Le Bourvil gruérien va s’exporter à Bruxelles

| jeu, 11. sep. 2014
La compagnie Bull’resque jouera La bonne planque à Bruxelles les 24 et 25 octobre. C’est la première pièce à avoir été filmée et diffusée à la TV il y a cinquante ans. Le public belge suivra-t-il?

PAR JONATHAN DONZALLAZ

Bull’resque revient sur les devants de la scène. Il y a quelques mois, la troupe gruérienne achevait une tournée couronnée de succès dans la région. Créée autour d’Yves Savary, imitateur de Bourvil, la compagnie avait mis deux ans à monter La bonne planque, fameuse pièce de boulevard de Michel André.
Un travail de longue haleine largement récompensé: au total, les comédiens avaient fait 14 fois salle comble, attirant près de 6000 spectateurs. Un succès peu commun que les principaux intéressés ont d’ailleurs toujours de la peine à réaliser: «On n’a toujours pas bien compris ce qu’il s’est passé», rigole Jean-Paul Favre, interprète d’Emile.
Même si les comédiens ont le triomphe modeste, l’enthousiasme du public fribourgeois a donné des idées à Yves Savary, qui caressait un vieux rêve: jouer la pièce à Bruxelles. «Il faut savoir que La bonne planque est la première pièce de l’histoire du théâtre à avoir été filmée et diffusée à la télévision», explique l’acteur. «Et cela fait cinquante ans cette année que l’enregistrement a été réalisé au théâtre de Vaudeville, à Bruxelles.»


Enthousiastes ou sceptiques
Il n’en fallait pas plus pour décider le comédien à tenter le coup. Avec l’appui plus ou moins motivé de ses compagnons. En effet, la compagnie est un joli mélange de sceptiques et d’enthousiastes. Yves Savary a son anecdote: «François Menoud, qui joue le journaliste Legrand, a dit pour plaisanter qu’il jetterait sa chemise dans le public à l’issue de la représentation. Jean-François Menoud, interprète de Péquinet, lui a répondu: “Lance-la pas trop loin parce qu’il n’y aura personne pour la rattraper!”»
Un scepticisme partagé par Gisou, interprète de Fernande: «Pour moi, il ne fallait pas aller plus loin. Je suis très fière de ce que nous avons fait, mais quand même, nous ne sommes que des amateurs!»
Malgré les doutes, toute la troupe s’est pourtant ralliée au projet d’Yves Savary. C’est donc au complet que Bull’resque se produira sur les planches bruxelloises les 24 et 25 octobre prochain. Finalement pas au théâtre de Vaudeville qui, privatisé, n’offrait plus les conditions pour représenter la pièce dans les traces de Bourvil. Mais au Centre culturel d’Uccle, qui dispose d’une salle de 800 places dans la périphérie bruxelloise. «Un lieu de culture bien vivant où nous avons été très bien accueillis», commente Yves Savary.


Attendus au contour
En se produisant devant un public nouveau, la troupe est consciente qu’elle repart dans l’inconnu. Et en venant jouer Bourvil à Bruxelles, elle sait qu’elle sera cette fois-ci attendue au contour. «En Gruyère, le public venait avant tout voir une troupe d’amateurs», souligne Marie-Laure Romanens, interprète de Lulu. «C’est sûr que jouer là-bas engendre une appréhension supplémentaire.» Jean-François Menoud nuance: «Pour ma part, ça ne me fait pas plus peur de jouer à Bruxelles.»
S’il ressent la pression, Yves Savary philosophe: «Quoiqu’il arrive, on aura tout fait pour donner le meilleur de nous-mêmes.» Une manière de se rassurer avant les deux représentations bruxelloises, qui sonneront comme une apothéose finale à une belle aventure: «J’ai eu beaucoup de plaisir, mais je serai contente de jouer autre chose», confirme Gisou. Et si la pièce suscitait là-bas l’intérêt d’un promoteur? «Ah! Alors il faudra qu’il banque!»

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