«Un théâtre doit vivre, bouillonner, être effervescent»

| jeu, 25. sep. 2014
Pour les nouveaux directeurs du Théâtre des Osses Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier, les choses sérieuses commencent demain avec la première de "L’illusion comique".

Par Dominique Meylan

 

Pour Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier, la tension est à son comble. La nouvelle saison du Théâtre des Osses débute demain à Givisiez. Avec L’illusion comique de Pierre Corneille, les deux acteurs et metteurs en scène, qui ont pris la succession de Gisèle Sallin et Véronique Mermoud, inaugurent leur première saison à la tête du centre dramatique fribourgeois.

Quel est votre état d’esprit?
Nicolas Rossier. Nous sommes très excités. Nous nous réjouissons d’ouvrir les portes de ce théâtre au public et de présenter ce spectacle. Nous avons envie que les gens viennent, voient et s’extasient, qu’ils soient contents des nouveautés.

Comment se sont passés vos premiers mois à la tête du Théâtre des Osses?
NR. Très bien. Nous avons dû faire l’apprentissage de cette fonction de directeurs associés, mais nous n’avons pas été avares de notre temps et de notre énergie. Nous avons travaillé comme des fous.

Auparavant, vous étiez relativement indépendants. Comment est-ce que vous gérez ces nouvelles contraintes?
Geneviève Pasquier. Nous avons gardé notre indépendance dans la création. Le but de notre présence aux Osses est de fabriquer les spectacles que nous aimons. Il y a des impératifs de budget, mais nous connaissions cela auparavant. C’est vrai que nous devons garder en tête le fonctionnement de la maison et les collaborateurs. Ici, on sent la permanence, c’est un nouveau souci.

Allez-vous continuer à être acteurs et metteurs en scène avec la même intensité qu’auparavant?
NR. Etre metteurs en scène fait partie de notre cahier des charges. Et acteurs très certainement aussi. Pour cette première saison, il nous semblait bien de ne pas être partout. Nous avons aussi la possibilité de jouer à l’extérieur, même si l’ampleur du travail nous retient beaucoup ici. Nous ferons en fonction de nos possibilités.  

Que vous ont transmis Gisèle Sallin et Véronique Mermoud, avec qui vous avez cohabité quelques mois?
GP. Elles ont infiniment respecté nos débuts. Très occupées par leur spectacle final, elles nous ont fait confiance et ne se sont pas imposées.
Comment est-ce que vous allez gérer cet héritage?
GP. Nous allons faire de bons spectacles!
NR. L’héritage, ce sont les murs et une partie du public. Si nous avons été sollicités, c’est pour faire notre théâtre, pas celui de Gisèle Sallin et Véronique Mermoud. La rupture se fera en douceur. Je ne ressens pas une obligation pesante de suivre une doctrine fixée. Un théâtre doit vivre, bouillonner, être effervescent.
GP. Nous sommes les premiers à hériter du bébé, mais après nous, il y aura quelqu’un d’autre. Nous sommes des passeurs.

Avez-vous le sentiment que le public des Osses doit être renouvelé?
GP. Comme partout! Il y a un problème de vieillissement du public en Europe. Il existe tellement d’autres possibilités pour les jeunes de se divertir. Cela prendra peut-être du temps de faire venir des gens qui ne sont jamais venus.
Nous avons ouvert les répétitions à des stagiaires et des étudiants. La façon dont nous abordons un classique est totalement différente et nous espérons que cela va gommer certains a priori. L’illusion comique sera extrêmement visuelle, très ludique.

Mettre en avant les créations et les acteurs fribourgeois fait-il partie de vos préoccupations?
GP. Bien sûr, nous y sommes attentifs, il y a des artistes excellents ici. Mais il faut aussi que cela corresponde à nos critères de programmation. Si on veut sortir du territoire, il faut collaborer avec les autres cantons. Nous allons continuer à bouger et à accueillir des gens.

Comment souhaitez-vous positionner le Théâtre des Osses, avec la proximité de Nuithonie et d’Equilibre? 
NR. Nous sommes un théâtre de création et notre mission est différente. Nos rapports avec Nuithonie et Equilibre sont bons. Si leur public vient aux Osses et vice-versa, c’est très bien. Plus il y a de théâtre, plus il y aura de spectateurs.

 

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Un classique pour commencer


Dans L’iIllusion comique, première pièce proposée par les nouveaux directeurs des Osses Geneviève Pasquier et Nicolas Rossier, Corneille s’amuse à mélanger les genres et les styles. Pridamant, qui s’est brouillé avec son fils Clindor, se rend chez un mage pour obtenir des informations. Ce dernier fait défiler sous ses yeux, par un procédé magique, des images de la vie mouvementée de son fils.

Pourquoi avoir choisi L’illusion comique?
Geneviève Pasquier. Nous voulions commencer par quelque chose de festif, qui puisse attirer le public et qui soit à l’image de notre travail. Nous avons énormément lu et nous ne trouvions pas. Finalement, nous sommes allés chez les classiques. L’illusion comique se situe complètement en dehors des canaux habituels. c’est une pièce classique sans en être une, qui offre un foisonnement de possibilités scéniques.

Qu’est-ce qui est novateur dans cette pièce?
Nicolas Rossier. La pièce est très contemporaine de par son contenu. Pour montrer au père ce que son fils est devenu, le magicien claque des doigts et le fils apparaît en chair et en os. Corneille invente le cinéma et le flash-back. A l’époque, on usait de jeux de miroir et de fausses trappes. Aujourd’hui, il faut réinventer des stratagèmes. Même si c’est devenu assez courant de faire intervenir l’image et la vidéo, cela se justifie complètement dans ce cas par la dramaturgie et l’histoire.

Est-ce un clin d’œil de choisir une pièce sur l’illusion du théâtre pour inaugurer votre travail aux Osses?
GP. L’illusion comique nous apprend que le théâtre peut toucher une personne et la rendre différente. Tout au long de la pièce, le père reçoit les images de son fils et, à la fin, il le comprend vraiment grâce à la fiction. Evidemment, c’est un clin d’œil, mais c’est aussi une manière de dire: venez au théâtre, vous allez en sortir transformé. Cela évoque la nécessité de notre métier. Si le théâtre a perduré au cours des siècles, c’est parce qu’on en a besoin pour vivre, pour se remettre en question, pour s’ouvrir.

Givisiez, Théâtre des Osses,
jusqu’au 23 novembre. Représentation
à La Tour-de-Trême le 28 novembre
dans le cadre de la saison culture CO2.
Renseignements: www.theatreosses.ch

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