Lundi, le Bourg s’est réveillé comme sonné par le silence

| mar, 14. oct. 2014
La préservation du quartier du Bourg était au cœur de la démarche des promoteurs du nouveau pont. Le quartier doit maintenant se réinventer une vie. Fribourg va pouvoir lancer la requalification de toute la zone.

PAR JEAN GODEL

Dimanche à 15 h 12, au moment du passage de la première voiture sur le pont de la Poya, les bouchons gigantesques qui remontaient jusqu’à Bourguillon et au Schoenberg relevaient de la curiosité, chacun caressant le rêve d’être le premier à franchir l’ouvrage. Au final, ce premier passage se sera fait au rythme des calèches de tête emmenant les officiels sur le nouveau tracé. Avant cela, le conseiller d’Etat Maurice Ropraz et la présidente du Grand Conseil Katharina Thalmann-Bolz s’étaient symboliquement rencontrés au milieu du pont, chacun au volant d’une voiture électrique.
Une demi-heure plus tard, un autre acte fort se produisait, aux conséquences durables: la fermeture du pont de Zaehringen. Et le retour à la vie du Bourg, longtemps sacrifié au trafic et à ses 25000 passages quotidiens. C’est bien là que le défi sera le plus grand à relever: après plus d’un demi-siècle d’occupation automobile, c’est tout un quartier qui doit réapprendre le silence et se réapproprier l’espace qui lui est rendu.


Silence surréaliste
Hier matin, première heure de pointe. La cathédrale baigne dans un silence surréaliste. Pas un chat dans la rue, si ce n’est quelques piétons encore sagement réfugiés sur les trottoirs, en attendant la zone piétonne. Dans ce silence soudain, sous la pluie, l’ambiance est plutôt morne.
Sur le pont de Zaehringen désert, un balayeur solitaire s’active à la tâche: «Psychologiquement, ça fait du bien ce silence.» Pourtant, rien n’a concrètement changé pour lui: «Ce ne sont pas les automobilistes qui salissent les trottoirs…» Quelques voitu-res et camions passent tout de même, la plupart aux plaques non fribourgeoises. Certains conducteurs font demi-tour.
Au bout de la rue, face au pont, l’une des nombreuses échoppes restées vides dans ce quartier asphyxié attend sa nouvelle vie. On se surprend à lui rêver un destin «parisien», du genre petit troquet aux trois tables en terrasse, face au vieux pont et aux contreforts du Schoenberg dont l’automne a déjà incendié les arbres.
Plus haut dans la rue du Pont Suspendu, deux établissements se côtoient dont les patrons ont des opinions diamétralement opposées. Celui du Café du Théâtre, Edgar Vonlanthen, attend pour voir: «Ouvrir une terrasse? On est à l’ombre…» Ce qu’il craint, lui, c’est la disparition des places de stationnement.
Au Restaurant du Cygne, en revanche, Anne Farine Teufel et Maximilien Teufel, les anciens tenanciers de l’Epée, en Basse-Ville, sont confiants: ils ont acheté le bâtiment sachant la métamorphose en cours du quartier. Avec l’idée d’y installer une terrasse et de participer à la renaissance du Bourg. «Ici, c’est comme à Berne, en face de la fosse aux ours», sourit Maximilien, croyant fermement au potentiel de sa rue. «Et ce matin, on a entendu les oiseaux chanter», s’émerveille son épouse.
En face, l’ancienne poste du Bourg ferait, à leurs yeux, un espace culturel idéal, l’un de ces lieux que le Bourg devra s’inventer. Dans la cathédrale, entre deux fugues de l’organiste en pleine répétition, le silence est enfin digne du lieu. Bientôt, on pourra retirer le sarcophage de bois qui, depuis des lustres, protège le portique sud de la pollution. Comme un cadeau que le pont de la Poya fera aux Fribourgeois.

Commentaires

Chers Fribourgeois, n'écoutez pas les jérémiades diffusées dans l'article ci-dessus. Surtout, surtout, ne développez pas plus votre canton. Pour ressembler à qui? A Genève? A un canton sans culture de souche? Non, il est pour vous nécessaire de conserver ce que d'autres canton ont déjà perdu. L'authenticit !!!

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