«Des fois, je demande à Marcel s’il m’aime encore!»

| mar, 18. nov. 2014
A Sâles, Lucie et Marcel Pasquier fêtent ce mardi leurs 70 ans de mariage. De l’amour, toujours, dans les yeux, même si les usages d’un autre temps ont participé à leurs noces de platine.

PAR PRISKA RAUBER

Elle porte l’alliance de son mari, parce que la sienne n’était «plus qu’un fil qui valait 6 francs». L’anneau d’or n’a pas tenu la distance: septante ans au doigt de Lucie Pasquier, qui a épousé Marcel le 18 novembre 1944. «Alors il m’a donné la sienne. Comme il était maçon voyez, il ne la mettait pas.» Elles sont souvent comme ça les dames, plus attachées aux symboles. Aux mots d’amour aussi. «Des fois, je lui demande s’il m’aime encore! “Jamais autant que maintenant” il me répond!»
Les tourtereaux se sont connus à Sâles, où ils résident encore. «Lui habitait ici, et moi d’en haut. Ici, c’était la maison de ses parents, qu’il a construite lui-même!» Ils se croisaient alors souvent. Les joues lisses et rosies, Marcel lui fit la cour. «Bien sûr que je savais que c’était elle, la femme de ma vie.» Lucie sourit, puis se penche pour confier qu’«à l’époque, on était obligés de se marier si on voulait être ensemble.»
Mais si l’usage ou la morale d’un autre temps a participé au façonnage de ce couple et à ses noces de platine, il est certain que l’amour est son fondement. Toujours manifeste. Voyez leur regard sur la photo. Leurs mains… «On s’est toujours bien accordés», note simplement Lucie en guise de commentaire. «Bon, il n’en faut pas deux pour commander», constate de son côté Marcel. Et Lucie de rétorquer illico: «Je commande, entendons-nous! Plutôt, je prends les choses en main, mais je lui demande ce qu’il en pense et, ma foi, il me dit qu’il est toujours d’accord avec moi! Il n’a pas de souci comme ça.»
S’ils se sont mariés en des temps peu gais, ils relèvent leur chance. D’avoir eu la santé, du travail, «beaucoup, même s’il était dur. Marcel gagnait 90 centimes de l’heure quand on s’est mariés.» La chance d’avoir mis au monde trois filles (en 1945, 1946 et 1947) qui les soutiennent encore aujourd’hui, cinq petits-enfants et trois arrière-petits-enfants, leurs beaux-fils et beaux-petits-enfants, «tous très serviables et vraiment gentils».
Grâce à cette clique, dont leur aînée qui vit au-dessus et leur petite-fille à côté, Marcel et Lucie coulent des jours heureux, chez eux. A un âge pourtant honorable: 95 ans pour elle, 91 pour lui.


Un jour après l’autre
«Le vendredi, je cuisine toujours pour nous deux», glisse Lucie. Et très bien, paraît-il. Son époux ne manque jamais de complimenter celle qu’il appelle «maman», et qui court encore les lotos chaque semaine, avec l’un ou l’autre des membres de sa famille. «S’il y en avait tous les soirs, j’irais tous les soirs! Bon, pas toute seule, comme samedi. D’autant que Marcel aussi était seul par là. A quoi ça sert ça, une soirée où moi je suis seule au loto et lui seul à la maison?»
Même après septante ans de vie commune, ces deux-là n’aiment pas être séparés trop longtemps. Alors, la pendule d’argent, celle qui ronronne au salon, ils préfèrent ne pas l’écouter. «Faut pas y penser, à quand notre santé ne suivra plus, à la fin et tout ça, ça ne sert à rien.» Ils ont choisi de vivre un jour après l’autre. «On est gâtés, tché Marcel. On a une belle famille, on est bien logés, on a à boire, à manger, des visites, on est les deux…» Et son Marcel d’acquiescer.
A ces amoureux tendres, nous souhaitons encore de nombreux doux moments à passer les yeux dans les yeux.

 

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Les mariages durent treize ans
Fêter 70 ans de mariage, c’est rare. Pour prendre la mesure de la durée exceptionnelle de cette union, il faut se tourner vers les chiffres des… divorces! En 2008 (le dernier portrait démographique de la Suisse), 19600 divorces ont été prononcés. «La propension à divorcer s’est nettement accentuée ces dernières décennies, note l’Office fédéral de la statistique (OFS). Alors que l’indicateur conjoncturel était de 12,5% en 1970, il atteint 48% aujourd’hui.» Un couple sur deux divorce.
La séparation menace avant tout les premières années, relève encore l’OFS. Le plus grand nombre de divorces ont lieu durant la sixième année de mariage. «On constate également qu’un nombre croissant de couples divorcent après de longues années en commun. Après plus de trente ans de mariage, ils représentent 3% de tous les divorces prononcés en 1970, contre 7,7% en 2008.» En moyenne, les mariages durent 13,4 ans. C’est 56,6 ans de moins que Lucie et Marcel Pasquier. PR

 

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