Fini le baptême privatisé dans son coin de chapelle

| jeu, 29. Jan. 2015
Dès le 5 avril, l’Unité pastorale Notre-Dame de Compassion invite les familles à célébrer les baptêmes dans les églises paroissiales. Et non plus dans les chapelles ou les oratoires. L’équipe pastorale entend ainsi dynamiser les liens communautaires.

PAR YANN GUERCHANIK

Chaque année, l’Unité pastorale Notre-Dame de Compassion célèbre plus de 250 baptêmes. Et chaque année, quelque 50 célébrants – diacres et prêtres – viennent de l’extérieur pour en célébrer une partie. Le baptême est entré dans une logique de privatisation: on veut un prêtre qui nous est cher, un lieu de prédilection, pour profiter de l’événement dans le cercle restreint de la famille et des proches. Une fête dans son coin de chapelle.
«Or, notre communauté est dynamisée par le baptême. Ce sont les baptisés qui la font vivre, souligne le curé modérateur Bernard Miserez. Entrer dans le baptême, c’est vivre en frère et en sœur. Comment comprendre que cet acte qui est la marque de Dieu sur chacun d’entre nous soit isolé de la communauté?» Une réflexion a dès lors été menée. Et des changements vont s’opérer.


Cérémonies groupées
Pour sortir du raisonnement individualiste, les familles seront invitées, dès le 5 avril prochain, à célébrer les baptêmes dans les églises paroissiales, «qui sont le signe visible du rassemblement dominical». Ainsi, plusieurs baptêmes pourront être organisés en même temps.
«Nous avons également élargi les possibilités au niveau des horaires», relève Bernard Miserez. Deux week-ends par mois seront réservés pour les baptêmes, avec la possibilité de baptiser le samedi après-midi avant la messe dominicale et le dimanche à la suite de la messe. Quatre fois par année, la célébration pourra également avoir lieu le dimanche pendant la messe.
Si un prêtre extérieur à l’unité paroissiale est sollicité par une famille, il devra également assurer les baptêmes prévus au même moment et au même endroit. «Ces célébrants sont les bienvenus, explique Bernard Miserez. Mais de cette façon, on veut éviter les baptêmes en petit comité.»


Du tissu communautaire
«Deux prêtres et demi» (en comptant Zbiniew Wiszowaty et Thomas Cui à 60%) pour quinze paroisses: Bernard Miserez confie volontiers qu’il s’agit là d’un chiffre «à peine raisonnable». Il insiste néanmoins: «Cette réorganisation du baptême n’est pas la conséquence d’un manque de prêtres. Il s’agit vraiment de retrouver le sens de ce sacrement dont Dieu est à l’initiative. On n’a pas de droit sur le baptême, on n’est pas propriétaire de sa liturgie. Le baptême est un don.»
De façon générale, Bernard Miserez s’interroge sur «certains usages et traditions qui ont eu leurs raisons d’être, mais qui n’ont pas d’avenir». Il en est convaincu: «Il nous faut aller vers du neuf, conduire les gens à la joie de croire. Si le baptême est la porte d’entrée de l’expérience de la foi, nous devons nous investir pour vivre communautairement ce genre de passages.»
En l’occurrence, «on n’invente rien », sourit le curé modérateur. «Du temps de l’abbé Jordan, Brülhart ou Thiémard, les choses se passaient déjà ainsi.» Par ailleurs, l’Unité pastorale ne fait qu’appliquer les directives cantonales de 2008, qui encourageaient déjà à ne pas célébrer les baptêmes dans les chapelles et les oratoires.


Un appel aux paroissiens
Si le remaniement va permettre aux prêtres de moins se disperser, de s’organiser plus efficacement, il ne signifie pas moins de travail. Surtout pas pour l’équipe de la pastorale du baptême. Cette dernière est composée des animatrices Marianne Monney, Véronique Yerly Zurlinden, Marie-Jocelyne Pittet et de l’abbé Zbigniew, en tant qu’aumônier.
Car la préparation du baptême cherchera, elle aussi, à «fabriquer plus de tissu social». «Pour un premier baptême, nous visitons les familles: cela favorise l’échange, la connaissance de l’autre, explique la responsable Marianne Monney. Pour le reste, nous nous retrouvions à donner des conférences devant une foule d’anonymes. Désormais, nous allons privilégier la discussion, idéalement en regroupant les familles qui baptiseront ensemble.»
Pour Véronique Yerly Zurlinden, toute la démarche tombe sous le sens: «Lorsqu’on met au monde un enfant, on sait qu’on ne va pas pouvoir l’éduquer tout seul dans sa bulle. On a besoin de toute la communauté.»
Pour accomplir au mieux la nouvelle mission qu’elle s’est donnée, l’Unité Notre-Dame de Compassion lance d’ailleurs un appel à toutes les personnes intéressées à participer à la pastorale du baptême. Les personnes qui voudraient s’engager ou celles qui souhaitent simplement en savoir davantage sur la nouvelle organisation sont conviées à une soirée d’information le 6 février prochain.
Bernard Miserez et son équipe savent pertinemment qu’il leur faudra «affronter des vents contraires». Il arrive déjà que des gens s’offusquent: «Nous avons trouvé un prêtre, une chapelle, nous avons fait tout le boulot… et d’autres pourraient en profiter sans rien faire?» A ceux-là, il suffira peut-être de rappeler quelques-uns des principes fondamentaux du baptême.


Soirée d’information le 6 février à 20 h, aux Halles, à Bulle. Autres renseignements sur www.upcompassion.ch

 

 

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