«Pour le client, la question de l’esthétique est toujours là»

| sam, 10. Jan. 2015
Les hommes et les femmes qui souhaitent retrouver une bonne forme générale composent la majorité des clients des coaches sportifs et de certains fitness. Le Châtelois Sébastien Gonzalez évoque l’essor de ce marché.

PAR KARINE ALLEMANN

«Sébastien, tu ne m’aurais pas oubliée par hasard?» Valérie est en position de gainage depuis un moment et elle commence à trouver le temps long. «Peut-être…» Le coach sportif sourit, il est occupé à strecher son autre cliente. Après un éclat de rire général, Valérie peut reposer son bassin sur le tapis.
Sébastien Gonzalez est coach sportif depuis une dizaine d’années. Arrivé sur le marché du personnal training par le sport de performance, l’ancien triathlète établi à Châtel-Saint-Denis gagne désormais sa vie avec le sport bien-être. Monsieur et Madame Tout-le-monde qui souhaitent retrouver du pep. Lui-même formé dans de nombreux domaines – son premier métier est cuisinier diététique, puis il s’est spécialisé dans la préparation physique – le responsable d’un fitness à Riaz a vu le marché se développer très largement ces dernières années. Il en explique les rouages.

Quels clients à quels prix?
Parmi ses clients – âgés de 26 à 52 ans – le Châtelois compte un nombre égal d’hommes et de femmes. «Ils savent très bien qu’il faut bouger et manger mieux pour être en forme. Mais ils n’ont pas forcément l’énergie ou la volonté pour le faire seuls.» Sébastien Gonzalez est donc là pour les encadrer. «Comme ils ont rendez-vous avec moi, ça leur fait garder le cap, ça les motive à atteindre leur objectif. Si on travaille sur du long terme, le rapport change un peu. Nous devenons aussi des confidents.»
Le coach sportif le souligne, il y a forcément la barrière du prix (entre 80 et 120 francs la séance). «Par contre, je suis très étonné de voir que parmi mes clients il n’y a pas que des directeurs ou des gens qui occupent des postes superimportants. Certains gagnent correctement leur vie, mais sans plus. Comme c’est un investissement important pour eux, ce sont en général les plus motivés et les plus corrects. Ils n’annulent pas un rendez-vous au dernier moment.»


La crise de la quarantaine
Parfois, les clients sont «envoyés» chez un coach sportif par leur médecin. Ou alors la démarche est individuelle, par exemple quand une personne veut perdre du poids, ou éviter d’en prendre quand elle décide d’arrêter de fumer. Le coach l’a constaté, il y a bel et bien un effet «crise de la quarantaine». «Entre 35 et 45 ans, quelque chose se passe dans notre corps. Physiquement, on le voit et on le ressent. Les petits soucis commencent, comme le mal de dos ou les problèmes de cholestérol. On récupère moins bien. J’ai 45 ans, je connais ces problèmes aussi.»

La beauté (relative) du corps
Si la recherche d’un bien-être est très importante dans la motivation des clients, «la question de l’esthétique est toujours présente, note Sébastien Gonzalez. Quand je demande aux nouveaux clients ce qu’ils souhaitent travailler, souvent, ils me montrent leur ventre ou leurs fesses. En fait, quand on se sent bien dans sa peau, tout va bien. Et ce n’est pas une question de poids, qui est très relative. Certaines personnes en surpoids sont très bien. D’ailleurs, je ne crois pas à la théorie selon laquelle il suffit de faire du sport pour perdre du poids. Il n’y a pas que ça.»
Pour le coach, c’est un état d’esprit à adopter: «Je pense à moi, donc je fais attention à ce que je mange, je bouge un peu et je me sens mieux. C’est un cercle positif dans lequel sport et alimentation sont liés.»

La technologie en soutien
Pour le spécialiste, son domaine d’activité sera toujours plus pointu. Et technologique. «Des bracelets calculent les calories dépensées, le sommeil, les pulsations… On peut tout gérer avec ça.»
Au point que la technologie pourrait remplacer le coach? «Oui, en effet. Mais c’est un créneau qui m’intéresse aussi. Je conseille ces bracelets à certains, qui se sentent stimulés par ce genre de support. Mais cela ne convient pas du tout à d’autres. Et attention à ne pas devenir maniaque. Si quelqu’un ne peut pas s’entraîner parce que la pile de sa montre est déchargée…»

Tout le monde peut se prétendre coach
En dix ans, Sébastien Gonzalez a vu arriver de plus en plus de coaches sportifs sur le marché. «Malgré tout, je pense qu’il y a encore de la place pour des coaches supplémentaires. Certains me disent être au taquet tout le temps. Pour ma part, je n’oserais pas me prétendre totalement surbooké. Je travaille bien, mais je n’en suis pas au stade de refuser du monde. Après, en Gruyère, nous sommes dans une région sportive. D’ailleurs, en été, j’ai moins de monde. Ce qui n’est pas le cas à Fribourg, où je garde mes clients toute l’année.»
Titulaire d’un diplôme Swiss Olympic, en plus de ses différentes spécialisations dans le domaine du fitness et de la musculation, le Châtelois ne se montre pas sévère pour autant envers les personnal trainers qui n’ont pas forcément de formation très poussée. Toutefois, n’est-ce pas un peu trop facile de se prétendre coach personnel? «Avoir des reconnaissances officielles, c’est important. Reste que des coaches bardés de diplômes sont totalement incompétents, et d’autres moins formés seront très bien. Après, je sais que, dans certains fitness, des moniteurs “draguent” les clients pour devenir leur coach personnel. Pas sûr que ça marche sur le long terme. La qualité, c’est quand même important. Moi-même, comme client, je ne me donnerais pas à n’importe qui.»
Médecins, thérapeutes, coaches et clients s’accordent sur ce point: trouver la bonne personne pour accompagner quelqu’un dans sa démarche est la question centrale.

 

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Une autre clientèle pour les salles de fitness
Nombreux sont les «apprentis» en fitness qui ont été rebutés par leur première expérience dans une salle de musculation, où certains carburent un peu trop aux protéines et autres substances commandées sur internet pour prendre du muscle, où ce genre de produits circulent abondamment dans les vestiaires. Désormais, dans les fitness aussi, la «population» a changé. Les petits bidons ou les poignets d’amour se font moins rares. Activfit, par exemple, cherche tout particulièrement cette clientèle un peu plus âgée. «Nos membres sont âgés de 25 à 80 ans et nous acceptons tout le monde», précise Lucien Dénervaud, adjoint gérant de la succursale de Bulle, ouverte en novembre 2013. «Mais, il est vrai qu’une partie de nos abonnés est plutôt composée de gens qui veulent retrouver la forme. Qui commençaient à avoir de la peine à réaliser des gestes au quotidien, comme monter les escaliers, peller la neige, porter leurs enfants ou leurs petits-enfants. Ces gens un peu plus “matures” représentent une clientèle très sympa. Et puis, c’est un plaisir de les voir arriver un peu sceptiques, puis prendre confiance au fil des semaines.»
Contrairement à d’autres fitness, les employés d’Activfit n’offrent pas leurs services comme coach individuel potentiel aux clients. «Par contre, pour les nouveaux abonnés, une instruction sur les machines avec un moniteur est obligatoire, précise l’adjoint gérant. C’est compris dans le prix de l’abonnement, les moniteurs sont employés par le fitness. Ils ne fonctionnent pas comme personal trainers à côté.»


T-shirt obligatoire
Particularité d’Activfit, le règlement impose le port d’un T-shirt dans la salle de musculation. Pour des questions d’hygiène, mais pas seulement. «Cela montre aussi que nous visons une certaine humilité, souligne Lucien Dénervaud. Notre ligne est très claire à ce sujet: les liquettes sont interdites.» Ce qui exclut de facto une certaine clientèle, celle qui préfère
exposer sa musculature hyperdéveloppée. KA

 

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«Jamais je n’aurais osé...»

Rencontre avec deux Gruériennes qui ont décidé de faire appel à un coach sportif.
Chantal Gremaud, 43 ans, Riaz: «Je suis une femme très complexée, timide. Jamais je n’aurais osé entrer dans un fitness. Ou participer à des cours collectifs. J’ai toujours eu l’impression d’être moins bien que les autres. Sans doute à cause de ma maladie (n.d.l.r.: elle souffre de diabète depuis vingt-neuf ans). J’ai souvent été mise de côté. Sébastien (Gonzalez) me met en confiance, m’encourage. Il connaît mon problème et agit en conséquence. Parce que je peux partir en hypoglycémie à tout moment. Je travaille avec lui une fois par semaine depuis le mois de septembre, et j’ai pris l’abonnement au fitness, où je me rends deux fois par semaine. Je me sens plus en forme, j’ai perdu un peu de poids et je suis un peu plus à l’aise. Mais pas au point de participer à un cours avec d’autres personnes. Je ne suis pas prête pour ça. Bien sûr, c’est un investissement. Mais je déteste le shopping et je n’aime pas forcément aller manger au restaurant. Donc, je préfère mettre cet argent dans le sport.»
Valérie Chaperon, 44 ans, Vuadens: «J’ai commencé il y a deux ans, à raison d’une fois par semaine. J’ai toujours pratiqué la course à pied. Au bout d’un moment, on reste sur ses acquis. Sébastien nous pousse dans nos retranchements. Mais je viens par plaisir, il n’y a pas la notion de sacrifice. D’ailleurs, je n’arrive pas à arrêter. Je travaille le gainage et la musculature. Je me sens plus tonique, ma silhouette s’est raffermie. Toutefois, comme je faisais déjà du sport avant, mon corps n’a pas radicalement changé. Bien sûr, cela a un coût. Ceux qui le souhaitent peuvent faire des cours collectifs, moins onéreux. Mais, forcément, le travail n’est pas le même. Ou alors, on peut simplement prendre l’abonnement au fitness et Sébastien nous fait un programme. C’est le cas de mon papa, qui vient de commencer. Il a 70 ans!» KA

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