Le CRO, pour les jeunes talents qui ont faim de compétition

| sam, 30. aoû. 2014
Le Club alpin a mis sur pied un Centre régional ouest pour regrouper les talents romands de 12 à 20 ans. Motivés par le projet, Gérard Spicher et Didier Moret ont réuni une équipe dirigeante.

PAR KARINE ALLEMANN

La Suisse a pris du retard. Et, dans un sport comme le ski-alpinisme, le retard ne se rattrape qu’au prix d’un gros effort, quitte à se mettre un peu dans le rouge. Initiée par le Club alpin suisse, responsable des compétitions de ski-alpinisme, cette envie de mise à niveau avec les meilleures nations du monde a trouvé du soutien auprès d’anciens ou d’actuels athlètes de la région, prêts à s’investir pour la relève. Ainsi, le vainqueur de la Patrouille des glaciers 2008 Didier Moret et toute une équipe ont accepté de s’occuper du nouveau Centre régional ouest (CRO) destiné aux jeunes talents romands de 12 à 20 ans. Accompagner au mieux les jeunes pour que le réservoir de talents capables d’intégrer l’équipe nationale soit toujours plus grand: telle est leur mission. Présentation avec les principaux acteurs.

Un projet du CAS
«Les discussions autour de la création d’un centre régional ont débuté il y a deux ans, rapporte Didier Moret. Le Club alpin suisse (CAS) voulait s’inspirer de ce qu’il a déjà mis en place pour l’escalade. Un premier centre est a été lancé l’année dernière. Le projet est devenu plus concret le 25 mai à Sion, où étaient réunies de nombreuses sections du CAS des cantons romands. Avec Gérard Spicher, nous étions les représentants du Club alpin de la Gruyère. Après discussions, nous avons accepté de nous lancer dans le projet et nous avons contacté du monde.»
«La particularité est que le Centre est aussi ouvert aux clubs de ski, en plus des sections du CAS», note la skieuse-alpiniste Cécile Pasche, très vite intégrée au projet. «Teysalpi et Grattavache font déjà partie du projet, on espère en rallier un maximum d’autres encore.»

Agrandir le réservoir
Quand il faut mettre en place un concept, le boulot ne manque pas. Qu’est-ce qui a motivé l’équipe dirigeante? «Pour moi, c’est l’engouement constaté chez les jeunes de la région et en Suisse romande, souligne Didier Moret. C’est une belle énergie dont il faut profiter. Le potentiel pour former un groupe de 20 jeunes talents est bien là.»
Et Gérard Spicher d’ajouter: «Il n’existait aucune structure pour les jeunes. Le but est de les accompagner et de les aider. Le Centre est un palier entre les clubs et l’équipe nationale. Longtemps, ceux qui arrivaient au meilleur niveau y étaient parvenus tout seuls. Là, nous avons la chance d’avoir le top au niveau des coaches. Et nous les accompagnerons aussi en compétition. C’est important pour eux de se sentir soutenus.»

Entraîneurs pointus
Après une journée de détection à laquelle une quarantaine de jeunes âgés entre 12 et 20 ans ont participé, le chef du ski-alpinisme pour le CAS Bernard Hug en a retenu 20, dont six régionaux. A savoir Gilles Bapst (Pont-la-Ville), Simon Gremaud (Riaz), Olivier Kolly (Pont-la-Ville), John Progin (Morlon), Maxime Richoz (Châtel-Saint-Denis) et Jacques Scherly (La Roche). Dimanche dernier, un premier entraînement en commun a été donné à Bulle.
Deux pointures ont rejoint l’équipe du CRO. La triple championne d’Europe de VTT Chantal Daucourt, titulaire d’un brevet fédéral de préparatrice physique, et le Châtelois Sébastien Gonzalez, lui aussi professionnel de l’entraînement sportif. Le groupe se réunira deux ou trois fois par mois et un camp a déjà été planifié, fin septembre à Bounavaux. «L’idée est de les sensibiliser à la planification», explique Chantal Daucourt.
Sébastien Gonzalez épaulera la Jurassienne comme préparateur physique. «Mon rôle est de proposer des exercices adaptés à leur âge. Soulever un peu de poids, ou utiliser le poids de son corps. Certains pourraient aussi avoir besoin d’un encadrement plus complet, notamment au niveau de la nutrition.»
Pour Didier Moret, l’hiver, l’important sera aussi de mettre l’accent sur la technique. «A la maison, ils peuvent enchaîner du dénivelé, suivre le programme de Chantal, faire du gainage… Mais la technique pourra se travailler lors des camps et des sorties sur la neige.»
Histoire de relancer la relève féminine, le CRO a retenu six filles sur les 20 talents. Car les femmes et surtout les jeunes filles manquent en compétition. Le Vaudois Cédric Gerber, qui fonctionnera comme entraîneur et accompagnateur en course, précise: «Au départ d’une cour­se, l’effectif féminin n’est que de 10%, au mieux! Il avoisine souvent les 5%.»

Compétition dès 12 ans
Longtemps, les compétitions de ski-alpinisme étaient réservées aux adultes. Depuis quelques années, le CAS a mis sur pied une Coupe de Suisse cadets pour les moins de 15 ans. «Et de plus en plus de courses organisent quelque chose pour les plus jeunes. Il s’agit plutôt de rando découverte. Par contre, au niveau physiologique et matériel, je pense qu’on ne peut pas se lancer dans la compétition de ski-alpinisme avant
12 ans.»
Au niveau des compétitions, la priorité sera donnée aux Coupes de Suisse, qualificatives pour les Coupes d’Europe, et les championnats de Suisse.

Soutiens financiers
Le budget pour ce premier hiver est annoncé à 22000 francs. Le Centre pourra compter sur un soutien de la part du CAS, à hauteur de 7500 francs. Le reste sera couvert par une cotisation auprès des athlètes (100 francs jusqu’à 17 ans, 150 francs jusqu’à 20 ans), et des membres actifs – des clubs ou des magasins de sport, par exemple – pour un montant de 300 francs. Reste au comité à trouver des sponsors.
Un sponsor matériel a déjà été trouvé et les jeunes pourront arborer une combinaison et une veste aux couleurs du Centre.

Retrouver le top
La plupart des sports ont structuré et professionnalisé l’encadrement de leurs jeunes talents depuis longtemps. Encore jeune, le ski-alpinisme suisse compte retrouver le haut niveau mondial, largement dominé par les Italiens, les Français étant deuxièmes dans la hiérarchie. Sans oublier les Espagnols, ou plutôt l’Espagnol, Kilian Jornet, meilleur athlète d’endurance au monde.
Côté helvétique, les anciens champions du monde Florent Troillet ou Rico Elmer n’ont pas laissé d’héritiers. Alors que la compétition de ski-alpinisme ne cesse de connaître un essor incroyable depuis que la Patrouille des glaciers a été relancée en 1984. «Sans parler de toutes les inscriptions refusées à la Patrouille, on le voit aussi avec le Trophée des Gast, note Cédric Gerber. Au début, on pouvait quasiment s’inscrire sur place. Aujourd’hui, les inscriptions sont bouclées en deux heures.»
Mais cet engouement ne s’est pas traduit par l’arrivée d’athlètes au top niveau. «On a un temps de retard, regrette Didier Moret. Chez les adultes, les Suisses ne luttent plus pour les podiums mondiaux. Espérons que l’on soit au creux de la vague, ce qui voudrait dire qu’on va remonter bientôt.»
Et Cécile Pasche de relever: «Le ski-alpinisme reste un sport émergent, en Suisse comme ailleurs. Tout le monde essaie de mettre en place la meilleure structure possible. De notre côté, voir l’engouement, le sérieux, mais aussi la joie des vingt jeunes présents dimanche à Bulle est le meilleur départ possible.»

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