Un centre-ville revisité pour une croissance mieux maîtrisée

| sam, 15. nov. 2014
Main dans la main, TPF et commune ont présenté vendredi le futur Châtel-Saint-Denis. Gare déplacée, route cantonale possiblement décalée, quartiers à créer: 100000 m2 à inventer. Estimé à 500 millions de francs, le projet sortira de terre par étapes.

PAR SOPHIE MURITH

Une vision à long terme. Vendredi, les Transports publics fribourgeois (TPF) et la commune de Châtel-Saint-Denis ont présenté leur plan pour l’avenir du chef-lieu veveysan. Jeudi soir, les propriétaires concernés ainsi que les Conseils communal et général ont pris connaissance du projet. Une séance d’information publique aura lieu le 27 novembre.
Le déplacement de la gare En Fossiau entraîne une cascade de modifications. Celles-ci engendreront la création de deux nouveaux centres forts dans le périmètre des secteurs de l’ancienne et de la nouvelle gare. Lancé en 2013 pour garantir l’équilibre entre futurs espaces et quartiers existants, ainsi que pour réussir l’intégration de la nouvelle gare, le mandat d’étude parallèle (MEP) est une procédure systématique des TPF pour leurs projets d’envergure. «Construire une gare, ce n’est pas seulement deux quais et une voie, plaisante Vincent Ducrot, directeur des TPF. C’est avant tout créer des infrastructures. Et cela ne se fait pas en une nuit.»
Et autant dire que celles-ci seront nombreuses sur les 100000 m2 concernés par le MEP conçu par le Genevois Eric Maria, une surface aux deux tiers en main des TPF: 10% à 15% seront dédiées à des surfaces commerciales ou de service, 85% à des logements.
«Cela correspond à environ 1800 habitants en plus, estime Vincent Ducrot. Il est bien clair qu’il sera tenu compte du marché immobilier pour réaliser ces constructions. Nous n’allons pas inonder le marché.» Il estime à 500 millions de francs les investissements nécessaires à la réalisation du MEP dans son intégralité.

Nouvelle gare
Le cœur du projet. La gare sera réalisée en pont, au-dessus du terrain naturel, pour un coût de 26 millions. Elle sera subventionnée par le fonds de financement et d'aménagement de l'infrastructure ferroviaire. «Nous avons voulu limiter les mouvements de terre pour éviter les coûts complexes, explique Eric Maria, concepteur du projet. Une place piétonne s’étendra ainsi de part et d’autre. Elle sera délimitée par neuf bâtiments. Proches de la gare, ceux-ci seront dédiés aux activités commerciales ou de services, plus loin, aux logements et à des magasins au rez-de-chaussée. La gare routière, largement arborisée, se trouvera dans le prolongement de la place en direction du centre-ville. Seuls les bus pourront y accéder par le giratoire nouvellement construit à l’emplacement de la maison dite Bohr.
Un parking souterrain, accessible par la route de Palézieux, tiendra lieu de dépose minute et de zone taxi. En effet, la route de la Coula sera coupée au niveau de l’actuel passage à niveau. Le trafic sera détourné vers la nouvelle route cantonale.

La route cantonale
Elle empruntera le tracé du chemin de fer actuel, du passage à niveau de l’entrée de la route des Pléiades à la sortie de la ville, direction Remaufens. «Un déplacement de la route cantonale présente plusieurs avantages, énumère le syndic François Genoud. Les élèves du CO ne passeront plus par le centre-ville, les passages à niveau seront supprimés, la situation de la croisée de la Coula sera améliorée.» Une zone de rencontre sera créée sur la route de la Coula. Grâce à la suppression de deux bâtiments, tourner au carrefour de l’avenue de la Gare et de la route de Vevey ne nécessitera plus de dons de pilote automobile.
Ce projet est estimé à 22 millions de francs dans son tracé le plus long, d'En Fossiau à la route de Vevey, et à 15 millions s'il s’arrête au nouveau giratoire. «Nous sommes en discussion active avec les services cantonaux pour obtenir leur accord, précise le syndic. Cela serait une occasion fantastique et cela faciliterait l’accès de la Basse-Veveyse à l’autoroute A12.» L’aval du Grand Conseil sera aussi demandé.
Cet investissement aura certainement pour effet l’abandon du projet cantonal de contournement par un tunnel sous le quartier de Montimbert, estimé à 58 millions de francs. En cas de refus, la circulation serait maintenue telle quelle.
Quant au parking public du Grand-Clos se transformera en place pour répondre aux besoins des organisateurs de manifestations. «Un parking souterrain pourra être aménagé en dessous», précise Eric Maria.

Nouveaux quartiers
Le secteur de l’ancienne gare comptera une quinzaine de bâtiments. «Les voitures se trouveront en dessous pour laisser de la place à la mobilité douce, décrit Eric Maria. Le quartier d’immeubles peu élevés sera ainsi très calme.» Pour la future zone de Tatrel, située à proximité de la future route cantonale, ce sont six immeubles de six à dix appartements qui verront le jour. «Nous avons utilisé la pente naturelle et voulu éviter l’impression de barre en rendant les bâtiments reconnaissables.» Quant à la zone de Fossiau-Ouest, qui constituera l’entrée de la ville depuis Remaufens, elle comptera sept immeubles, le plus haut de six étages. «Nous avons voulu conserver le caractère de Châtel-Saint-Denis, assure Vincent Ducrot. A la limite entre ville et campagne.»
Séance d’information publique, Châtel-Saint-Denis, Univers@lle, jeudi 27 novembre, à 20 h

 

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Un projet pour la prochaine génération
Programme. Le projet dessiné par le mandat d’étude parallèle (MEP) devrait prendre corps dans les vingt prochaines années. Première étape: la zone de la gare, y compris la gare routière et les bâtiments les plus proches, ainsi que la route cantonale. Une fois les voies désaffectées.
Actuellement, la gare ne respecte plus les normes d’accès pour les personnes handicapées, elle doit être totalement transformée avant 2024. Le projet de la nouvelle gare sera mis à l’enquête publique par les Transports publics fribourgeois (TPF) à l’automne 2015, le permis de construire devrait être délivré à la fin de l’année 2016. «La gare devrait entrer en service entre les changements d’horaires 2017 et 2018, évalue Vincent Ducrot, directeur des TPF. Le calendrier n’a pas changé.»
Avec son déplacement, la gare pourra ainsi sortir de son impasse – une anomalie consécutive à la suppression de la ligne vers Vevey, en 1969. Son repositionnement permettra de gagner quatre minutes de temps de parcours entre Bulle et Palézieux et d’offrir au RER des cadences aux trente minutes.
«Les Plans d’aménagement de détail des secteurs de la nouvelle et de l’ancienne gare seront lancés prochainement, assure Vincent Ducrot. Les TPF sont propriétaires d’une grande partie de ces secteurs. «Les autres propriétaires fonciers sont aussi prêts à aller de l’avant.» Suivront la zone Grand-Clos, puis celles de Tatrel et d’En Fossiau Ouest.
Si le MEP donne la ligne, le nombre de bâtiments et leur volume, par exemple, ne devraient pas changer. «Chaque immeuble doit faire l’objet d’un projet d’architecture», rappelle Eric Maria, concepteur du MEP lauréat. Avec pour corollaire, des demandes de permis de construire, mais surtout des propriétaires fonciers décidés à réaliser leur parcelle et des investisseurs convaincus de leur placement. SM

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