L’histoire de la ville se dévoile au fil des ans et des fouilles

| mar, 05. aoû. 2014
Les fouilles archéologiques se poursuivent autour des fortifications. Un pan de mur entier a été mis au jour. L’atelier, dégagé en 2007, n’a pas livré tous ses secrets. Des fosses de décantation d’argile ont été retrouvées.

PAR SOPHIE MURITH

Saison après saison, les fouilles archéologiques réalisées au pied de l’église en apprennent plus aux spécialistes sur l’histoire de la ville de Bulle. Dernière découverte en date: un pan des fortifications, effondré dans le fossé, côté Riaz. «Les pierres sont restées en place, elles n’ont pas été réutilisées, probablement parce que leur effet drainant était intéressant», émet comme hypothèse Gilles Bourgarel, chef du secteur médiéval et moderne au Service archéologique de l’Etat de Fribourg.
La question demeure: le mur de braie (n.d.l.r.: muret défensif, disposé entre le fossé et la muraille principale) est-il tombé tout seul ou bien l’a-t-on aidé? «Son état de conservation semble montrer qu’il est tombé faute d’entretien. Et quand on voit la base de ce mur, penchée en avant, on peut comprendre la raison de l’accident.»
En 1722, ce mur ne figure plus sur le plan cadastral. Pour savoir exactement quand il est tombé, il faut aller chercher sous le pan de mur. «Nous espérons trouver un indice.» Une machine a donc déblayé l’ancien mur de fortification. Mais l’espoir d’avoir davantage d’informations est mince. «C’est logique, tant que la zone avait une utilité défensive, il était interdit d’y jeter des détritus, explique l’archéologue. Après la chute du mur de braie, la zone a été laissée en friche. Dans les remblais en dessus du mur écroulé, nous n’avons trouvé que des déchets de l’atelier de poterie contigu.»
Si sa hauteur, plus de quatre mètres et son épaisseur, un mètre, peuvent être déterminées par les reliquats extraits, impossible toutefois de savoir jusqu’où courait le mur de braie depuis la porte d’en bas. «Il faudrait faire d’autres fouilles.» La présence de bâtiments de chaque côté limite cette perspective.


Avant le mur, des maisons
Remontant dans le temps, Gilles Bourgarel décrit le site, au début du XIIIe siècle, comme une zone marécageuse, délimitée au sud-est, par la butte de l’église. «Dès 1260, on la remblaie. Pour ce faire, on plante des pieux.» Ces derniers ont pu être datés grâce à la dendrochronologie. Le plus ancien pieu aurait ainsi été coupé en 1248. «Comme il ne comporte pas d’écorce, il a dû être stocké avant d’être utilisé», précise le spécialiste. Le plus récent date de 1278. Les premières constructions ont pu être érigées sur les remblais à partir de 1260, soit deux constructions en bois dont une comportait un foyer, «peut-être une habitation».
Vers 1280, le comblement est terminé. Un rang de maisons en pierre s’élève désormais. «Il précède la construction de l’enceinte.» Des annexes en bois, qui accueillent des foyers, sont disposées devant les édifices en dur. «Quant à la fonction des annexes accueillant les foyers, elle reste une énigme... En tout cas, la zone est très propre. Il n’y a pas de déchets alimentaires ni d’artisanat. Cela pouvait être une boutique ou une cuisine.» Le rez-de-chaussée devait accueillir un cellier et les parties habitables se trouvaient dans les étages. «On peut cerner la création de la ville de Bulle. Auparavant, on se fiait aux sources, celles de saint Boniface et de Guillaume de Champvent, qui la fixaient aux environs de 1273-1275. Il y a une période de préparation à l’extension urbaine, qui dure entre vingt et trente ans, et dont les sources ne font pas état.» Les fouilles montrent que l’enceinte a été construite tardivement, ce que confirment les informations trouvées dans les documents. «La première mention de l’enceinte et du fossé date de 1318, rappelle Gilles Bourgarel. On surcreuse alors la zone marécageuse pour créer le fossé.» Vers 1400, l’enceinte de Bulle est dédoublée par la création d’un mur de braie, mis au jour durant cette campagne de fouilles.


Un potier prolifique
A la fin du XVIe siècle, les maisons en pierre édifiées dès 1270-1280 ont disparu. Une maison est reconstruite à cet emplacement dans la moitié du XVIIe siècle. En 1722, elle est la seule à subsister du rang, entourée de granges et de jardins. Elle sera détruite en 1992. «C’était l’une des plus anciennes maisons de Bulle, qui avait échappé à l’incendie.»
En 1765, un atelier de potier s’y installe. Il a été mis au jour en 2007. Cette année, l’équipe a également pu compléter ses connaissances sur l’atelier de potier. «Après les premiers sondages, nous avions déterminé 80 formes de céramiques et 23 décors.» Le catalogue du potier en contenait semble-t-il bien plus. «Le contenu de 100 cartons à bananes attend d’être analysé.»
Si la découverte de l’atelier de poterie était exceptionnelle, que dire de la mise à jour de ses fosses de décantation d’argile? «Ce sont des installations très rares à retrouver. Elles laissent peu de traces en raison de leurs structures légères, bordées de simples planches.»
 

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