PAR JEROME GACHET

Au Conseil des Etats, la situation est désormais limpide. Comme prévu, Nicolas Bürgisser (PLR) retire sa candidature afin d’éviter la confrontation avec Beat Vonlanthen, germanophone comme lui. Voilà qui laisse le champ libre à Jacques Bourgeois, comme l’a confirmé le président des libéraux-radicaux Didier Castella à La Liberté. La présence du directeur de l’Union suisse des paysans risque fort de provoquer un deuxième tour. Et s’il lui sera très difficile de déloger le socialiste Christian Levrat et Beat Vonlanthen, il en retirera une notoriété très utile pour le National.

QUI SERA LE CANDIDAT UDC AUX ETATS?
Les regards se tournent vers l’UDC: qui sera son candidat? Surtout motivé à l’idée d’affronter Dominique de Buman, Jean-François Rime renonce à une nouvelle candidature au Conseil des Etats. Comme lui, le président cantonal Roland Mesot est d’avis que l’UDC doit miser sur un germanophone. Si aucun des prétendants n’a de réelles chances de victoire, cette élection servira de tremplin. Pour le National, peut-être, pour Emanuel Waeber et Katharina Thalmann-Bolz ou pour la préfecture de la Singine, pour Markus Zosso. L’arme est à double tranchant: pas à la hauteur, Ruedi Vonlanthen (PLR) l’avait appris à ses dépens en 2011.

DEUX SIEGES UDC AU CONSEIL NATIONAL?
En 2011, les démocrates du centre étaient passés très près d’un second fauteuil avec 21,4% des suffrages au National. Fauteuil que le PLR (11,7%) avait maintenu de justesse avec l’aide de ses jeunes (1,1%). Le PDC (20,3%), lui, avait sauvé les deux siens à la faveur de l’apparentement avec le PBD (1,9%) et surtout les Vert’libéraux (3,5%). Chaud.
Pour l’UDC, le problème est toujours le même: les autres partis rechignent à s’associer avec lui. Le PLR a d’ores et déjà laissé entendre qu’il ne combattrait pas le PDC en s’associant avec l’UDC. Ni l’inverse. Rappelons que ces trois partis seront alliés en 2016 en vue du renouvellement du Conseil d’Etat…
Très convoités, les Vert’libéraux ne savent pas avec qui ils rouleront le 18 octobre prochain. «Toutes les options sont ouvertes, même celle d’y aller seul», relève Daniel Savary. Le président dit avoir été déçu par les positions des démocrates-chrétiens, notamment dans le dossier des cercles électoraux. Il n’en fait pas un casus belli pour autant.
A l’UDC, plusieurs prétendants sont connus: le sortant Jean-François Rime (Gruyère), qui ne risque pas grand-chose, mais aussi Roland Mesot (Veveyse), Ruedi Schläfli (Sarine) et Jean-Daniel Chardonnens (Broye). Tous doivent encore être adoubés lors de l’assemblée, prévue en mai.
L’UDC doit aussi faire face à des tensions internes: tout le monde ne voit pas d’un bon œil l’arrivée de transfuges comme  les anciens PDC Emmanuel Kilchenmann ou Emanuel Waeber. Le départ, à grand fracas, de l’agriculteur Michel Losey au PLR, a aussi laissé des traces.

TOUS DERRIERE JACQUES BOURGEOIS
Si l’UDC devait prendre un siège, ce qui est loin d’être fait, reste à savoir à qui. En se fiant aux résultats de 2011, le PLR paraît en danger. Du coup, il met tous les atouts de son côté. Première mesure, Jacques Bourgeois se lancera aussi dans la campagne très médiatisée des Etats. Ne manque que le feu vert de l’assemblée. Président des libéraux-radicaux du canton, Didier Castella peut avancer huit noms – un de trop! – de personnes ayant fait part de leur intérêt ou qui ont été présentées par leur section: Nadine Gobet (Gruyère), Michel Losey (Broye), Fritz Glauser (Glâne), Markus Ith (Lac), Christian Udry (Singine), Pascal Kuenlin (Sarine), Raphaël Casazza (Fribourg) et, bien sûr, Jacques Bourgeois (Sarine). Les jeunes devraient à l’évidence être présents.

LE PDC MISE SUR SES DEUX SORTANTS
En préférant Beat Vonlanthen à Do-minique de Buman dans la course au Conseil des Etats, le PDC rend la tâche difficile, voire impossible, pour un non-élu. Eric Collomb (Broye) et Christian Duccoterd (Sarine) sont annoncés
partants aux côtés, bien sûr, de la sortante Christine Bulliard-Marbach (Singine). Dans le sud du canton, le nom de Jean-Pierre Doutaz revient avec insistance, mais le syndic de Gruyères doit rendre réponse.
«Avec nos deux sortants, les listes de jeunes et, éventuellement, des apparentements, nous pouvons progresser», affirme André Schönenweid, le président cantonal.

AU PS LA VIE SANS CHRISTIAN LEVRAT
Au National, le Parti socialiste devra cette fois compter sans Christian Levrat et ses scores canons. Pas simple. Jean-François Steiert certes a gagné en notoriété lors de la complémentaire au Conseil d’Etat, mais il ne pourra compenser à lui seul les voix du Gruérien. A voir également comment les électeurs jugeront Valérie Piller-Carrard, qui avait créé la surprise en 2011, et Ursula Schneider-Schüttel, qui a remplacé Christian Levrat en 2012.
D’autres candidats les mettent sous pression comme Pierre Mauron (Gruyè-re) ou David Bonny (Sarine), même si ce dernier n’a pas encore annoncé sa candidature. En Veveyse, Gaétan Emonet a aussi fait part de son intérêt. Il ne devrait en revanche pas y avoir de candidat glânois, annonce le président Benoît Piller. Le PS compte aussi sur l’alliance de gauche. «Les discussions vont bon train», poursuit-il. Les Verts et le PCS pourraient donc remettre ça. Possible, également, que l’apparentement soit élargi au Parti évangélique.