Une forêt diversifiée au-delà du naturel

| mar, 11. nov. 2014
Un projet d’amélioration de la biodiversité des forêts a été mis sur pied. Il comprend un remodelage pour créer des milieux propices à la faune et à la flore.

PAR MATHIEU MUSY

Cela fait une année que le Service des forêts et de la faune (SFF) et la commune de Bellegarde remodèlent le paysage des Gastlosen. Plus particulièrement les forêts qui ont poussé à leurs pieds, sur les éboulis rocheux. Une année après le début des travaux, visite d’une partie de la forêt purgée de la moitié de son volume, pour le plus grand bonheur des arbres et des oiseaux, ses hôtes de marque.
L’initiative de ce projet revient à Vincent Castella, forestier de la commune de Bellegarde. Suivant une directive fédérale de sauvegarde de la faune et de la flore, le projet est accepté et financé à hauteur de 500000 francs, répartis entre le canton et la Confédération.
Une réserve de 206 hectares de forêt a d’abord été délimitée, le long de la chaîne des Gastlosen. Les communes, ainsi que huit particuliers ont inscrit leurs terrains dans ce programme pour une première phase de dix ans. A l’automne 2013, une équipe de spécialistes montée par Patrick Rossier, ingénieur sylvicole à la SFF, a donné ses lignes directrices: les procédés d’amélioration de la biodiversité pouvaient commencer.


Espèces cibles
Une grande variété d’arbres et d’oiseaux se trouve naturellement dans la région des Gastlosen. Il fallait donc choisir parmi toutes ces espèces lesquelles allaient être favorisées. Suivant des directives européennes, le tétras-lyre allait donc être protégé. La gélinotte et la bécasse des bois ont également été choisies comme espèces cibles. Le couple formé du pic tridactyle et de la chouette chevêchette, qui s’approprie des trous du premier pour son habitat, a aussi été sélectionné. L’arolle est aussi ciblé, car indigène et rare.
Pour favoriser ces espèces, la forêt est remodelée afin d’en faire une multitude de milieux de vie propices: l’annelage de certains troncs, ou la mise à mort méthodique d’un arbre permet de constituer du bois sec sur pied dans lequel des oiseaux nicheront. Enlever de la masse de forêt permet aux myrtilliers de pousser, et de nourrir les animaux. «Mais le dosage de la luminosité nécessaire pour les myrtilles n’est pas évident», note Vincent Castella.


Stations forestières
Au-delà de l’intervention effectuée dans une réserve standard, un tel modelage de la forêt dépasse l’évolution naturelle d’un milieu. Il semblerait que ces forêts sont un pendant aux monocultures d’épicéas privilégiées au XXe siècle pour leur rentabilité. Le capital économique qu’elles représentaient serait donc contrebalancé par le capital écologique qu’on trouve dans une forêt renaturalisée.
«On a dû établir des stations forestières, pour mener à bien ce projet, explique Patrick Rossier. C’est une sorte de profil, de forêt idéale pour des espèces indigènes définies. On intervient dans des zones délimitées, pas comme une réserve naturelle où on laisserait aller.»
Protégées, «ces zones restent cependant multifonctionnelles, comme 80% de la forêt suisse», ajoute-t-il. Si les branches des arbres abattus restent au sol pour former le précieux humus, les arbres peuvent néanmoins être exploités par les propriétaires.
A condition qu’ils ne perturbent pas une faune choyée et dorlotée par les forestiers, marcheurs, randonneurs et autres amateurs des Gastlosen pourront, eux aussi, toujours profiter des montagnes. Le chant des oiseaux et la diversité de la forêt en plus.

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