Un pied droit imparable et une tête bien faite

| sam, 27. sep. 2014
A l’image du FC Bulle, Simon Chatagny réussit un excellent début de saison. A Xamax, il a côtoyé le Tchétchène Bulat Chagaev. Si le rêve d’une carrière pro est derrière, l’attaquant espère évoluer en Challenge League un jour.

Par Karine Allemann

Simon Chatagny a 21 ans et un vécu déjà riche dans le monde du foot. Parti à Neuchâtel Xamax à 16 ans, il y découvre le monde professionnel, la Super League et… Bulat Chagaev. Il y a aussi connu le manque de repères et les rêves de carrière. Aujour­d’hui, c’est avec le FC Bulle que l’étudiant en économie poursuit son itinéraire de footballeur. Les rêves de grandeur sont derrière, reste l’envie de réussir quelque chose de bien avec les potes de Bouleyres. «Je n’ai aucun regret, il a toujours été clair pour moi qu’il fallait privilégier mes études. Combien de footballeurs ont tout mis de côté pour se retrouver sans rien par la suite?»


Après des débuts dès 6 ans au FC Billens – la famille est domiciliée à Villars-Bramard – à 13 ans l’adolescent rejoint le Team AFF, puis s’en va à Neuchâtel, avec qui la formation fribourgeoise collabore. «Les meilleurs jeunes étaient logés dans des familles d’accueil. J’ai directement joué avec les M18, puis avec les M21 de Xamax.»

Du côté de la Maladière, Simon Chatagny touche son rêve du bout des doigts. «Quand tu arrives dans une telle structure, avec un stade, une salle de musculation, une salle de gym… Forcément, tu penses devenir professionnel plus tard.» Il découvre aussi les négociations avec des agents. «J’ai surtout été contacté par les réseaux sociaux. Mon père en a rencontré un. Mais on n’est jamais allés plus loin. Les agents me parlaient d’Ukraine, de Pologne…J’ai toujours pensé que ça ne servait à rien de partir tant que tu n’étais personne en Suisse.»

Malgré la structure professionnelle, tout n’est pas facile quand on a 16 ans. «La famille d’accueil où je vivais avait ses propres enfants, je ne voulais pas m’imposer. Le soir, je restais seul dans ma chambre. J’avoue que j’ai pleuré bien quelques fois…»

En 2011, débarque à la Maladière le nouveau patron de Xamax: le sulfureux Tchétchène Bulat Chagaev. Le jeune homme de 18 ans est intégré à la première équipe. «J’ai joué dix minutes en Super League. C’était le premier match du championnat, à Bâle, devant 28000 spectateurs. Je ne pouvais pas rêver mieux. J’ai dû toucher sept ou huit ballons, quand même.»

Au sortir du terrain, une scène surréaliste. «Chagaev a débarqué dans le vestiaire. Il a commencé par serrer la main de tous les joueurs. Puis il a désigné chaque membre du staff en lui disant finish, finish, finish… Rudakov (l’ancien international russe domicilié dans le canton), lui servait de traducteur. Il a dit: “Bon, pour résumer, vous êtes tous virés.” Chagaev avait renvoyé tout le staff après le premier match! D’accord, on avait perdu, mais c’était à Bâle…»


Exit le directeur sportif Sony Anderson et l’entraîneur François Ciccolini. Au fil des semaines, malgré la brochette de stars qui transitent par la Maladière, la situation se dégrade. «Ça commençait à sentir le roussi à des kilomètres.» A la pause de Noël, Simon Chatagny fait ses valises et rejoint Fribourg. C’est plutôt sur le banc qu’il assiste à l’incroyable deuxième tour des Fribourgeois et leur ascension en 1re ligue Promotion, en 2012. Toujours cantonné au poste de remplaçant à la reprise, l’étudiant veut retrouver le plaisir du terrain et du jeu. Il rejoint le CS Romontois à l’intersaison. Le club est sous la barre, Simon Chatagny y marquera onze buts. De quoi largement contribuer au sauvetage du CSR.

«Bon pour l’équilibre»
Il est alors contacté par Hervé Bochud, entraîneur du FC Bulle. Une saison 2013-2014 qui se conclura par la relégation en
2e ligue inter. «Personnellement, j’aimais bien les entraînements et les préparations de match d’Hervé Bochud. Mais, effectivement, tout le monde n’a pas tout donné pour sauver l’équipe. Certains joueurs recrutés étaient juste là pour se relancer.»


Quand le jeune homme a rejoint Romont, puis quand il a décidé de rester à Bulle en 2e ligue inter, il a privilégié la sécurité. De quoi nourrir quelques regrets? Simon Chatagny prend le temps de répondre: «Depuis tout petit, quand on me demandait ce que je voulais faire comme métier, je répondais footballeur professionnel. Bien sûr, j’aurais pu tout arrêter et me consacrer au foot. Mais je vois un gars comme Evan Melo, avec qui j’ai joué à Bulle. Il a fait ce choix et, aujourd’hui, il évolue au Mont, en Challenge League. Je lui souhaite le meilleur. Mais il a déjà 21 ans, il est en Challenge League et il n’a rien à côté du foot. Alors non, je n’ai aucun regret. J’ai tenté ma chance, j’ai vécu plein de choses et j’en suis très heureux. Et puis, les études, c’est bon pour l’équilibre. Ça permet d’être plus serein dans la tête.»


Simon Chatagny, un pied droit imparable et une tête visiblement bien faite.

 

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«On se sent soutenus»


Cinq victoires, un match nul et une troisième place au classement, le FC Bulle a plutôt bien réussi son début de saison. «Honnêtement, c’est une des équipes où je me sens le mieux», souligne Simon Chatagny, auteur de six buts. «On est vraiment soudés et il y a un très bon feeling dans le vestiaire. A La Tour, on a réussi notre match référence. Tactiquement, on était bien, et notre solidarité sur le terrain devait faire plaisir à voir.» Quel est son rôle dans l’équipe? «Je pense faire partie des cadres et des leaders. Personnellement, j’aime bien donner des conseils. Après, le vrai leader, c’est Lionel Mallein.»


Le club de Bouleyres ne souhaite pas forcément retrouver la 1re ligue immédiatement. Quid des joueurs? «On ne se met aucune pression. On va essayer de faire le mieux possible et je suis sûr que l’équipe peut encore progresser.» Comment l’attaquant voit-il son avenir? «J’ai signé jusqu’à la fin de la saison. Mais j’ai toujours cette envie d’évoluer en Challenge League un jour. Ce qu’il y a de bien à Bulle, c’est qu’on peut discuter avec l’entraîneur Duilio Servadio ou le président Philippe Kolly. On se sent vraiment soutenus.»


En attendant, Simon Chatagny et ses potes espèrent réaliser un gros match, dimanche à Farvagny (14 h 30), ou les attend un nouveau derby. Le charme de la 2e ligue inter…

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DU TAC AU TAC

Le but dont vous êtes le plus fier?
Celui marqué à La Tour. Je rentre dans les seize et je frappe du gauche. C’était un joli but, réussi devant un nombreux public. Ouvrir le score dans ce derby, c’est quand même particulier.

Votre pire boulette?
A La Tour également, quand je jouais avec Romont. Notre gardien dégage, le ballon frappe devant le gardien tourain. Je crois qu’il part dans le goal, mais il change de trajectoire. J’arrive en pleine vitesse, il me tape le pied et file le long de la ligne. Le gardien le récupère, dégage, et c’est goal pour La Tour….

Vous êtes plutôt enfant terrible ou chouchou de l’entraîneur?
Chouchou de l’entraîneur.

Votre film préféré?
Les Titans, avec Denzel Washington. C’est l’histoire vraie du premier entraîneur noir dans une équipe de football américain en high school. Il est le premier à avoir réuni des Noirs et des Blancs dans la même équipe, ce qui a fini par réunir toute la ville.

Une belle femme?
Scarlett Johansson.

Avec qui passeriez-vous bien une soirée?
Pourquoi pas mon joueur préféré, Frank Lampard?

Votre chanson de la honte dans votre playlist?
Les sardines, de Patrick Sébastien.

La personne la plus connue dans votre répertoire?
Luca Ferro (ancien gardien italien à Xamax, puis à Fribourg).

Terminez cette phrase: Duilio Servadio, il va vraiment falloir qu’il…
… change de voiture. Il a une Saab, elle est vraiment dégueulasse.

 

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