De la molasse, le fromage part jusqu’en Russie

| jeu, 28. aoû. 2014
Fondée le 1er septembre 1964, l’entreprise Mifroma a fait son trou dans la molasse glânoise. Depuis cette semaine, son fromage est exporté en Russie.

PAR THIBAUD GUISAN


C’est le dernier défi en date de Mifroma SA. Cette semaine, pour la première fois, du fromage est parti d’Ursy pour la Russie. Un nouveau débouché pour le marchand de fromage et affineur glânois. «Ça n’a rien à voir avec l’embargo russe sur les produits alimentaires de l’Union européenne, tranche d’emblée Gilles Oberson, directeur de la société. C’est une décision stratégique, prise de longue date. On n’exporte pas en Russie du jour au lendemain. Il faut comprendre le marché. Les démarches pour obtenir l’accréditation ont commencé il y a près de deux ans.»
L’entreprise glânoise a obtenu les autorisations en juin dernier. «Nous allons exporter une douzaine de produits: du gruyère AOP, de l’emmentaler AOP, de l’appenzeller et plusieurs petites spécialités. Notre objectif est d’établir une relation durable avec la Russie.» Au total, Mifroma exporte 20% du fromage qu’il conditionne. Principalement vers la France (près de la moitié de ses ventes à l’étranger) et les Etats-Unis. Mais aussi en Espagne, Italie, Allemagne et Belgique.


Le pari de Migros
Clin d’œil du destin. Le chapitre russe de Mifroma s’ouvre cinquante ans après la création de l’entreprise glânoise. Une entité fondée le 1er septembre 1964 à Ursy. L’aventure industrielle, creusée dans la molasse du village, est liée à Migros, actionnaire unique de Mifroma. «Pour des raisons stratégiques, Migros avait décidé de devenir marchand de fromage et de disposer de sa propre société d’affinage», explique Gilles Oberson, 56 ans et à la tête de Mifroma depuis 2004.
La capacité de la cave d’affinage a augmenté avec le temps. De 5000 meules, elle est passée à 35000 en 1978, puis à 100000 en 2011, après d’importants travaux d’extension. «Aujourd’hui, et depuis une quinzaine d’années, nous affinons uniquement du gruyère AOP», explique Gilles Oberson. Auparavant, les caves d’Ursy amenaient aussi à maturité des pièces d’emmentaler AOP et de raclette. «Leur affinage est aujourd’hui effectué par nos fournisseurs», précise le directeur.
Le site d’Ursy, qui emploie plus de 240 collaborateurs, dispose également d’une grande centrale de découpe et d’emballage de fromage. C'est ainsi 28000 tonnes qui sont préparées chaque année en Glâne. Dont les 8300 tonnes de gruyère AOP affinées sur place. «Pour l’emballage, nous disposons notamment d’une dizaine de lignes automatisées», précise Gilles Oberson. En tout, c'est près de 400 sortes de fromage qui sont emballées en Glâne, dont environ 20% de spécialités provenant de l’étranger. «Notre assortiment s’est étoffé. Il comptait 150 produits il y a quinze ans.»
Leur destination? Les étals des magasins Migros, forcément. «Environ 90% du fromage à pâte dure et mi-dure qui se retrouve dans les magasins Migros de toute la Suisse est emballé à Ursy», note le directeur. Mais l’entreprise glânoise gagne aussi d’autres clients. «Nous ne sommes pas le fournisseur exclusif de Migros. Nous fournissons aussi le secteur de l’industrie alimentaire et la restauration. Nous travaillons aussi avec Denner, qui a été repris par Migros.»
L’an dernier, Mifroma a acquis Bergsenn AG, un producteur de fromage grison, qui emploie 45 collaborateurs sur quatre sites. En 2008, c’est l’affineur d’appenzeller Dörig, onze employés, qui est devenu propriété de l’entreprise glânoise.


Boom de la consommation
En cinquante ans, l’appétit des Suisses pour le fromage s’est renforcé. A tel point que la consommation annuelle par habitant a doublé: de 10 kg en 1970, elle est passée à 21,4 kg en 2013. «La diversité des assortiments mis sur le marché a beaucoup augmenté, constate Gilles Oberson. Les cadres légaux ont facilité les importations, mais aussi stimulé la créativité des producteurs suisses.»
A en croire son directeur, Mifroma a aussi eu son influence sur les habitudes de consommation. Son pari: développer des meules de raclette carrées, dès 1969. «C’est une idée de Jean Pasquier, le premier directeur de Mifroma, explique Gilles Oberson. C’était révolutionnaire. Il n’a pas inventé la raclette, mais il a contribué à la démocratiser en l’amenant sur la table de tout un chacun. Auparavant, ce plat se consommait surtout en Valais, lors de grandes fêtes. Mifroma a aussi été le premier à lancer un mélange fondue pour la grande distribution dès 1970.»

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