PAR YANN GUERCHANIK

La place de fête comme un décor de téléréalité? Nabilla à la Rencontre de jeunesses du Pâquier? Pas vraiment. Si des caméras scruteront le Giron d’hiver qui rugira le week-end du 6 et 7 février, c’est uniquement par mesure de sécurité. «Nous voulions en faire davantage, explique Vincent Gremaud, mettre toutes les chances de notre côté pour atteindre le zéro accident.» Membre du comité d’organisation, le Gruérien de 42 ans propose alors de mettre à disposition un système de vidéosurveillance.
Vincent Gremaud est directeur de Softcom à Granges-Paccot. L’entreprise de logiciels développe des solutions de vidéosurveillance via la société Morphean. «On voulait d’abord éviter qu’une personne nous file entre les pattes, qu’elle se retrouve en mauvaise posture dans le froid. Dans un deuxiè-me temps, nous avons également décidé de mettre à profit les caméras en amont de la manifestation, pour se prémunir contre le vol de matériel.»
Trois caméras couvriront le périmètre: une optique, mais surtout deux thermiques. «Ces dernières fonctionnent de jour comme de nuit, explique Eric Gagnaux, 41 ans, directeur chez Morphean. Basées sur le contraste de chaleur, elles fournissent des images en noir et blanc sur lesquelles on distingue clairement les silhouettes. On peut repérer des personnes à 150 mètres dans le noir, et cela en pleine forêt.»

Détecter les anomalies
Ces caméras high-tech se distinguent avant tout par le logiciel qui les fait fonctionner. Il est conçu pour détecter automatiquement «les anomalies du comportement humain». Lorsqu’il repère une «irrégularité», le logiciel déclenche une alarme sur l’ordinateur ou le téléphone portable de l’usa-ger. Mieux, il est capable d’enrichir sa connaissance à mesure qu’il collecte les cas de figure. Comme une sorte d’intelligence artificielle.
«Au Pâquier, explique Eric Gagnaux, on procédera essentiellement à de la détection d’intrusion: si quelqu’un pénètre dans une zone définie, cela provoque une alarme. Il est probable qu’on pratique également de la détection de mouvement ou de la détection dite de maraudage: pendant un laps de temps donné, le système vidéo analyse le comportement d’une personne qui évolue sur plusieurs zones définies.»
Mettons, par exemple, qu’un individu s’enfonce dans la forêt qui jouxte la place de fête. Dans un premier temps, la caméra peut se contenter de le repérer. Si elle s’aperçoit qu’il cesse de bouger pendant une durée significative, elle peut alors déclencher l’alarme. «Nous serons donc en mesure de détecter une personne qui s’endort de façon à intervenir pour ne pas qu’elle passe la nuit dehors.»
L’ensemble des situations susceptibles d’être gérées par la vidéosurveillance sera décidé lors de la mise en place des caméras. «Cela dépendra de différents facteurs, mais principalement de la distance à laquelle on filme», indique Eric Gagnaux. En attendant, Vincent Gremaud imagine d’autres cas de figure encore: «quelqu’un qui s’écroule dans un coin, quelqu’un qui reste allongé près de sa voiture…» Alertée par le système, une équipe pourra immédiatement se rendre sur place.

Moyens humains aussi
Vincent Gremaud insiste sur un point: «Les caméras n’entraîneront pas une diminution de personnel. Il y aura autant de pompiers ou d’agents de sécurité que d’ordinaire.» Le président du comité d’organisation Philippe Gremaud abonde dans ce sens: «Nous ne renonçons pas pour autant aux patrouilles de surveillance, comme cela s’est fait lors de la première édition à Moléson.»

Respect de la sphère privée
Eté comme hiver, les girons ne ressemblent plus aux joyeux souks des débuts. Edition après édition, les jeunesses organisatrices se transmettent un dossier de sécurité constamment mis à jour. Chaque secteur de la manifestation est avalisé par la police, les pompiers et les ambulanciers. Au fil des ans, la préfecture a resserré la surveillance. «La police a d’ailleurs accueilli favorablement la mise en place des caméras», se félicite Vincent Gremaud.
Reste une question. Qu’en est-il de la sphère privée et de la conservation des images? Comme le veut la loi, la préfecture et le préposé à la protection des données ont été informés. Dès lors, le système de vidéosurveillance doit être signalé de manière adéquate et les données enregistrées doivent faire l’objet de mesures visant à éviter tout traitement non autorisé.
«La très grande majorité des images ne sont pas visualisées puisque le système fonctionne automatiquement, relève Vincent Gremaud. Les images de vision thermique ne permettent d’ailleurs pas de reconnaître les personnes (voir l’image ci-dessous). D’autre part, elles seront toutes détruites après la manifestation. L’installation est uniquement dédiée à la protection des personnes.» De quoi faire la fête avec assurance et l’esprit tranquille.

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Parés pour la fête

«Un Giron d’hiver est sans doute moins difficile à mettre en place, reconnaît volontiers le président du comité d’organisation de la Rencontre du Pâquier Philippe Gremaud. Mais il faut redoubler d’efforts en ce qui concerne la sécurité! En ce sens, les caméras nous rassurent un peu plus encore.»
Pas besoin de prévoir un camping certes, mais il faut redouter le froid. En 2012 à Moléson, le premier Giron d’hiver s’était déroulé dans des conditions extrêmes.
Il en faudrait néanmoins davantage pour refroidir les participants. Avec 28 équipes inscrites pour cette édition, ils seront plus nombreux qu’à la première. Placée sous le signe des sports d’hiver, la Rencontre des jeunesses gruérienne des 6 et 7 février prochain ne manquera pas de joutes fantaisistes. «Nous espérons que la manifestation attire 3000 personnes», confie le président qui travaille au sein du service marketing du gruyère AOP. Si le comité nourrit des ambitions modestes, il caresse l’espoir d’un «petit bénéfice».
Est-ce que la déconfiture financière du Giron cantonal de Farvagny plane sur les esprits? Les prétentions ne sont pas les mêmes. De l’avis de plusieurs membres du comité, on est bien content que cette fête au village arbore une taille humaine. YG