Les bricoleurs du XXIe siècle ont leur labo expérimental

| jeu, 06. nov. 2014
L’ancienne brasserie Cardinal, à Fribourg, renferme un FabLab. Un drôle de laboratoire, qui attire des créateurs et des bricoleurs de tout le canton, mais aussi des entreprises désireuses de faire du prototypage.

PAR THIBAUD GUISAN

Cédric Barras travaille comme informaticien. Son temps libre, l’habitant de Sorens le consacre avant tout à l’aéromodélisme: le pilotage de planeurs à distance. Le Gruérien de 39 ans est un des utilisateurs du FabLab de Fribourg.
Ce laboratoire de fabrication est situé dans l’ancienne maison du gardien de la brasserie Cardinal. La bâtisse de 1922, à l’architecture Heimatstil, trône à l’entrée du site rebaptisé BlueFactory. Et son premier étage s’est transformé en un repaire technologique. L’espace vient d’être inauguré officiellement. On y trouve un ensemble de machines à commandes numéri-ques, dialoguant avec des ordinateurs: imprimantes 3D, petits centres d’usinage, graveuse et découpeuse laser. «Le but est de passer rapidement d’une idée à sa concrétisation», résume Romain Guiet, secrétaire de l’association qui gère la structure.
Les machines-outils s’adressent d’abord à des particuliers. «Mais aussi à de petites entreprises, qui souhaitent faire du prototypage avant la commercialisation d’un objet, complète le président Benoît de Kalbermatten. Des architectes peuvent réaliser des maquettes de projets. Nous accueillons aussi des graphistes.» Une production en petite série peut être imaginée. «Par exemple, des socles, dans le domaine de l’horlogerie.»
Les utilisateurs viennent de tout le canton. Cédric Barras projette, lui, de construire un planeur radiocommandé. De A à Z. «C’est plus gratifiant qu’acheter un nouveau modèle.» L’appareil aura une envergure de 3 mètres. L’opération commencera par la construction d’un petit centre de découpe CNC pour la fabrication de moules en fibre de verre. «Il n’y a pas de stress. Mais j’espère que les premiers moules seront prêts à l’été 2015 et que le planeur sera fini durant l’hiver 2015-2016.»
Membre du FabLab depuis plus de deux mois, le Gruérien a commencé par se former à l’emploi des machines. «Si on est bloqué dans son projet, on discute avec les autres utilisateurs et on essaie de trouver une solution. J’ai toujours été très bricoleur. Je viens de finir de rénover ma maison. Quand je rentre du travail, j’ai besoin de faire quelque chose de concret, pas de virtuel.»
Une odeur de bois brûlé se dégage de la découpeuse laser. «Nous mettons à disposition des outils que tout un chacun ne peut pas avoir à la maison, explique Charly Pache, membre du comité. Une découpeuse laser vaut facilement 40000 à 50000 francs, une bonne imprimante 3D entre 1000 et 3000 fr. Et puis, les gens font de la poussière ici et pas chez eux.»


Imprimés à 200 degrés
Une pièce réunit trois imprimantes 3D. A partir d’un modèle informatisé, elles façonnent des objets, couche par couche. La matière première, un filament plastique, est fondue à environ 200 degrés pour devenir liquide: elle sort d’une petite buse. Comme d’un pistolet à colle. «Le débit est d’environ 20 à 25 cm3 par heure, note Romain Guiet. Le grand avantage de ce mode de production, c’est qu’il évite des joints ou des soudures. L’aéronautique s’y intéresse fortement.»
D’autres utilisateurs viennent du sud du canton. Gévard Clavien, de La Tour-de-Trême, la cinquantaine, est en train de mettre en place un e-commerce d’imprimantes 3D à assembler soi-même. «Venir au FabLab me permet de comprendre les besoins des utilisateurs, explique cet ingénieur en électronique de formation. De plus, j’avais envie de soutenir cette initiative.»
De son côté, Frédéric Genevey, de Sommentier, dit fréquenter le laboratoire une fois toutes les deux semaines. Agé de 40 ans, il enseigne la robotique, les technologies et l’informatique dans un établissement primaire et secondaire d’Ecublens (VD). «Par mon travail, je baigne dans le monde des imprimantes 3D. Le FabLab est une communauté, avec des outils et des compétences. Il y a toujours quelque chose à apprendre.» Le Glânois vient usiner des pièces à Fribourg. Par exemple pour la fabrication d’un quadricoptère (un drone à quatre hélices) ou une main robotisée.


La solution du boucher
Des objets nés dans le Fab-Lab fribourgeois ont déjà trouvé des applications moins farfelues. Ainsi, Florian Bourguet, 23 ans, de Bonnefontaine, a conçu un moule destiné à produire des sceaux, fixés au bout de jambons. Etudiant en master à l’Ecole d’ingénieurs de Fribourg, filière électronique, il a reçu cette commande d’un boucher.

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