 500 ouvriers, compare Amer Jaber. Nos collaborateurs ont grandement pris le relais des ouvriers externes, graduellement depuis un an.» Il s’agit encore d’installer les tout derniers équipements et de procéder aux réglages fins. «Au plus tard à la fin octobre, le projet de construction sera considéré comme terminé.»
Au niveau du recrutement, une centaine de nouveaux collaborateurs travaillent déjà sur le site. «Ils seront 120 au début de l’année prochaine.» Certains viennent de prendre possession de leurs bureaux, situés dans le centre biotechnologique.

Les étapes clés
Le centre biotechnologique terminé, il s’agira de tester la qualité du processus de production, en faisant fonctionner l’usine. Dans le jargon, on parle de validation. «Nous devons nous assurer que les installations répondent aux spécifications requises», explique Amer Jaber. Cette étape, qui est en cours, doit être refaite: elle avait été menée à bien, avant que ne survienne l’explosion. «Cette phase de qualification permet un dernier état des lieux des installations. On ne peut pas exclure de mauvaises surprises.»
Il s’agira ensuite de constituer un dossier de validation (comprenant des lots de production) à l’attention des autorités sanitaires américaines, suisses et européennes. Il devrait être envoyé à la mi-2015. «Le feu vert est en général donné entre six et douze mois plus tard. La procédure d’homologation est longue. Des inspecteurs viendront sur place s’assurer que la réalité correspond au dossier.» La production effective et la commercialisation des nouveaux médicaments bullois n’interviendra donc pas avant le printemps 2016.
En attendant le feu vert, l’usine profitera de former ses collaborateurs et d’apporter des ultimes améliorations à ses équipements. «Ce n’est pas un luxe, souligne Amer Jaber. Une fois que la production est lancée, on ne peut plus se permettre ce genre d’activités.»

Le circuit productif
La nouvelle usine bulloise produira le premier médicament biotechnologique du grou-pe UCB: le Cimzia, destiné à
traiter la maladie de Crohn (inflammation du tube digestif) et la polyarthrite rhumatoïde (atteinte inflammatoire et déformation des articulations). Le circuit de production est en place. Le principe d’un médicament biotechnologique: faire travailler les bactéries pour les faire secréter la protéine thérapeutique voulue. «Leur génome est modifié à cet effet», explique Amer
Jaber. La matière première (des bactéries E.Coli) arrivera à Bulle congelée, les bactéries étant conservées dans de l’azote liquide à –180°C. C’est dans un des bioréacteurs de 15000 litres – le site en comprend trois – que les bactéries produiront la substance voulue. «Les bactéries sont nourries à cet effet.»
La phase suivante est appelée capture. Il s’agit d’abord de casser les parois des cellules, pour récolter la protéine voulue. «On en tire une solution hautement concentrée en protéines, dont on a enlevé les débris cellulaires.» La dernière phase est appelée purification: une résine fait office de filtre. Le produit final, des protéines pures à plus de 99%, est conditionné dans des bouteilles d’un à deux litres, stockées à –70°C. La substance est enfin expédiée vers un sous-traitant pour un conditionnement dans de petites seringues de 1 ml.

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