Il n’y a plus qu’un seul prêtre exorciste dans le diocèse

| mar, 13. Jan. 2015
L’abbé Le Moual, à Charmey, n’est plus prêtre exorciste. L’évêché a changé l’organisation du ministère d’écoute et de délivrance.

PAR PRISKA RAUBER

L’abbé Jacques Le Moual, de Charmey, annonce désormais d’emblée à ceux qui se pensent l’objet d’un maléfice qu’il ne s’occupe plus d’exorcisme. Le nombre de personnes se croyant envoûtées ne diminue pourtant pas, au contraire. Ils sont plusieurs centaines par an à contacter un prêtre exorciste dans le diocèse. Cependant, l’évêché relève que les cas de possession avérée sont rares: il n’y en a eu qu’un seul entre 2011 et 2012. Cette personne présentait donc les signes typiques de possession, déterminés par l’Eglise catholique: manifester une force supérieure à ses capacités, parler ou comprendre une langue inconnue, dévoiler des faits lointains ou cachés ainsi que présenter une aversion virulente envers les signes religieux et le nom de Jésus.
Etant donné que, dans 99% des cas, le rituel de l’exorcisme n’est pas de mise, Mgr Morerod a procédé à la réorganisation du ministère d’écoute et de délivrance. Il n’y a désormais plus qu’un prêtre qui s’occupe d’exorcisme pour le diocèse, contre trois auparavant. Nommé en septembre dernier par l’évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, l’exorciste diocésain a insisté pour que son nom n’apparaisse pas dans ces colonnes, pour éviter la saturation des demandes «et demeurer disponible pour ceux qui en ont vraiment besoin». La nouvelle procédure le place en outre à la fin du processus d’aide.


Prêtres de paroisse
Les personnes qui estiment avoir besoin d’un exorcisme doivent désormais prendre contact avec le prêtre de paroisse. Il agira lui-même par le conseil spirituel et la prière, ou fera appel à l’un des quatre laïcs bénévoles, formés à l’écoute et au discernement. Ces derniers – qui se réunissent une fois par mois avec l’exorciste diocésain – sont également en relation avec l’équipe d’encadrement qui existait déjà à l’époque de Mgr Genoud, composée de médecins, de religieux et du vicaire général. C’est dans une dernière phase que ce réseau s’en remet au prêtre exorciste, qui pratiquera le grand rituel si l’évêque donne son autorisation.
Vu le nombre important de personnes qui pensent être victimes de mauvais sorts ou être possédées par le Malin et qui demandent de l’aide à l’Eglise, «nous avons le souci d’être à leur écoute, indique l’exorciste diocésain. Il s’agit avant tout d’exorciser les peurs et les angoisses, tout en essayant d’apporter la meilleure réponse possible à leurs demandes, parfois confuses.»
La prière est essentielle, mais pas omnipotente. Le réseau du ministère compte ainsi des associations caritatives ou des travailleurs sociaux, mais aussi des médecins, généralistes ou psychiatres. De nombreuses pathologies psychiatriques peuvent en effet inclure des éléments mystiques. «Il s’agit d’insérer ce ministère dans le temps et les pratiques d’aujourd’hui, précise l’exorciste diocésain. Donc de dialoguer et de collaborer avec les sciences humaines.»

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«Le sujet implique la discrétion»

Croyez-vous vraiment que le diable prend possession d’une personne?
Mgr Charles Morerod. Cela peut arriver. J’ai rencontré deux prêtres qui ont dû pratiquer un exorcisme dans leur pays respectif (France et Grande-Bretagne). Tous deux m’ont dit la même chose, qui est paraît-il assez fréquente dans ce genre de situation: pendant l’exorcisme, ils ont entendu la personne exorcisée leur dire des faits inconnus de leur propre vie (celle des exorcistes)… On dit que la meilleure arme du diable est de faire croire qu’il n’existe pas; pourtant l’Evangile en parle souvent. Mais cela ne signifie nullement que toute personne qui se croit possédée le soit vraiment.


Quand un exorcisme est décidé, cela veut donc dire qu’un psychiatre a estimé qu’il ne s’agissait pas d’une pathologie?
Les exorcismes à proprement parler sont rares, chez nous. On se contente souvent de prières d’aide, qui ne sont pas au stade de l’exorcisme. Un grand exorcisme demande l’autorisation de l’évêque, et en trois ans on ne me l’a jamais demandée… On essaie d’avoir un certain diagnostic psychologique, surtout pour protéger la personne, comme dans tous les cas où cela touche à la santé: si on fait croire à quelqu’un qu’on le soigne, alors que son mal continue, c’est une forme de non-assistance à personne en danger…

Est-ce un sujet tabou?
Non. Mais c’est un sujet qui se prête à des curiosités parfois malsaines, et qui implique une certaine discrétion. PR

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